Klonaris Maria, Thomadaki Katerina, Manifestes : 1976-2002, Paris, Paris expérimental, 2003
→Chich Cécile (dir.), Klonaris-Thomadaki, le cinéma corporel : corps sublimes, intersexe et intermédia, Paris, L’Harmattan, 2006
Le Rêve d’Electra, galerie municipale Édouard-Manet, Gennevilliers, 1987
→Klonaris-Thomadaki : le cycle de l’ange : archangel matrix, galerie Sculptures, Paris, 21 novembre – 21 décembre 1996
→Stranger than Angel / Disidentska telesa / Corps dissidents / Dissidents Bodies, Le Carkarjev Dom, Ljubljana, 17 septembre – 3 novembre 2002
Cinéastes et théoriciennes de l’art grecques.
Maria Klonaris fait ses études à l’École nationale supérieure des beaux-arts d’Athènes, ville où Katerina Thomadaki étudie également les lettres et la philosophie. Dès le début, leur travail se décline en films, vidéos, photographies, installations, performances, sons, théorie et écriture. Installées en France en 1975, elles poursuivent leur formation artistique, au croisement de l’art, du théâtre, du cinéma, de la théorie esthétique. Dès les années 1970-1980, elles réalisent leurs premiers films expérimentaux en caméra Super 8 ; elles en assument tous les stades de production pour être indépendantes vis-à-vis de l’industrie cinématographique. Elles se lancent activement dans la pratique et la théorisation du « cinéma corporel », concept clé de leur travail, qu’elles développent en commun, abolissant ainsi la notion sacro-sainte d’« auteur unique ». Le corps féminin – leur corps en particulier – dans son rapport à l’image et son engagement physique total au sein du processus créateur devient le lieu d’une réflexion sur la question centrale de l’identité, ses mythologies et ses représentations.
De leur expérience dans le théâtre, elles ont gardé, entre autres, disent-elles, « le goût du tactile et de l’immédiateté de la communication, l’inscription de l’événement dans un espace tridimensionnel, les aléas et les risques du vivant ». Engagées – au sens large du terme – dans la promotion de la « vision d’une féminité radicale », elles tentent de dépasser l’antinomie du féminin et du masculin, en cherchant « une harmonie entre les traits » des deux genres. Dès le milieu des années 1980, à partir d’une photographie trouvée par M. Klonaris dans les archives médicales de son père, elles se penchent sur la question de l’intersexualité qu’elles associent au Cycle de « l’Ange ». Prônant le décloisonnement de spécialités, des identités et des techniques, de leur Tétralogie corporelle (1976-1979) jusqu’au Cycle de l’Unheimlich (1977-1979) et du Cycle des Hermaphrodites (1982-1990) au Cycle de l’Ange (1985-2014), M. Klonaris et K. Thomadaki inventent une œuvre libre de tout carcan de style ou de discours convenu.