Née en Inde, Sutapa Biswas vit et travaille à Londres, où sa famille emménage lorsqu’elle a quatre ans. Elle fait sa scolarité en Angleterre et obtient une licence d’arts plastiques et d’histoire de l’art à l’université de Leeds en 1985. Cette université est à l’époque l’une des seules du pays à associer histoire et pratique au sein du même cursus, ce qui permet à S. Biswas d’acquérir de solides bases théoriques. Sa professeure, l’historienne de l’art féministe Griselda Pollock, dit de son élève qu’elle « nous pousse à prendre en considération les notions de race et de genre à travers des pastels, photographies et performances exigeants mais toujours merveilleusement beaux ». Elle poursuit ses études à la Slade School of Fine Art de 1988 à 1990 et au Royal College of Art de 1996 à 1998.

S. Biswas fait usage d’une large gamme de techniques, notamment le dessin, la peinture, le cinéma, la vidéo, la photographie, l’installation et la performance. Son œuvre gagne en notoriété au milieu des années 1980 à l’occasion de sa participation à l’exposition phare The Thin Black Line à l’Institute of Contemporary Arts (ICA) de Londres, organisée par la conservatrice Lubaina Himid. Élaborée au pastel et à la peinture et sous-tendue par son intérêt pour les histoires coloniales, son œuvre de jeunesse Housewives with Steak Knives [Femmes au foyer avec des couteaux à viande, 1985] est une étude satirique qui explore les notions de race, de genre, de classe et de subjectivité. L’artiste s’intéresse également aux thématiques de l’espace et du temps et à leur lien avec l’identité culturelle et le désir. Son œuvre Birdsong [Chant d’oiseau, 2004], composée d’un diptyque de films, examine la mémoire et les rites de passage à travers les yeux d’un enfant qui rêve de vivre en compagnie d’un cheval. En puisant dans les histoires orales et personnelles, S. Biswas s’intéresse aussi aux manières dont les récits historiques s’entrecroisent avec les récits individuels. Flights of Passage [Vols de passage, 2015], une installation sonore interactive doublée d’une performance mise en scène à la Tate Britain, explore les problématiques de l’identité et de la migration à travers la façon de se vêtir au quotidien.

S. Biswas a exposé dans le monde entier. Elle a notamment bénéficié d’expositions personnelles à la Photographers’ Gallery (Londres), la Douglas Cooley Gallery (Portland, États-Unis), l’Institute of Contemporary Art (Winnipeg, Canada), ainsi que d’une exposition itinérante au Royaume-Uni, organisée par l’InIVA (Institute of International Visual Arts). En 2021, deux expositions individuelles à Kettle’s Yard (université de Cambridge) et au Baltic – Centre for Contemporary Art de Gateshead visent à mettre en lumière ses contributions au Black Art Movement britannique et à modifier notre compréhension de l’art britannique d’après-guerre. Ses œuvres les plus récentes, Light Rain [Pluie fine, 2015-2020] et Lumen [2020-2021], explorent les recoupements entre les notions de race, d’identité et de genre et les histoires coloniales.

S. Biswas enseigne et donne des conférences sur l’art et l’histoire de l’art depuis plus de trente ans partout dans le monde. L’université de Yale lui décerne le Yale Center for British Art Visiting Scholars Award pour les années 2019-2020, et elle a été maîtresse de conférences en arts au Chelsea College of Art and Design et à la Manchester Metropolitan University.
Ses œuvres sont représentées dans les collections suivantes : Tate Collections ; Arts Council England ; Reed Gallery, États-Unis ; Sheffield Museums and Galleries, Royaume-Uni ; Bradford Museum and Art Gallery ; Oldham Art Gallery ; Rochdale Art Gallery ; Stanley and Audrey Burton Gallery, University of Leeds, Royaume-Uni.