Rangel, Gabriela, Cuevas, Tatiana, Hemispheres: A Labyrinth Sketchbook by Silvia Gruner, New York, Americas Society, 2016
→Barrios, José Luis, Emmelhainz, Irmgard, et al., Un chant d’amour: Silvia Gruner, Mexico, RM Editorial, 2009
→Arriola, Magalí, de la Torre, Mónica, Silvia Gruner: Circuito interior, Mexico, Museo de Arte Carrillo Gil, Consejo Nacional para la Cultura y las Artes, 2000
Hemispheres: A Labyrinth Sketchbook by Silvia Gruner, AS/COA – Americas Society / Council of the Americas, New York, février – juin 2016
→Silvia Gruner: Circuito interior, Museo de Arte Carrillo Gil, Mexico, mars – mai 2000
→Silvia Gruner: Instalaciones, dibujos, video, Museo Universitario del Chopo, Mexico, mai – juillet 1990
Vidéaste, photographe et performeuse mexicaine.
Née dans une famille polonaise survivante de l’Holocauste, Silvia Gruner produit une œuvre aux multiples facettes qui interroge les notions de sexualité et de genre, ainsi que celles d’histoires nationale et culturelle. L’artiste quitte le Mexique en 1982 pour étudier la sculpture à l’Académie Bezalel d’Art et de Design à Jérusalem. Sa première exposition, Conversaciones con un loto azul a lieu en 1986 à la Thompson Gallery, à Weston (Massachusetts), à la suite de l’obtention de son master au Massachussetts College of Art and Design. Durant cette période, elle produit plusieurs films en Super 8, dans lesquels elle juxtapose des images de son corps nu et de symboles historiques, nationaux et culturels. Parmi ceux-ci, citons notamment Desnudo con alcatraces [Nu aux arums, 1986], qui fait référence au tableau du même nom de Diego Rivera (1886-1957), ainsi que El Pecado original/Reproducción [Le péché originel/Reproduction, 1986], dans lequel elle joue sur les symboles chrétiens du péché originel et leur utilisation dans l’histoire de l’art.
Au cours des années 1990, S. Gruner se met à introduire des références au symbolisme et aux objets précolombiens dans ses vidéos, photographies et installations. En 1994, elle participe à inSITE, une biennale d’art in situ organisée à la frontière de San Diego (Californie) et de Tijuana (Mexique), où elle présente l’installation La mitad del camino [À mi-chemin, 1994]. L’œuvre est composée de 111 figurines de la déesse aztèque Tlazoltéol – qui symbolise la naissance, l’immondice et la sexualité – disposées le long de la clôture frontalière. Avec Don’t fuck with the past, you might get pregnant [Ne fornique pas avec le passé, tu pourrais tomber enceinte, 1994] et How to Look at Mexican Art [Comment regarder l’art mexicain, 1995], l’artiste fait un pied de nez aux approches traditionnellement conservatrices du passé en soumettant ces mêmes objets à des gestes suggestifs.
Son exposition individuelle Inventario au Museo de Arte Carrillo Gil (Mexico) en 1994 explore la portée anthropologique des objets quotidiens modernes à travers une projection vidéo en diptyque. Pour l’artiste, l’usage de ces symboles est riche de sens, à la fois d’un point de vue personnel et culturel, et expriment « un parallèle, que ce soit en termes de culture et au regard de ce qu’on nous enseigne, de ce qu’on nous autorise à savoir, et par rapport à mon propre passé, mes idées et mes origines ». L’œuvre de S. Gruner aborde les liens et les tensions entre les notions d’identités individuelles et collectives et la manière dont celles-ci sont sans cesse modelées par le contexte géographique, le langage et le corps. Ce processus de modelage de l’identité est illustré dans son installation vidéo pour inSITE intitulée Sueño Paradójico [Sommeil paradoxal, 2000], dans laquelle elle traverse la frontière entre San Diego et Tijuana tout en étant interviewée par deux psychologues, l’un en anglais, l’autre en espagnol. Plus récemment, sa pratique se tourne vers les thématiques de la maladie et de la guérison à la suite de son traitement contre le cancer.
Les œuvres de S. Gruner sont conservées au sein de plusieurs collections permanentes, dont celles du Museo de Arte Carrillo Gil, du Museo Universitario Arte Contemporáneo et de la Fundación Jumex Arte Contemporáneo à Mexico, ainsi qu’au musée d’Art contemporain de San Diego. En 2016-2017, une rétrospective de mi-parcours, Hemispheres: A Labyrinth Sketchbook by Silvia Gruner, organisée par Gabriela Rangel et Tatiana Cuevas à l’Americas Society de New York et au Museo Amparo de Puebla, consacre l’étendue de ses contributions à l’art contemporain mexicain.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring