Andrea Giunta, Diversidad y arte latinoamericano. Historias de artistas que rompieron el techo de cristal, Buenos Aires, Siglo XXI Editores, 2024
→Borges, Kássia (2022). Kássia Borges – Obras. Revista Estado da Arte, Uberlândia. v.3, n.2, p.559-569
60e Biennale de Venise, façade du pavillon central, Venise, avril-novembre 2024
→35e Biennale de São Paulo, Choreographies of the Impossible, pavillon Ciccillo Matarazzo, parc d’Ibirapuera, São Paulo, septembre-décembre 2023
→MAHKU : Mirações, musée d’Art de São Paulo (MASP), São Paulo, mars-juin 2023
Artiste, commissaire d’exposition, professeure et militante Karajá.
Les recherches artistiques de Kássia Borges portent sur l’autochtonie et sa résistance, les femmes, la généalogie et la guérison. Utilisant principalement le médium argile dans sa pratique, elle fait aussi partie du collectif MAHKU – Movimento Dos Artistas Huni Kuin [Mouvement des artistes Huni Kuin], qui traduit en peinture les chants traditionnels du peuple Huni Kuin, nés des visions provoquées lors des cérémonies spirituelles du nixi pae (ou ayahuasca).
Titulaire d’un master en arts visuels de l’Université de Rio Grande del Sul (2003), d’un doctorat en sciences de l’environnement et développement durable obtenu en 2017 à l’Université Fédérale de l’Amazonas, et d’un diplôme de philosophie politique de l’Université Fédérale d’Uberlândia, K. Borges se bat depuis les années 1980 contre les préjugés liés à sa condition de femme, d’autochtone et d’artiste. Ses corpotes [corps-pots, 1988] et ses placas [plaques, 1989] reproduisent l’oppression subie par son peuple : elle écrase les sculptures ou y imprime les marques de sa main, puis les recouvre de motifs tirés des peintures corporelles Karajá, art traditionnellement réservé aux femmes – une façon de montrer qu’il existe une résistance autochtone spécifiquement investie par celles-ci. En 2000, O muro [Le mur], fait de quinze tonnes de terre crue, cache la devanture de la galerie Ido Finotti, dans la commune d’Uberlândia, en interdisant l’accès. L’œuvre symbolise l’invisibilisation des peuples autochtones, malgré leur présence primordiale dans la société brésilienne. L’artiste approfondit ensuite son travail sur les peintures corporelles en isolant certains éléments graphiques, puis en les sculptant en installations capables de prendre possession de l’espace, comme 500 de invasão [500 ans d’invasion, 2003] ou La douleur et le délice d’être, 2007. Ce geste, qui transforme les peintures bidimensionnelles en éléments tridimensionnels, est une façon de se réapproprier un territoire spolié aux autochtones sans avoir à passer par les armes.
En 2018, K. Borges épouse Ibã Huni Kuin (1964-), chaman, artiste et l’un des chefs de file spirituels et politiques du peuple Huni Kuin, et intègre le collectif MAHKU. Au sein de celui-ci et dans sa propre pratique, l’artiste travaille sur sa relation intime à la nature et replace la femme au cœur des mythes autochtones, comme dans les installations de céramique Yube Shanu (2022) et Mulher Jiboia [Femme-serpent, 2023], ainsi que dans les peintures Cura das aguas [La guérison des eaux, 2024] ou Canto de cura [Chant de guérison, 2024].
K. Borges fait partie du groupe Curandoras, un mot qui signifie à la fois « commissaires d’exposition » et « guérisseuses », fondé en 2022 par l’artiste et chercheuse Naine Terena (1980-). Fédératrices du mouvement artistique autochtone actuel, ces femmes se sont donné pour mission de « guérir par l’art ». Dans ses totems en céramique Somos muitos [Nous sommes multiples, 2022] et Rezo da mulher Pajé [Prière de la femme guérisseuse, 2023], l’artiste rend hommage aux femmes autochtones contemporaines, qui tentent de contribuer à un changement positif dans le monde en devenant guérisseuses, chamanes, cheffes spirituelles et militantes.
L’artiste est impliquée dans les activités du musée des Peuples autochtones d’Uberlândia depuis 1987. En 2022, elle est nommée commissaire d’exposition associée au musée d’Art de São Paulo (MASP). Les œuvres de K. Borges font partie des collections publiques brésiliennes, au musée d’Art contemporain de Goiânia, à la Pinacothèque de São Paulo et au MASP.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024