Derrien, Marianne et Cotinet-Alphaize, Jérôme (éd.), Some of us, Paris, Manuella éditions, 2024
→How we live, cat. exp., 58e biennale de Venise, Pavillon national de la Bulgarie, Palazzo Giustinian Lolin, Venise (mai-novembre 2019), Sofia, National Gallery, 2019
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RB/РБ / Rada Boukova, Plovdiv, Sariev contemporary, 2018
Au Anagrama, Punta Gallery et Posta Space, Sofia, avril-mai 2023
→How we live, 58e biennale de Venise, Pavillon national de la Bulgarie, Palazzo Giustinian Lolin, Venise, mai-novembre 2019
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Me and a German girl, galerie Patricia Dorfmann, Paris, mai-juillet 2011
Plasticienne bulgare.
Après une formation en arts appliqués et en design textile, Rada Boukova étudie la scénographie (théâtre et cinéma) à l’Académie nationale des arts de Sofia. Entre 1995 et 1997, elle crée des décors et des costumes de théâtre pour des scènes nationales bulgares. Sa formation achevée en 1997, l’artiste intègre l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et en obtient le diplôme en 2002. Depuis, elle vit et travaille à Paris.
R. Boukova grandit en République populaire bulgare et connaît la chute du bloc de l’Est. Ce passage d’un monde à l’autre a profondément marqué son travail : elle ne cesse d’y sonder les signes et les changements, à travers des matériaux du quotidien. Still Life (2009) présente ainsi des ballons de célébration en Mylar, qui incarnent les valeurs de la société capitaliste actuelle. Tel un champ de bataille festif, selon le temps et le lieu, le football prend le dessus sur la religion, l’argent ou la nourriture.
R. Boukova s’intéresse à la transformation des éléments culturels, à leur passage d’une signification à une autre. Composé de trois triangles de carton, Bikini (2009) résume le corps féminin en schématisant deux seins et un pubis. Et si d’aventure vous prend l’idée de remonter le triangle inférieur, se dessine alors le symbole de la radioactivité, en écho à l’essai nucléaire américain de 1946 dans l’atoll de Bikini.
Dans sa série Horizon, entamée en 2011, l’artiste s’empare à nouveau du sac poubelle comme matière première. Enfant, elle collectionnait les sacs plastiques rapportés de l’étranger, ambassadeurs de la culture occidentale. Minutieusement pliés et encadrés, ils deviennent ici paysages et couchers de soleil sur la mer. Cette expérience de déconditionnement de la pensée ébranle nos certitudes, en livrant, sous une apparente simplicité, de multiples sens.
Entre signes et personnages, les objets sous leurs formes rudimentaires peuplent aussi le travail vidéo de R. Boukova. En 2007, elle filme dans son mouvement rotatif une Ballerine géante, manège de foire. Le ralenti de l’image et de la musique révèle le caractère superficiel, démesuré, de la machine et nous plonge dans une bien triste fête foraine.
Composant avec ce qu’elle trouve autour d’elle, R. Boukova s’approprie parfois des objets fabriqués par ses proches. Lumière (2013) ou How We Might Live (2018) présentent les expériences de vitrail de son père artiste. Couleur bleue (2012) livre les dessins de son fils, accompagnés d’une enseigne lumineuse en forme de baguette. Installé dans une galerie, ce dispositif reconstruit l’idée d’un foyer familial autour du pain et du feu. Le médium de l’exposition débouche récemment sur une forme plus narrative, à l’instar du projet théâtral Au Anagrama (2023), articulé autour de l’extraction de l’or.
R. Boukova a participé à de nombreuses expositions en France (notamment au Palais de Tokyo) et à l’international (comme à la Kunsthalle Bratislava et au Mudac de Lausanne). Elle est aussi commissaire d’exposition et mène de nombreuses collaborations. Ainsi, aux côtés de Lazar Lyutakov (né en 1977), elle représente la Bulgarie en 2019 à la Biennale de Venise avec How We Live. Cette exposition fait dialoguer des panneaux d’isolation encadrés avec des verres réalisés à partir de déchets récupérés à Hanoï, dans l’espace du Palais Lolin. La dimension matérialiste et politique de How We Live suscite de vives polémiques en Bulgarie. Des œuvres de R. Boukova se trouvent dans des collections publiques et particulières, en Europe et en Turquie (René Block, Vehbi Koç Foundation, etc.)
Une notice réalisée dans le cadre du programme +1.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024