Samsom Rous, Laura et Samsom, Hans, Tree of Forgetfulness, Amsterdam, KIT Publishers, 2003
→Hofland, H.J.A., Samsom Rous, Laura et Samsom, Hans, De Hollandse metamorfose, Amsterdam, De Verbeelding, 2002
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Dik, Iris, « Laura Samsom Rous », dans Depth of the Field, Fotolexique, vol. 18, n° 34 (octobre), Leiden, Université de Leiden, 2001
Double Vie, Double Vue, Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, novembre – décembre 1996
→Gemini, Galerie Melkweg, Amsterdam, 1995
→Exposition individuelle, Canon Gallery, Amsterdam, 1985
Photographe néerlandaise.
Née pendant la Seconde Guerre mondiale, Laura Rous passe une partie de son enfance dans un camp d’internement japonais à Java (Indonésie), encore sous domination coloniale néerlandaise. Malgré la précarité de cette détention, l’artiste dit avoir développé une imagination riche et un « œil pour l’insignifiant » dès son plus jeune âge. À six ans, elle perd son père, prisonnier de guerre de l’armée japonaise, et déménage avec sa famille aux Pays-Bas où elle termine sa scolarité. Elle devient mannequin, ce qui lui offre une expérience de la photographie et de sa mise en scène. À la fin des années 1960, elle suit des cours à la Famous Photographers Academy de Bruxelles, avant d’étudier l’anthropologie culturelle à l’université d’Amsterdam. Elle met néanmoins fin à ses études pour voyager avec son mari Hans Samsom (1939-2024), également photographe, et travailler sur le terrain. Ensemble, ils effectuent plusieurs missions en Indonésie et au Japon ; ils réalisent ainsi In den Beginne [Au commencement, 1972], un projet partiellement autobiographique qui comprend une projection multi-écrans de photographies et un livre, produits pour le compte de la compagnie de croisière Holland America Line.
La carrière de photographe indépendante de L. Samsom Rous décolle réellement dans les années 1980 entre les Pays-Bas et les États-Unis. Elle présente pour la première fois ses œuvres dans l’exposition collective de photographes néerlandais In My View (1982) à New York dans les locaux de KLM Plaza. L. Samsom Rous commence à travailler en studio à Amsterdam, développe elle-même ses photographies et poursuit différentes missions pour l’Institut royal des tropiques d’Amsterdam ou les Nations unies, comme des portraits d’enfants pour l’Unicef. Elle est repérée entre autres grâce à sa série Portraits of Portraits (1982-1983) dont elle présente certaines œuvres dans l’exposition collective Amsterdam Photo‘84 (1984) à la Nieuwe Kerk [Nouvelle Église] d’Amsterdam. Elle remporte la même année un prix aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles pour ses portraits réalisés à New York.
En 1985, L. Samsom Rous présente sa première exposition individuelle à la Canon Gallery d’Amsterdam avec une sélection de portraits et paysages. Elle voyage en Afrique du Sud et réalise la série A Secret Love Affair (1990) : portraits de bébés blancs avec leurs nourrices noires et de personnes âgées blanches avec leurs soignant·es noir·es. L’artiste propose également une série sur les jumeaux pour l’exposition individuelle Gemini (1995) à la galerie Melkweg à Amsterdam. La Fondation Cartier présente cette série dans l’exposition Double Vie, Double Vue (1996) aux côtés des photographes Diane Arbus (1923-1971), Louise Dahl-Wolfe (1895-1989), Claude Cahun (1894-1954), etc.
En 2003, le couple Samsom présente la série Tree of Forgetfulness (2003) dans laquelle ils suivent les routes historiques de l’esclavage transatlantique et du commerce triangulaire, du Bénin au Suriname jusqu’aux Pays-Bas. Le titre, « L’Arbre de l’Oubli », renvoie à un rituel colonial au Bénin, où les esclavisé·es étaient contraint·es de tourner autour de cet arbre pour abandonner leur passé et leur identité avant d’être déporté·es vers les Amériques. Au Suriname, les artistes ont suivi leur route jusqu’au village de Tutubuka, afin de photographier les peuples Marrons, descendant·es directs des esclavisé·es s’étant échappé·es des plantations coloniales. Enfin, ils ont également documenté l’importante communauté surinamaise installée aux Pays-Bas dans le contexte de migrations post-coloniales.
L. Samsom Rous capture des portraits d’une authenticité brute, sans artifice ni sublimation, tout en leur insufflant une intensité saisissante. Les visages, souvent empreints de gravité, se distinguent par des regards profonds, tandis que les poses mêlent fierté et retenue. Avec une grande justesse, la photographe parvient à révéler la puissance intérieure et la réserve de ses modèles, comme si son objectif avait le pouvoir de pénétrer leur monde intime. On retrouve les photographies de L. Samsom Rous principalement dans les collections publiques néerlandaises, dont celles du Museum Arnhem (Arnhem), du Stedelijk Museum (Amsterdam), du Nederlands Fotomuseum (Rotterdam) et du Rijksmuseum (Amsterdam).
Une notice réalisée dans le cadre du projet “Related” : Pays-Bas – Caraïbes (XIXe siècle – aujourd’hui)
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