Murrell, Denise (ed.), The Harlem Renaissance and Transatlantic Modernism, cat. exp., The Metropolitan Museum of Art, New York, édité par Denise Murrell, Yale University Press, New Heaven & London, 2024
→Ottenberg, Simon, Conflicting Interpretations in the Biography of a Modern Artist of African Descent, Journal of West African History, Vol. 1, No 2 (Fall 2015), pp. 45-70
→Negro Artists, cat. exp., Harmon Foundation at the Art Center, New York, avant-propos d’Alain Locke, 1933, 55 p. Version digitale du Metropolitan Museum
The Harlem Renaissance and Transatlantic Modernism, The Metropolitan Museum of Art, New York, États-Unis, 25 février – 28 juillet 2024
→African Modernism in America, 1947-67, The Phillips Collection, Washington D.C., États-Unis, 7 octobre 2023 – 7 janvier 2024
→To Conserve a Legacy : The Art of African Americans from Black Colleges and Universities, The Addison Gallery of American Art, Phillips Academy, Andover, Massachusetts, Studio Museum of Harlem, New York, États-Unis, 1999-2001
Artiste pluridisciplinaire.
Suzanna Ogunjami Wilson est une artiste pluridisciplinaire connue principalement pour ses peintures. Active aux États-Unis dans les années 1920 et 1930, elle s’établit au Sierra Leone en 1935. Le mystère demeure sur son lieu de naissance et son origine. Selon plusieurs témoignages écrits, S. Ogunjami serait née au Nigéria dans une famille igbo à la fin du XIXe siècle, tandis que le bureau de recensement états-unien stipule qu’elle est née en Jamaïque, où elle passe les premières années de sa vie.
Étudiante au Teachers College de la Columbia University dans les années 1920, S. Ogunjami obtient un Bachelor of Science (1928), puis un Master of Fine Arts en éducation artistique (1929), en soutenant un mémoire sur l’art et l’artisanat ouest-africains. Son travail est ensuite régulièrement présenté à New York entre 1928 et 1934, notamment grâce au soutien de la Harmon Foundation qui expose ses œuvres aux côtés d’artistes africain·es-américain·es. En 1928, alors qu’elle est encore étudiante, S. Ogunjami y expose Sunflower, une nature morte. La peinture est présentée à nouveau en 1933 par la Harmon Foundation parmi des travaux de Meta Vaux Warrick Fuller (1877-1968), Loïs Mailou Jones (1905-1998) ou encore Laura Wheeler Waring (1887-1948). C’est alors l’âge de la Renaissance de Harlem (Harlem Renaissance), mouvement artistique et littéraire qui débute dans l’entre-deux guerres et réunit artistes et intellectuel·les africain·es-américain·es dressant le portrait de la vie noire moderne. Comme le préconise l’écrivain Alain Locke (1885-1954) dans son anthologie The New Negro: An Interpretation (1925), S. Ogunjami puise dans les cultures africaines pour construire son esthétique. Son œuvre A Nupe Princess (1934) représente une femme d’un certain âge, membre de la famille royale nupe, et portant des bijoux aux couleurs du panafricanisme – le jaune, le noir, le vert et le rouge –, alliant ainsi les héritages nigérian et jamaïcain de l’artiste.
En décembre 1934, S. Ogunjami obtient sa première exposition personnelle à la Delphic Studios Gallery (New York), fondée par la mécène et galeriste Alma Reed (1887-1966), où sont exposés des bijoux, des sculptures métalliques, ainsi que vingt-sept peintures : portraits et natures mortes florales parmi lesquelles A Nupe Princess, A Susu Beauty, Ekandayo et Watching for the Caravans. L’artiste écrit que cette exposition est le fruit de plusieurs années d’étude. Elle fait l’objet d’une captation filmée par la Harmon Foundation, intégrée au documentaire A Study of Negro Artists (1937), où S. Ogunjami, alors vraisemblablement âgée de 49 ou 50 ans, apparaît à l’écran avec son mari Matthew N. Ogunjami Wilson, un pasteur épiscopal krio, qu’elle épouse aux États-Unis en 1916. Dans la sélection, on retrouve également Full Blown Magnolia (1934), l’une de ses rares œuvres identifiées et localisées en 2025. Symbole de la persévérance, de la sensualité et du raffinement, les magnolias sont des plantes solitaires qui poussent à la fois dans les Caraïbes et le sud des États-Unis. Les fleurs de magnolia constituent également un motif récurrent chez l’écrivaine africaine-américaine Zora Neale Hurston (1891-1960), native de l’Alabama et figure de la Renaissance de Harlem. Elle y fait notamment référence dans Spunk (1925), sa première nouvelle, publiée dans The New Negro, ainsi que dans Magnolia Flower (1925), qui porte le nom de son personnage principal, fille d’une femme cherokee et d’un homme noir esclavisé.
En 1935, S. Ogunjami s’installe en Sierra Leone avec son mari. Tandis qu’il s’implique dans l’église anglicane de Freetown, elle fonde deux écoles d’art pour enfants : la West African Normal and Industrial Institute à Freetown et une seconde, en dehors de la ville. Son travail continue d’être exposé aux États-Unis après son départ, notamment à la Renaissance Society de l’Université de Chicago, au Mulvana Art Museum de Washburn College ou encore au New Jersey State Museum. En 1960, Evelyn S. Brown, directrice adjointe de la Harmon Foundation, écrit à l’artiste krio « Olayinka » Miranda Burney-Nicol (1927-1996) pour tenter de retrouver la trace de S. Ogunjami, sans succès.