Lantin, Gaëlle, « Black sculptors during the Harlem renaissance: artists or more than that? : the examples of Meta Vaux Warrick Fuller and Richmond Barthé », mémoire de recherche (master 2) sous la direction d’Alain Michel Geoffroy, université de la Réunion, 2016
→Ater, Renée, Remaking race and history : the sculpture of Meta Warrick Fuller, Berkeley, University of California Press, 2011
→Koontz, Shonnette, A collection of the life and work of Meta Vaux Warrick Fuller, 1877-1968, Institute, WV, West Virginia State College, 2003.
The Witch’s Cradle : Meta Vaux Warrick Fuller, Pavillon central, Biennale de Venise, 23 avril – 29 septembre 2022
→Meta Warrick Fuller: From the Studio, Danforth Museum, Framingham State University, 22 novembre 2008 – 17 mai 2009
→An independent woman: the life and art of Meta Warrick Fuller (1877-1968), Danforth Museum of Art, Framingham, Massachusetts, 16 décembre 1984 – 24 février 1985
Sculptrice états-unienne.
À une époque où les artistes femmes noires n’avaient que rarement l’occasion de bénéficier d’une formation adaptée dans les arts visuels et où la sculpture était associée à un univers masculin, Meta Vaux Warrick Fuller est devenue une pionnière de la sculpture dont les créations imprégnées de symbolisme présentent des sujets africains et dépeignent l’expérience des Noir·e·s américain·e·s avant ses contemporains.
M. V. Warrick naît en 1877, sous le régime des lois Jim Crow qui instaurent la ségrégation raciale, au sein d’une famille afro-américaine de la classe moyenne de Philadelphie. Ses parents, un barbier et une coiffeuse, ont pu encourager ses talents artistiques et lui donner une éducation dans le domaine des arts. Dès son plus jeune âge, elle est enthousiasmée par les sculptures lors de visites d’expositions et inspirée par les histoires de fantômes et récits d’horreur. À 17 ans, elle obtient une bourse de trois ans pour étudier au Pennsylvania Museum and School of Industrial Art avant de se rendre à Paris.
En France, de 1899 à 1902, elle étudie la sculpture et le dessin. Elle s’inscrit à l’Académie Colarossi et à l’École des beaux-arts et présente ses œuvres dans de grandes expositions. Dans la capitale française, elle a pour mentor le peintre afro-américain expatrié Henry Ossawa Tanner (1859-1937), qui l’introduit au monde de l’art parisien. Elle rencontre également Auguste Rodin (1840-1917), qui fait son éloge et l’encourage à poursuivre la création de ses sculptures. La presse française la surnomme « sculptrice des horreurs » du fait de sa représentation des émotions les plus profondes dans des œuvres telles que Man Eating His Heart (1901) et The Wretched (1902). Si son séjour à Paris est riche en opportunités pour sa carrière artistique, dès son retour à Philadelphie, M. V. Warrick est confrontée au rejet des marchands d’art en raison de discriminations raciales et de genre, et doit se battre pour exposer et vendre ses œuvres.
Lors de l’exposition American Negroes organisée au sein de l’Exposition universelle de 1900 à Paris, M. V. Warrick établit un lien important avec l’intellectuel et militant afro-américain des droits civiques W. E. B. DuBois, qui œuvre pour mettre en valeur la culture noire américaine et lui confie plus tard d’importantes commandes de sculptures. En 1907, M. V. Warrick est la première Afro-Américaine à recevoir une commande d’art fédérale américaine lorsque W. E. B. DuBois l’invite à produire une œuvre pour l’exposition du tricentenaire de la colonie de Jamestown en Virginie. Intitulée Warrick Tableaux, elle consiste en une série de dioramas relatant l’histoire de la communauté noire. W. E. B. DuBois fait de nouveau appel à la sculptrice en 1913 pour créer Emancipation, un groupe de figures à taille humaine commémorant le cinquantième anniversaire de l’abolition de l’esclavage pour l’exposition National Emancipation. L’une des œuvres les plus percutantes de l’artiste est la sculpture allégorique Ethiopia Awakening, commandée en 1921 pour l’exposition America’s Making à New York.
En 1909, M. V. Warrick épouse le Dr Solomon Carter Fuller et le couple s’installe à Framingham, dans le Massachusetts, en 1910. Durant cette même année, seize ans de travail sont détruits dans un incendie qui se déclare dans son entrepôt. Elle essaye par la suite de concilier sa carrière artistique et les attentes de son mari dans son rôle d’épouse et mère de trois enfants. Qu’ils soient faits de bronze, de plâtre ou de cire, ses sujets s’étendent des traumatismes humains à l’héritage africain, les injustices raciales et sociales, les portraits intimes et les thèmes religieux.
Après le décès de son mari dans les années 1960, M. V. Warrick Fuller se met à écrire des poèmes qui reflètent sa vie. Elle est considérée comme une précurseuse de la florissante Renaissance de Harlem et a inspiré d’autres sculptrices telles que Augusta Savage (1892-1962) et Nancy Elizabeth Prophet (1890-1960). Le Danforth Art Museum de la Framingham State University possède la plus grande collection de ses œuvres.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023