Schenkenberg, Tamara H., D’Souza, Aruna, Molesworth, Helen Anne, Ruth Asawa: Life’s Work, cat. exp., Pulitzer Arts Foundation, Saint-Louis [14 septembre 2018 – 16 février 2019], New Haven, Yale University Press, 2019
→Bugard, Thimothy Anglin, The Sculpture of Ruth Asawa: Contours in the Air, cat. exp., De Young, San Francisco [18 novembre 2006 – 28 janvier 2007], American National Museum, Los Angeles [10 mars – 27 mai 2007], San Francisco, Fine Arts Museums of San Francisco | University of California Press, 2020 (1er ed. 2006).
Ruth Asawa: All Is Possible, David Zwirner Gallery, New York, 4 novembre – 18 décembre 2021
→Ruth Asawa, David Zwirner Gallery, New York, 13 septembre – 21 octobre 2017
→Ruth Asawa: A Retrospective View, San Francisco Museum of Art, San Francisco, 29 juin – 19 août 1973
Sculptrice états-unienne.
Figure majeure de la sculpture aux États Unis à partir des années 1950, installée à San Francisco à la suite de ses trois années de formation auprès de Josef Albers (1888-1976) au Black Mountain College, Ruth Asawa n’a été reconnue en dehors de la côte ouest américaine qu’à partir des années 2010. Malgré l’originalité de ses sculptures en métal influencées par son rapport étroit avec la nature et inspirées par des paniers à œufs découverts sur un marché au Mexique en 1947, son œuvre, qui s’étend sur près de soixante ans, a pu être rejetée à ses débuts comme ne relevant pas de la sculpture, en raison du matériau employé, et ainsi cantonnée aux arts décoratifs.
En 2019, l’exposition de la Pulitzer Arts Foundation de Saint-Louis a permis de saisir de nouveau l’ampleur des expérimentations de R. Asawa, qui génèrent une sculpture organique abstraite tricotant de manière répétitive divers métaux en structures de plus en plus complexes, jouant du plein et de la transparence, de la lumière et de l’ombre, de l’intérieur et de l’extérieur, jusqu’à considérer l’espace alentour de la sculpture dans une véritable continuité des formes. Certaines œuvres des années 1950 et 1960, véritables tissages de fils de métal réalisés entièrement à la main, sont constituées de formes superposées, les plus petites d’entre elles étant situées à l’intérieur des plus grandes.
Ces sculptures liées à une pratique quotidienne du dessin que R. Asawa découvre, alors qu’enfant de parents émigrés du Japon, elle se trouve prisonnière dans un camp pendant la Seconde Guerre mondiale, apparaissent également comme de véritables dessins dans l’espace. L’œuvre de R. Asawa est par ailleurs inséparable de sa vie, au sens d’une intrication avec son environnement matériel, familial et social. Elle a elle-même évoqué son travail d’enfant à la ferme, son rapport aux plantes et au phénomène de la germination, comme des sources d’influence déterminantes. Se définissant comme « artiste, femme et mère », impliquant ses six enfants dans la réalisation de ses œuvres, elle a fait de son foyer un vaste atelier, partagé avec son époux l’architecte Albert Lanier. Cette position totalisante et originale a paradoxalement engendré dans les années 1950 une lecture réductrice, la qualifiant d’artiste housewife réalisant des sculptures domestiques et décoratives, bien qu’elle fût ardemment défendue par son ami et ancien professeur Richard Buckminster Fuller. Amplifiant le continuum entre son art et l’espace commun, R. Asawa a par ailleurs élargi sa pratique en 1968 à la sculpture dans l’espace public, de même qu’elle s’est impliquée dans l’éducation artistique, cofondant le programme Alvarado School Arts Workshops à San Francisco la même année. « Faire, c’est vivre. Voilà tout ce qui compte ! », affirmait-elle.
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, musée national d’Art moderne, galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou © Éditions du Centre Pompidou, 2021