Lux, Simonetta et Mania, Patrizia, Şükran Moral : Apocalypse, Roma, Gangemi, 2005
→Lux, Simonetta et Çalikoglu, Levent, Şükran Moral : Love and Violence, Istanbul, Yapı Kredi Cultural Activities, Arts and Publishing, 2009
→Despair & Metanoia : Şükran Moral and Valie Export, Istanbul, Gallery Zilberman Publications, 2013
Şükran Moral – Peace… Fucking Fairytale!, Galleria BND Tomaso Renoldi Bracco Contemporary Art Vision, Milan, 8 mai – 15 juillet 2007
→Love and Violence, Yapı Kredi Kazım Taşkent Art Gallery, Istanbul, 27 mars – 3 mai 2009
→Despair & Metanoia: Şükran Moral and Valie Export, Gallery Zilberman, Istanbul, 12 septembre – 26 octobre 2013
Performeuse, plasticienne et vidéaste turque.
Şükran Moral naît en Turquie dans la petite ville de Terme sur les côtes de la mer Noire et grandit dans une famille conservatrice de la classe ouvrière. Dès son plus jeune âge, elle occupe des emplois manuels, travaille notamment sur les chantiers navals d’Haliç à Istanbul, tout en s’impliquant dans la lutte des classes socialiste et dans le mouvement révolutionnaire du début des années 1980. À la même époque, elle écrit pour des magazines d’art et se fait un nom en tant que critique d’art. Ş. Moral décroche un diplôme en éducation artistique à l’université d’Ankara. En 1989, elle part vivre en Italie et étudie la peinture à l’Accademia di Belle Arti de Rome. Sa reconnaissance en tant qu’artiste se produit au milieu des années 1990, au moment où elle réalise ses performances les plus importantes qui explorent des sujets tabous tels que la sexualité féminine et le travail du sexe en Turquie.
Ş. Moral se qualifie elle-même d’artiste féministe et crée des œuvres qui exposent des points de vue tranchés sur l’égalité homme-femme, l’identité de genre et la liberté sexuelle. Ses œuvres sensibilisent aux questions problématiques de la violence et des maltraitances fondées sur le genre. L’artiste dénonce une société patriarcale fondée sur une politique de « deux poids, deux mesures » où discrimination et oppression ne forment plus qu’un et sont présentes partout. Ainsi, dès ses premières performances, elle se glisse dans des rôles où elle interroge les identités et les rôles de genre, passant une journée dans la peau d’une travailleuse du sexe au sein d’une maison close pour Bordello [Bordel, 1997] ou se présentant en tant que cliente à l’intérieur de bains publics réservés aux hommes dans Hammam [1997]. Les deux performances font l’objet de controverses. Lors de la Ve Biennale internationale d’Istanbul, Ş. Moral présente son œuvre Speculum [1997], où on la voit étendue, jambes écartées, sur une table d’examen gynécologique : face à son vagin, un téléviseur qui diffuse les performances documentées Bordello et Hammam, révélant au public les réalité sociales vécues par une femme à travers son expérience genrée. Confrontée aux menaces de censure, Ş. Moral renonce à exposer certaines de ses œuvres en Turquie, comme ce fut le cas de TransIstanbul [1998], une série de photographies offrant un aperçu de la vie des femmes trans stambouliotes. D’ailleurs, après avoir monté Amemus [2010], où l’artiste participe à une performance érotique lesbienne, elle reçoit des menaces de mort de la part de groupes conservateurs.
Ş. Moral s’installe en Italie et continue de réaliser des œuvres où se croisent différentes formes d’inégalité, s’intéressant également aux questions de xénophobie et d’immigration. L’une d’elles, Married With Three Men [Mariée à trois hommes, 1998/2010] est une performance vidéo satirique qui met en scène le mariage de l’artiste à trois citoyens italiens. Cette performance, qui se base sur les conseils que Ş. Moral reçut à son arrivée en Italie, montre le mariage de l’artiste dans l’unique but d’obtenir un titre de séjour permanent dans le pays. Cette œuvre inverse également la vision ordinaire de la polygamie. Une réalisation ultérieure intitulée Despair [Désespoir, 2003] montre un groupe de réfugiés sur un esquif. Cette œuvre cristallise l’injustice et la brutalité des politiques d’immigration et cherche à donner un visage humain aux migrants.
Ş. Moral expose dans de grandes galeries et l’on retrouve notamment son œuvre dans les collections du British Museum et du Victoria and Albert Museum de Londres, du musée d’Art moderne d’Istanbul et de l’ARTER Istanbul.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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