Kindred Spirits. Péter Nadas and Hungarian Photography 1912-2003, Fotomuesuem, La Haye, 25 septembre 2004 – 3 janvier 2005
Photographe hongroise.
Fille d’un riche propriétaire terrien juif, Kata Sugár se révolte contre l’univers familial. Elle perd tôt sa mère, et ses jeunes années passées parmi domestiques et paysans forgent sa personnalité et sa vision du monde. Intelligente, spirituelle et très cultivée, elle est inscrite par son père à l’illustre institut Förstner de Budapest, puis à l’école d’orchestrique d’Aliz Jászi. Après avoir travaillé quelque temps comme kinésithérapeute, elle fréquente le cercle de la librairie Mentor et se rapproche ainsi des mouvements politiques de gauche. Introduite au sein du Groupe des artistes socialistes, elle épouse en 1932 l’un des fondateurs, le peintre Andor Sugár. À partir de 1936, elle apprend la photographie d’art dans l’atelier de Marian Reismann et parcourt avec Klára Langer (autre élève de M. Reismann) le comitat de Nógrád pour photographier la vie des indigents des campagnes et des villes (comme le marché aux puces de la place Teleki, à Budapest), sujets qu’elle privilégie de même lors de ses voyages en Italie.
Elle capte aussi des intérieurs, des enfants, des paysages et des animaux. Ses personnages, au lieu d’être accablés par la misère, sont pleins de vitalité et d’assurance ; ses portraits d’enfants sont empreints de sérénité et d’harmonie. Ses images concises et très disciplinées dans leur forme sont parfois chargées d’affectivité ; leur expressivité et leur dynamisme interne sont accusés par de violents contrastes de lumières et d’ombres. Ses photos paraissent parfois dans la presse, mais après la mort de son père, qui la soutenait généreusement, elle vit ses dernières années dans la misère. Atteinte d’une grave névrose, elle détruit la plus grande partie de ses photos avant de se suicider en 1943. Les clichés épargnés sont recueillis par sa belle-sœur et par K. Langer. Présentée lors d’une exposition au musée littéraire Petőfi en 1960, l’œuvre de K. Sugár est depuis appréciée à sa juste valeur.