Photographe hongroise.
Après avoir étudié la peinture et le dessin publicitaire, Klára Langer obtient son brevet de photographe en 1937. Dans les années 1930, elle s’oriente vers la socio-photographie et rejoint le groupe des Artistes socialistes. Elle parcourt la Hongrie, la Transylvanie, puis plusieurs pays européens, pour enregistrer les images de la misère et du désespoir : les meilleures pièces de son œuvre voient le jour. Elle les arrange – fait radicalement nouveau dans la photographie hongroise – dans des séries d’une exceptionnelle densité dramatique, soulignée par les tons sombres et de forts contrastes ombres-lumières. Seuls quelques fragments en subsistent : Moissonneurs, Ouvriers et chômeurs, Les Persécutés, Tsiganes, Juifs, Arméniens et Noirs. La tristesse et une terreur millénaire émanent de ces regards d’hommes et de femmes profondément humiliés. En 1938-1939, elle travaille à Paris pour des journaux de gauche. Vivant dans la clandestinité sous l’occupation allemande, elle photographie des enfants orphelins de guerre. Sa série Nous sommes tous responsables pour eux, comprenant des pièces d’avant et d’après 1945, est destinée à mobiliser la société en leur faveur. Sa célèbre image Vers la lumière marque le début d’une nouvelle étape de sa carrière. Elle prend part dès 1945 aux campagnes de propagande pour la reconstruction de la Hongrie ; elle travaille chez Magyar Fotó (ancêtre de l’Agence télégraphique hongroise) de 1950 à 1954, et ses reportages reflètent alors l’optimisme socialiste réaliste exigé par la politique culturelle officielle.
Licenciée en 1954 pour avoir protesté contre la nationalisation des ateliers de photographie artistique, elle demeure sans emploi pendant quatre ans. Ses portraits d’écrivains et de poètes illustrant les volumes de la série Beaux Vers sont autant d’excellentes études de caractère. Ses photos sociographiques perpétuent la mémoire de modes de vie près de disparaître, de liens humains au sein de communautés attachées à leurs traditions ancestrales. De 1950 à 1972 elle enseigne la photographie au lycée des beaux-arts et des arts industriels. Pour l’hebdomadaire Tükör (vers 1964), elle réalise surtout des portraits d’artistes et des illustrations pour des reportages culturels. Son album Enfants (1963) est publié en quatre langues. Une rétrospective de son travail a été organisée à Budapest (1961) et son œuvre a fait l’objet d’une étude monographique : Fotó Langer (1973). K. Langer a obtenu plusieurs hautes décorations officielles et la distinction honoraire Excellence FIAP.