Tonatiuh, Rafael, Retratos De Familia / Lourdes Grobet, Mexico, RM Editions, 2009
→Fuentes, Gustavo et al., Espectacular De Lucha Libre, Mexico, Trilce Editions, 2006
→Muñoz, Victor et al., Lourdes Grobet: On the Eye’s Edge, Madrid, Turner, 2004
Bering. Equilibrio y Resistencia, Museo Universitario del Chopo, Mexico, août 2019
→Mexican Lucha Libre Wrestling: Family Portraits, Centre de Cultura Contemporània, Barcelone, septembre – novembre 2015
→Lourdes Grobet: Retrospective, Bruce Silverstein Gallery, New York, septembre – octobre 2005
Artiste et photographe mexicaine.
Née dans une famille suisse-mexicaine, Lourdes Grobet est l’une des artistes les plus prolifiques du Mexique dont l’œuvre s’étend sur plus de six décennies. Bien que sa pratique s’étende sur plusieurs registres, elle est principalement connue pour ses projets photographiques qui repoussent les limites en matière d’intimité et d’ouverture en rendant à la fois hommage à ses modèles et aux spectateurs et spectatrices, tout en influençant les générations suivantes d’artistes mexicain·e·s.
Formés par des membres de l’avant-garde mexicaine de l’après-guerre, les mentors de L. Grobet – notamment Mathias Goeritz (1915-1990), Kati Horna (1912-2000) et Gilberto Aceves Navarro (1931-2019) – lui transmettent une conception critique de la production artistique qui la pousse à quitter le Mexique en 1968 afin de poursuivre ses études en France. Désabusée par la peinture, L. Grobet se tourne alors vers la photographie, dont elle perçoit le potentiel social. À son retour au Mexique au milieu des années 1970, elle trouve son pays aux prises avec un autoritarisme croissant. Elle devient membre de Proceso Pentágono, un collectif expérimental qui explore de nouvelles formes de pratiques artistiques dont le discours critique social s’incarne principalement dans des interventions dans l’espace public.
En parallèle, L. Grobet se lance dans plusieurs projets qui mêlent photographie, performance, art conceptuel et installation. L’un de ceux-ci, Hora y media [Heure et demie, 1975], est une performance photographique au cours de laquelle l’artiste (entièrement habillée) passe au travers d’un châssis recouvert de papier aluminium, comme une Vénus de Botticelli non réifiée.
C’est à cette même époque qu’elle entame sa série photographique la plus emblématique, Lucha Libre [Lutte libre]. Plus qu’une simple ethnographie visuelle, cette vaste série, qui s’étend sur plus de deux décennies, fait le portrait des luchadores (lutteurs) de catch mexicain à la fois sur le ring et dans des moments plus vulnérables : sur l’une des images, par exemple, une lutteuse donne le sein à son enfant. Outre M. Goeritz, G. A. Navarro et K. Horna, L. Grobet a cité comme influence majeure « El Santo » (Le Saint), un luchador au masque argenté célèbre dans sa jeunesse. Pendant son enfance, la Lucha Libre était plébiscitée par les classes populaires comme par la classe moyenne mais, dès les années 1970, les Mexicains des classes supérieures tournent majoritairement le dos à la culture populaire de leur pays, y compris aux luchadores. La série de L. Grobet constitue un questionnement personnel et un repositionnement de cet aspect quintessentiel de la culture populaire mexicaine à travers le spectre de la politique, de la classe et de l’ethnie.
L’artiste se met également à travailler sur des projets photographiques de plus petite envergure dans les années 1980 et 1990. L’une de ces séries, issue de son projet Laboratorio de Teatro Campesino [Laboratoire du théâtre paysan], représente des Mexicain·e·s autochtones mis·es en scène dans des productions théâtrales célèbres ou vêtu·e·s de costumes sur mesure élaborés, remettant ainsi en question les stéréotypes liés aux populations indigènes et rurales. Dans une autre de ces séries, Paisajes Pintadas [Paysages peints], L. Grobet renverse la valeur nationaliste qu’incarne typiquement la peinture paysagère mexicaine en recouvrant des arbres, des rochers et des cactus de peinture de couleurs vives et en photographiant ces interventions dans divers lieux, de la campagne anglaise aux vallées centrales du Mexique. Ces photographies de paysages, qui tiennent à la fois de l’esthétique punk et du land art, sont à l’image de sa pratique : elles s’affranchissent de tout courant artistique ou critique. Ses récentes séries de photographies expérimentales ont pour thèmes le voyage et la technologie.
Ses œuvres sont conservées dans de nombreuses collections, dont celles de la Fundación Televisa et du Museo Universitario de Arte Contemporáneo à Mexico, du San Francisco Museum of Modern Art (États-Unis) et du musée du Quai Branly.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring