Amaral Aracy, Tarsila : sua obra e seu tempo, São Paulo, Editora Perspectiva, Editora da Universidade de São Paulo, 1975
→Amaral Aracy, Tarsila do Amaral, Buenos Aires, Banco Velox, 1998
→Gotlib Nadia Battella, Tarsila do Amaral : a modernista, São Paulo, Editora Senac São Paulo, 2003
Tarsila do Amaral : mito e realidade no modernismo brasileiro, Museu de arte moderna, São Paulo, 25 octobre – 15 décembre 2002
→Tarsila do Amaral, Fondacion Juan March, Madrid, 6 février – 3 mars 2009
→Tarsila do Amaral : inventing modern art in Brazil, The Art institute of Chicago, Chicago, 8 octobre 2017 – 7 janvier 2018 ; The Museum of Modern Art, New York, 11 février – 3 juin 2018
Peintre brésilienne.
L’enfance de Tarsila do Amaral, fille d’une riche famille de producteurs de café, s’écoule entre les haciendas et de longs séjours itinérants en Europe. À 30 ans, mariée à un cousin et mère d’une fille, elle entame des cours particuliers de peinture avec Pedro Alexandrino Borges, qui fait alors figure d’autorité académique à São Paulo. En 1920, elle s’installe à Paris et, quoique inscrite à la traditionnelle académie Julian, se nourrit de l’ambiance agitée du milieu avant-gardiste de la capitale. Pendant son absence se déroule à São Paulo le moment fondateur du modernisme brésilien, la Semana de arte moderna de 1922. Elle s’empresse alors de regagner son pays pour intégrer O grupo dos cinco (« le groupe des cinq ») – T. do Amaral, Anita Malfatti, Oswald et Mário de Andrade, Menotti del Picchia –, basé à São Paulo et pilier du futur mouvement moderniste. En 1923, elle est invitée au Salon des artistes français et profite de ce séjour parisien pour se lier avec Blaise Cendrars, Jean Cocteau, Robert Delaunay, Constantin Brancusi et Fernand Léger. Au début des années 1920, le leitmotiv de sa peinture – São Paulo se transformant sous l’effet de la métropolisation accélérée – est traité dans un style figuratif aux déclinaisons oniriques et humoristiques, dont la composition rigoureuse se construit sur l’emploi de lignes nettes et d’une palette fauve. En 1924, un voyage dans l’État brésilien de Minas Gerais ouvre aux citadins élitaires du Grupo dos cinco les portes du Brésil profond. De ce voyage qui la sensibilise aux sujets populaires, la peintre fera une série qu’elle baptisera du nom de l’arbre à l’origine de l’appellation du pays, le paubrasil (« le bois brésil »). C’est aussi le terme choisi par le poète Oswald de Andrade – nouveau compagnon de la peintre – pour nommer un premier manifeste moderniste dans lequel il déclare qu’un art brésilien autonome ne serait possible que par l’intégration harmonieuse des sources amérindiennes, africaines et européennes : le Manifesto Pau-Brasil (1924). En janvier 1928, T. do Amaral lui offre sa toile Abaporu (« Anthropophage » en langue tupi-guarani), représentant dans un paysage minimaliste – ciel bleu, soleil jaune, sol et cactus verts – un géant microcéphale et mélancolique aux pieds énormes.
Durant la même année, le Manifesto antropófago (« Manifeste anthropophage ») écrit en écho par O. de Andrade constate l’échec du premier texte et propose l’adoption du primitivisme comme arme critique de tri culturel. Cette reconnaissance de la violence sous-jacente aux rapports interculturels déplace l’objet esthétique du modernisme brésilien, désormais occupé par des inquiétudes proprement sociopolitiques que la peintre partage et qui se renforcent lors d’un séjour militant en 1931 à Moscou, où elle expose également au musée de l’Art occidental. À son retour, elle participe au soulèvement contre le dictateur Getúlio Vargas en 1932. Considérée comme une sympathisante communiste, elle est emprisonnée, de même que Osório Cesar, son nouveau compagnon. Son séjour en Union soviétique, où la pauvreté des habitants l’a fortement marquée, inspirera sa peinture (Segunda class, 1933 ; Operários [« Les travailleurs »], 1933). Le travail de l’artiste souffre alors d’une régression formelle, le réalisme expressif des années 1930 et 1940 remplaçant les innovations achevées de la décennie précédente. À partir de 1936, elle tient une chronique dans l’hebdomadaire Diário de São Paulo, qui appartient à l’un de ses amis, Francisco Assis Chateaubriand, puissant magnat de la presse. Dans les années 1950, elle délaisse la peinture d’inspiration socialiste pour revenir à la thématique du Pau-Brasil. Active jusqu’à sa mort, elle reçoit à la fin de sa vie de nombreux hommages de reconnaissance pour la contribution de son œuvre au renouveau plastique latino-américain dans les années 1920. Elle expose, entre autres, à la Ire Biennale de São Paulo en 1951 et représente son pays en 1964 à la Biennale de Venise. En 1969 a lieu une grande rétrospective, Tarsila, 50 années de peinture, présentée au musée d’Art contemporain de l’université de São Paulo ainsi qu’au musée d’Art moderne de Rio de Janeiro.