Hooks, Margaret, Tina Modotti: Photographer and Revolutionary, Londres/San Francisco, Pandora, 1993
→Albers, Patricia, Shadows, Fire, Snow: The Life of Tina Modotti, New York, Clarkson Potter, 1999
→Hooks, Margaret, Tina Modotti, Londres, Phaidon Press, 2006
Tina Modotti, Biblioteca National, Mexico, 1929
→Tina Modotti: Photographs, Philadelphia Museum of Art, Philadelphie ; Museum of Fine Arts, Houston ; San Francisco Museum of Modern Art, San Francisco, 1995-1996
Photographe et militante politique italienne.
Mannequin, actrice du cinéma muet hollywoodien, photographe et activiste politique, Tina Modotti, ainsi surnommée depuis l’enfance, arrive aux États-Unis en 1913, où elle travaille comme couturière. En 1917, elle entame sa carrière d’actrice dans le théâtre amateur de la communauté italienne de San Francisco. Durant la même année, elle épouse le peintre et poète Roubaix de l’Abrie Richey, dit Robo. Le couple s’installe à Los Angeles. Au début des années 1920, elle joue dans trois films à Hollywood, devient le mannequin préféré, et bientôt la maîtresse, du photographe Edward Weston, dont la célébrité est déjà notoire. À la mort de son mari, au début de 1922, déçue par sa carrière d’actrice et encouragée par E. Weston, elle choisit de se consacrer à la photographie. Le couple part au Mexique ; E. Weston lui enseigne la photographie, tandis qu’elle lui sert de traductrice et gère son studio photographique. En décembre 1924, le photographe rentre aux États-Unis, tandis qu’elle demeure sur place, administrant seule le studio. Elle commence à photographier les œuvres des muralistas, peintres muralistes mexicains : d’immenses fresques destinées aux espaces publics, d’inspiration socialiste, qui mettent en scène les travailleurs et leurs outils, les paysans et leurs coutumes. Séduite par leurs idées politiques et artistiques, elle devient la photographe préférée du mouvement. En 1926, elle expose avec E. Weston, Diego Rivera, le plus célèbre des muralistas, et Jean Charlot, peintre français spécialisé en xylogravure, à la Galería d’arte moderno à Mexico. En 1927, elle entre au Parti communiste mexicain, année où elle réalise la photographie Mexican Sombrero With Hammer and Sickle (« Sombrero mexicain avec marteau et faucille », 1927) qui évoque les symboles de l’imaginaire communiste et mexicain. Durant l’année suivante, elle crée une série appelée « Les contrastes du régime » pour El Machete, périodique de grand format publié par les muralistas depuis 1924.
En février 1929, quelques-unes de ses photos sont publiées dans le journal avant-gardiste français Transition. Durant la même année, une autre série de photographies illustre les villes mexicaines de Juchitán et Tehuantepec, révélant alors son regard et sa sensibilité esthétique sur la réalité mexicaine. Ses images attachent une importance particulière à la figure de la femme, qu’elle considère comme un symbole de force. Toujours en 1929, en association avec E. Weston, elle réalise une série pour illustrer l’ouvrage d’Anita Brenner (1905-1974), Idols Behind Altars (« Des idoles derrière les autels », 1929), qui traite de l’art religieux et folklorique du pays. En décembre, elle bénéficie d’une première exposition individuelle, à la Bibliothèque nationale du Mexique. La manifestation, qui inclut presque la totalité de ses travaux, est restée connue comme « la première exposition photographique révolutionnaire au Mexique ». Dans le texte sur la photographie l’accompagnant, l’artiste propose une réflexion sur son parcours ; elle récuse pour son travail le nom d’« art », affirmant réaliser simplement des « photographies honnêtes ». En février 1930, suspectée d’avoir participé à un projet d’attentat contre le président Pascual Ortíz Rubio, elle est arrêtée et contrainte de quitter le pays. Après un bref séjour à Berlin, elle s’installe à Moscou. En août 1933, elle commence à travailler au bureau du Secours rouge international pour l’Europe occidentale à Paris. Elle publie ses derniers travaux dans les revues allemandes AIZ et Arbeiterfotograf, puis abandonne la photographie. En 1935, durant la guerre civile d’Espagne, elle s’engage dans la section espagnole du Secours rouge international. Quatre ans plus tard, interdite d’entrée aux États-Unis, elle débarque au Mexique sous la fausse identité de Carmén Ruiz Sánchez. Malade, elle y décède en 1942. Une exposition rétrospective est organisée à sa mémoire, quelques mois après, à la Galería d’arte moderno de Mexico. Son travail a été exposé à la XVIe Biennale de Sydney en 2008, Revolutions – Forms That Turn (« Révolutions – les formes qui ont changé le monde »). Outre dans de nombreux travaux biographiques, sa vie a été racontée, en 2003, dans une bande dessinée, Modotti, una mujer del siglo xx (« Modotti, une femme du XXe siècle »), écrite et illustrée par l’espagnol Ángel de la Calle.