Azimi Roxana, « Mickalene Thomas, la féministe pop qui donne de la visibilité aux femmes noires », Le Monde Mag, 7 octobre 2021
→Thomas Mickalene, Muse: Mickalene Thomas, New York, Aperture Foundation, 2015
→Melandri Lisa, Thomas Mickalene, Mickalene Thomas: Origin of the Universe, cat. d’exp., Santa Monica Museum of Arts, Santa Monica [14 avril – 19 août 2012] ; Brooklyn Museum, New York [27 septembre 2012 – 20 janvier 2012], Santa Monica, Santa Monica Museum of Arts, 2012
Mickalene Thomas : femmes noires, Art Gallery of Ontario, Toronto, 29 novembre 2018 – 24 mars 2019 ; Contemporary Arts Center, New Orleans, 2 novembre 2019 – 14 juin 2020
→Mickalene Thomas: Mentors, Muses, and Celebrities, Aspen Art Museum, Aspen, 10 mars 2016 – 12 juin 2016 ; Contemporary Art Museum, Saint-Louis, 8 septembre – 31 décembre 2017 ; Spelman College Museum of Fine Art, Atlanta, 9 février – 20 may 2017
→Mickalene Thomas : têtes de femmes, Galerie Lehmann Maupin, New York, 26 juin – 8 août 2014
Peintre, photographe, plasticienne états-unienne.
Vivant et travaillant à New York, Mickalene Thomas étudie la peinture au Pratt Institute (1996-2000) puis à l’école d’art de la Yale University (2000-2002). Son travail, qui se nourrit de l’histoire de l’art occidental et de la culture pop pour remettre en cause les stéréotypes liés à l’idée de féminité et les standards de beauté dominants, traite des questions de genre, de race et de sexualité. Sa découverte de l’œuvre de l’artiste africaine-américaine Carrie Mae Weems (née en 1953) dans les années 1990 est déterminante dans son parcours : elle la conforte dans l’idée de suivre des études artistiques, mais surtout la conduit à faire de son expérience de femme noire afro-descendante et lesbienne le sujet de ses recherches.
M. Thomas peint et photographie exclusivement des femmes noires, notamment des proches – sa mère, des amies, sa femme –, des artistes et des personnalités publiques (Shinique Smith (née en 1971), Whitney Houston, Oprah Winfrey, Michelle Obama, Cardi B, Solange, etc.), qu’elle intègre dans des compositions faites de strass, d’acrylique et d’émail, ou encore de photos et de papiers découpés aux imprimés divers formant des collages. Elle fait de ses sœurs de cœur et de luttes des « mentors », des « muses » – pour reprendre le titre de son exposition personnelle organisée au Contemporary Art Museum à Saint-Louis en 2017. Si ces femmes posent parfois dans des positions lascives, mimant le pendant souvent misogyne du terme « muse », elles sont pourtant loin d’être reléguées à une position de passivité ou encore d’être réifiées. Au contraire, elles rejouent, par exemple, certaines peintures célèbres d’artistes des XIXe et XXe siècles, tels que Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), Gustave Courbet (1819-1877), Édouard Manet (1832-1883), Henri Matisse (1869-1954), Pablo Picasso (1881-1973), etc. Ainsi, Le Déjeuner sur l’herbe (1863) de É. Manet devient Le Déjeuner sur l’herbe : les trois femmes noires (2010), Le Sommeil (1866) de G. Courbet devient Sleep. Deux femmes noires (2012-2013). Les modèles regardent fixement le·a spectateur·rice, défiant ainsi la domination du male gaze dans l’art. À travers ces formes de reenactment, M. Thomas crée une nouvelle culture visuelle synonyme d’empouvoirement, rompant avec toute l’histoire des représentations excluantes, stéréotypées, misogynes, exotisantes et racistes.