Sara Troost est connue pour ses portraits au pastel des membres de la haute société ainsi que pour ses dessins, des copies d’œuvres d’artistes du XVII^e siècle ou de ses contemporains. Son talent s’illustre particulièrement dans sa maîtrise du médium et de la technique propres à la pratique de la copie, qui gagne en popularité à partir du XVII^e siècle. Ses dessins d’après une suite de pastels connue dans la littérature sous le nom de Série NELRI, réalisée par son père, le célèbre portraitiste et peintre de genre Cornelis Troost (1696-1750), attestent ouvertement ses compétences artistiques. Cet ensemble de cinq dessins propose un voyage visuel à travers les événements marquant la réunion nocturne d’un groupe de gentilhommes. Après la première scène, Personne ne parlait (1769), les hommes assis autour de la table s’engagent dans une conversation et perdent progressivement le contrôle d’eux-mêmes à mesure que la soirée avance, pour finir dans une ambiance chaotique et exaltée. Dans la scène finale, intitulée Ceux qui pouvaient marcher marchèrent ; les autres tombèrent (1768), le groupe d’hommes sort de l’édifice en trébuchant vers une calèche qui les attend, certains d’entre eux tellement ivres qu’ils ont besoin d’être aidés. Dans ses reproductions, S. Troost capture avec talent l’humour en filigrane des dessins originaux.

S. Troost est née à Amsterdam. Son père, C. Troost, est un artiste et ancien acteur du Stadsschouwburg d’Amsterdam. Sa mère, Susanna Maria van der Duyn, a aussi été actrice pour le théâtre municipal. S. Troost reçoit l’enseignement artistique de son père. Ses portraits au pastel se caractérisent par des visages expressifs et témoignent d’une grande attention portée au détail, en particulier dans l’habillement. Dans son portrait de Johanna Capelle, gérante d’une distillerie de camphre en périphérie d’Amsterdam, l’artiste représente habilement les différents textiles qui composent sa tenue, comme la dentelle au niveau des poignets et la bordure de fourrure agrémentant le châle.
S. Troost confère l’atmosphère de ses scènes au moyen des nuances de couleurs et des effets de lumière. On le voit par exemple dans ses dessins réalisés d’après la Série NELRI, où la vive lumière des chandelles de la troisième œuvre souligne l’intensité de la conversation entre les hommes et forme un fort contraste avec la lumière presque tamisée du deuxième dessin, qui reflète l’ambiance apaisée de la scène.

Après la mort de son père en 1750, S. Troost contribue aux finances de sa famille en continuant à vendre ses œuvres. En plus de cela, elle commence à enseigner le dessin à de nombreux élèves, dont sa cousine Christina Chalon (1749-1808). En 1778, à l’âge de quarante-six ans, elle épouse le physicien Jacob Ploos van Amstel. Au cours de sa carrière, elle évolue dans des cercles artistiques et aisés en raison de ses liens familiaux, notamment grâce à l’important réseau de son père ainsi qu’à celui de son beau-frère, le peintre et collectionneur d’art Cornelis Ploos van Amstel (1726-1798).
Dans ses notes, le marchand d’art Christiaan Josi, son ami et exécuteur testamentaire, témoigne de son talent artistique et des revenus substantiels qu’elle a tirés de la vente de ses œuvres. L’appréciation dont jouit jusqu’à nos jours sa production artistique est un témoignage durable de son talent.