Lewis, Sarah E. (dir), Carrie Mae Weems, Cambridge, The MIT Press, 2021
→Delmez, Kathryn E (dir), Carrie Mae Weems: Three Decades of Photography and Video, New Haven, Yale University Press, 2012
→Patterson, Vivian (dir), Carrie Mae Weems: The Hampton Project, New York, Aperture, 2000
Carrie Mae Weems: Three Decades of Photography and Video, Frist Center for the Visual Arts, Nashville, septembre 2012 – janvier 2013.
Itinérance : Portland Art Museum, Portland, février – mai 2013 ; Cleveland Museum of Art, Cleveland, juin – septembre 2013 ; Cantor Center for Visual Arts, Stanford University, Stanford, octobre 2013 – janvier 2014 ; Solomon R. Guggenheim Museum, New York, janvier – mai 2014
Carrie Mae Weems: The Hampton Project, Williams College Museum of Art, Williamstown, mars – octobre 2000
Itinérance : International Center of Photography, New York, janvier – avril 2001 ; The High Museum of Art, Folk Art and Photography Galleries, Atlanta, juin – septembre 2001 ; The University Museum, California State University Long Beach, Long Beach, janvier – avril 2002 ; The Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City, octobre 2001 – janvier 2002 ; The Hood Museum, Dartmouth College, Hanover, septembre – décembre 2002
Carrie Mae Weems, The National Museum of Women in the Arts, Washington, January-March 1993
Itinérance : The Forum, St. Louis, avril – mai 1993 ; San Francisco Museum of Modern Art, San Francisco, juin – août 1993 ; Center for the Fine Arts, Miami, août – novembre 1993 ; California Afro-American Museum, Los Angeles, décembre 1993 – février 1994 ; Portland Art Museum, Portland, mars – mai 1994 ; Walker Art Center, Minneapolis, juillet – octobre 1994 ; The Institute of Contemporary Art, Philadelphia, octobre 1994 – janvier 1995 ; Contemporary Arts Center, Cincinnati, février – avril 1995
Photographe et artiste conceptuelle états-unienne.
La photographe Carrie Mae Weems obtient une licence au California Intitute of the Arts de Valencia en 1981 et un master d’arts plastiques à l’University of California de San Diego en 1984. Sa photographie conceptuelle fait souvent usage de techniques telles que l’installation phototextuelle, l’appropriation et la sérialité, avec un accent particulier sur le langage. Elle est propulsée sur le devant de la scène artistique américaine à la fin des années 1980 et au début des années 1990 aux côtés des photographes conceptuel·le·s Lorna Simpson (1960-) et Glenn Ligon (1960-). C. M. Weems s’appuie, tout en la complexifiant radicalement, sur la critique féministe blanche de la représentation des femmes qu’ont émise des photographes postmodernes un peu plus âgées telles que Cindy Sherman (1954-), Sarah Charlesworth (1947-2013) ou Sherrie Levine (1947-). En effet, elle tient à souligner la « dimension construite » de la race dans cette représentation, ainsi que l’omission systématique du corps des femmes noires dans les beaux-arts et des travaux des femmes artistes noires dans le discours et les institutions artistiques. La pratique de C. M. Weems, tout comme l’œuvre et les écrits d’Adrian Piper (1948-) et Lorraine O’Grady (1934-), constitue une intervention majeure dans les théories et les représentations féministes de l’époque.
C. M. Weems organise sa pratique photographique sous forme de séries. Dans l’une de ses premières séries, Ain’t Jokin’ [J’plaisante pas, 1987-1988], elle associe images en noir et blanc et texte pour formuler une critique sociale cinglante doublée d’un questionnement sur les notions de genre et de race. Dans Mirror, Mirror [Miroir, miroir, 1987-1988], par exemple, elle photographie une femme noire qui se regarde dans un miroir. La dernière image est accompagnée du texte suivant : « La femme noire se regarde dans la glace et dit : “Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle ?” Le miroir lui répond : “C’est Blanche-Neige, espèce de sale noire, et ne l’oublie jamais !!!” » Là où les discours féministes de l’époque sur le regard masculin éludaient souvent les questions de blanchité de manière tacite, C. M. Weems nous confronte directement à la manière dont cette vision a aussi construit notre rapport à la race. Dans les années 1980, le simple fait de représenter le corps d’une femme noire était perçu comme transgressif. En se photographiant sous les traits de personnages multiples, C. M. Weems se positionne à la fois comme photographe et comme sujet, et double ainsi la menace perçue en affirmant son statut d’autrice.
La carrière de C. M. Weems connaît un élan notable avec The Kitchen Table Series [Série des tables de cuisine, 1990], qui reste à ce jour son corpus d’œuvres le plus connu. Cette série de plus de vingt photographies et panneaux de texte présente des vignettes de différents membres d’une communauté photographiés autour d’une table de cuisine. Elle constitue un récit qui suit une histoire d’amour du début à la fin, dans laquelle C. M. Weems joue le rôle de la protagoniste. La série repose sur la volonté de l’artiste de mettre en images les expériences de vie des femmes noires, tout en proposant une réflexion sur la relation de couple, la monogamie, la parentalité et les rôles genrés au sein de la famille. Dans Untitled (Woman and Daughter with Makeup) [Sans titre (Femme et fille avec maquillage), 1990], une mère et sa petite fille sont assises à une table et se maquillent ensemble, questionnant ainsi la construction de la féminité dans le contexte familial. Bien qu’elle mette en images la spécificité de sa propre expérience, C. M. Weems tient néanmoins à ce que les spectateurs et spectatrices n’interprètent pas seulement son œuvre comme une expression ou une manière de documenter la vie de la communauté noire.
À travers ses projets au cours des trente dernières années, C. M. Weems s’est réapproprié et a redéployé l’iconographie du corps noir, tout en se positionnant comme sa propre « muse » et en abordant plusieurs sites de traumatisme historique, dont la Louisiane de l’avant-guerre de Sécession et l’extérieur d’importants musées européens.
C. M. Weems a bénéficié d’une exposition individuelle itinérante pour chaque décennie de sa carrière. Elle est également la première femme noire à laquelle le musée Guggenheim de New York consacre une rétrospective (2014). Ses œuvres sont présentes dans plus de cinquante collections majeures dans le monde entier, notamment celles du Museum of Modern Art à New York, du Tate Modern à Londres et du Ludwig Museum à Cologne. Elle a reçu de nombreux prix et bourses, dont la bourse MacArthur « Genius » et le prix de Rome.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022