Sung Moon et al, Am Independent-Beyond Mainstream:7 Women Film Directors, Jeonju Internatinal Film Festival, Jeonju, Propaganda, 2021
→Erika Balsom et Hila Peleg (éd.), Feminist Worldmaking and the Moving Image, MIT Press, 2022
→Gwangyu Mun, « A Study on Khai Du Club as an Experimental Filmmaking Club in 1970s and Director Han Ok-hee », Hyundai Younghwa Yeongu (Contemporary Cinema Research Journal), Vol. 11 2011, 141-172
No Master Territories : Feminist Worldmaking and the Moving Image, Haus der Kulturen der Welt, Berlin, 19 juin-28 août 2022/MAXXI, Rome, 21 novembre-10 décembre 2023
→Special Screening for Only the Young: Experimental Art in South Korea, 1960s-1970s, 14 septembre 2023, MMCA Film and Video, National Museum of Modern and Contemporary Art, Korea, Seoul
→Han Okhi and the Films of Kaidu Club, Harvard Film Archive, Boston, États-Unis, 28 novembre-12 décembre 2022
Réalisatrice coréenne de films expérimentaux, critique cinématographique.
Okhi Han étudie la littérature coréenne à l’Université féminine Ewha. Elle commence sa carrière comme journaliste pour un magazine, et c’est dans ce cadre qu’elle rencontre des cinéastes, des peintres, des écrivains de la jeune génération, en rébellion avec la culture établie. Elle s’intéresse alors au cinéma expérimental et trouve des camarades qui partagent sa vision.
O. Han crée le Club Kaidu – qui reprend leom d’une célèbre guerrière légendaire mongole–, le tout premier collectif de cinéastes de films expérimentaux en Corée uniquement ouvert aux femmes, comprenant notamment Jeomseon Kim et Jeonghee Lee. Sous le régime dictatorial dit Yushin des années 1970, les films font l’objet d’une féroce censure des pouvoirs publics. Le cinéma coréen de cette époque idéalise la femme selon l’imaginaire masculin, qui la présente toujours comme se sacrifiant pour celui qu’elle aime. Le cinéma est un univers professionnel réservé aux hommes, non accessible aux femmes, avec une mission purement commerciale – il n’y a aucune place pour le cinéma expérimental ou le cinéma d’auteur.
O. Han veut briser ces idées reçues. Avec le Club Kaidu, elle organise le premier festival du film expérimental en Corée du 27 au 31 juillet 1974. Dans la brochure explicative, elle livre son analyse : « Le cinéma actuel est dominé par deux préjugés : celui selon lequel la réalisation cinématographique serait un métier d’homme, et celui selon lequel un film aurait pour seul but d’amuser le public. En tant qu’outsiders, nous allons briser ces idées reçues. » S’opposant à cette industrie patriarcale, elle incite des femmes à réaliser des films expérimentaux. Dans le festival, elle-même présente plusieurs de ses films tournés en 16 mm qui reprenent des performances : The Hole (1973), The Middle Dogs Day (1974), et The Rope (1974).
Le 19 avril 1975, le Club Kaidu organise un colloque intitulé « Les Femmes et le monde du cinéma » au Centre de presse des Services d’information des États-Unis (USIS). Les sujets traités alors sont toujours à l’ordre du jour : « les femmes dans l’industrie du cinéma », « comment la littérature et le cinéma représentent-ils les personnages féminins ? », « comment encourager les femmes à participer à la production cinématographique ? », etc.
Bien que ces pratiques artistiques aient eu un fort retentissement sur la scène culturelle, le Club Kaidu ne put continuer ses activités. Certaines membres le quittèrent pour des raisons personnelles notamment parce qu’elles devaient faire face à des difficultés financières. Le Club ne produisit finalement que trois films – Three Mirrors (1975) et 75-13 (1975), réalisés par 0. Han, et But We Have To Depart Again (1975), réalisé par J. Lee –, mais son festival du film expérimental se poursuivit jusqu’en 1977.
O. Han s’installe en Allemagne en 1979 pour étudier le cinéma à l’Université libre de Berlin, et devient correspondante pour le magazine culturel Gaekseok [L’Auditoire] pour lequel elle rédige diverses critiques de films et de pièces de théâtre. Elle retourne en Corée en 1988, et y fonde la société Kaidu Production, qui lui permet de réaliser des documentaires et des films promotionnels pour des manifestations nationales : Running Korean (1993), Little Price’s Journey to the Earth (1999), etc.
Le Dictionnaire des femmes dans l’industrie du cinéma, publié lors du 3e Festival international du cinéma féminin de Séoul en 2001, met en avant les pratiques pionnières d’0. Han et du Club Kaidu. Des chercheurs comme Jonghan Choi et Gwangyu Mun ont publié des articles sur leurs activités. Le Festival international du cinéma de Jeonju présente aussi ses productions avec celles de six autres réalisatrices. Les festivals et autres institutions muséales sont de plus en plus nombreux à projeter ses œuvres, tant en Corée que dans le monde.