Nduka Nwosu, « A Race Against Time », Art and Review, The Sunday Newspaper 16, 2007, p. 91
→Samuel Inam, « The Guardian, Reaching Across Time Sunday », The Guardian, 5 mai, 1995, p. 5
→Ademola Babajide, « The Wood-Witch of Didi », Times, samedi 18 septembre, 1993, p. 12
Sculptrice nigériane.
Veronica Otigbo-Ekpei travaille une grande variété de matériaux, mais se distingue tout particulièrement par sa pratique prolifique de la sculpture sur bois. Née dans l’État d’Ogun, elle passe l’essentiel de ses années de formation à Lagos et reçoit un enseignement artistique au College of Education d’Ijanikin de 1983 à 1986. Pendant ses études, elle effectue un stage aux Universal Studios of Arts à Iganmu. Elle y perfectionne ses talents de sculptrice sous la tutelle de Bisi Fakeye (1942-2017), un sculpteur de renom issu d’une longue lignée d’artistes. Elle obtient une licence et un master en arts plastiques, dans la spécialité sculpture, à l’University of Lagos, respectivement en 2005 et 2008.
Sa technique met en avant l’habileté avec laquelle elle manie tout un éventail d’outils : gouge en V, râpe à bois ou encore scie électrique. Elle utilise l’ébène, le chêne, l’acajou et d’autres bois durs issus du quartier Lafenwa de la ville d’Abeokuta pour façonner des œuvres qui mettent l’accent sur la place des femmes dans l’espace public. Sa réflexion se porte souvent sur le manque de pouvoir et la vulnérabilité des vendeuses de marché harcelées par les agents municipaux, comme dans la sculpture Town Council Don Come (2001), une réponse directe aux scènes dont elle a été témoin à Lagos. Orange Seller (2006) évoque la résilience d’une marchande ambulante qui vend ses fruits sur un marché animé de Lagos tout en s’occupant de ses enfants. V. Otigbo-Ekpei est sans doute la seule artiste nigériane à sculpter en ronde bosse. Assez tôt dans son parcours, elle se distingue en créant des sculptures publiques à Lagos. Une statue grandeur nature, The Lawyer (2004), est érigée pendant plusieurs années devant la faculté de droit de son université, avant d’être remplacée sans ménagement par l’œuvre d’un artiste masculin. Cet acte met en lumière les binarités que révèlent ses pièces : présent·e/absent·e, fort·e/vulnérable, reconnu·e/non reconnu·e, etc. Parmi les artistes à qui l’État de Lagos commande des œuvres pour l’embellissement de l’espace public en 2017, V. Otigbo-Ekbei est la seule femme. Elle crée pour l’occasion une sculpture d’extérieur, Igunnko [Mascarade, 2017], installée dans la zone Ilaje de l’État de Lagos.
V. Otigbo-Ekbei est une artiste polyvalente ; son éducation à la fois académique et informelle lui a fait acquérir des compétences qui lui permettent d’alterner modes d’expression traditionnels et contemporains. Son travail récent sur les mosaïques faites de boutons témoigne de cette flexibilité. V. Otigbo-Ekbei a bénéficié de cinq expositions individuelles à Lagos : Dialogue Across Time au National Museum d’Onikan (1991) ; Wood’s Worth au Didi Museum de Victoria Island (1993) ; Thoughts and Symbols à l’Alliance française d’Ikoyi (2002) ; Back in Time au National Museum d’Onikan (2007) ; Echoes from the Wood à Terra Kulture, à Victoria Island (2013). Elle a également participé à plusieurs expositions collectives au Nigeria et a créé un nombre impressionnant de sculptures pour des espaces publics et privés.
Publication réalisée dans le cadre de la Saison Africa2020.
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