Lubytė, Elona (dir.), Shaping The Future. Environments by Aleksandra Kasuba, cat. exp., National Gallery of Art of the LNMA, Vilnius (26 mars–5 juin 2021), Vilnius, Lithuanian National Museum of Art, 2020
→Kasuba, Aleksandra, Child Ticking: A Memoir, Authors Choice Press, an imprint of iUniverse, Inc., 2001
→Kasuba, Aleksandra, Utility for the Soul, San Francisco, Didymus Press, 1975
Shaping the Future: Environments by Aleksandra Kasuba, National Gallery of Art of the LNMA, Vilnius, 26 mars – 5 juin 2021
→Aleksandra Kasuba. Shaping the Future (Art-in-Science project VII), Esther M. Klein Gallery, University City Science Center, Philadelphie, 15 November, 1989–26 January, 1990
→Aleksandra Kasuba: Black Marble Mosaics, Grippi & Waddell Gallery, New York, 25 janvier – 12 février 1966
Créatrice d’environnements et architecte lituanienne.
Aleksandra Fledžinskaitė-Kašubienė (Kasuba) a laissé derrière elle un riche héritage artistique, qui comprend des travaux textiles (de ses débuts), des panneaux carrelés, des mosaïques, des peintures, des collages, des œuvres dans l’espace public états-unien, des maquettes ainsi que des dessins d’édifices jamais réalisés et d’environnements spatiaux singuliers – comme les habitats « élastiques ». Dans sa pratique créatrice, A. Kasuba mène un intriguant dialogue avec l’architecture et la nature. Elle réfléchit aux mécanismes de la construction spatiale et cherche à créer des formes architecturales alternatives, s’opposant à la géométrie stricte des bâtiments. Cette conception de l’espace se développe de manière constante au cours de sa carrière, influencée par des expériences personnelles et les changements de ses espaces de vie.
Née dans une famille d’aristocrates intellectuel·les, A. Kasuba grandit au manoir de Ginkūnai, en Lituanie, où elle a l’opportunité d’étudier et d’apprendre les langues. Après la nationalisation de la propriété par les soviétiques en 1940, sa famille déménage à Kaunas et A. Kasuba reste seule à Šiauliai pour terminer le lycée. Bien que la plupart de ses œuvres sont soient des expérimentations avec la formation de l’espace, A. Kasuba n’est pas diplômée d’architecture. Ses études de céramique à l’Institut d’art de Kaunas, de 1941 à 1942, et de sculpture à l’Académie d’art de Vilnius, en 1943, sont interrompues à plusieurs reprises pas les occupations nazie et soviétique, qui la forcent à fuir à l’Ouest avec son mari, le sculpteur lituanien Vytautas Kasuba (1915-1997). La difficulté de devoir quitter son pays et le manque d’intimité dans le camp de personnes déplacées à Munich (1946-1947) ont inévitablement influencé sa pratique. Pour le restant de sa carrière, elle développe l’idée de l’architecture comme abri harmonieux, explorant la manière dont l’environnement physique peut contribuer au bien-être de ses occupant·es.
Après son emménagement aux États-Unis en 1947, A. Kasuba fait ses premiers pas sur la scène artistique locale avec ses carreaux de céramique peints et ses mosaïques ; elle participe à des expositions d’artisanat. Ces débuts lui apportent de nombreuses commandes d’œuvres décoratives monumentales pour des places publiques, ainsi que pour des intérieurs et des extérieurs d’édifices. Ses mosaïques caractéristiques, d’élégants murs de briques en relief ondulé, animent visuellement la façade du Lincoln Hospital, dans le Bronx (1973), et ornèrent le mur du 7 World Trade Center (1986), détruit durant l’attentat terroriste du 11 septembre 2001.
A. Kasuba se livre à ses premières expérimentations avec les structures de tissu élastique lorsqu’elle découpe la chemise de son mari, qu’elle tend sur un cadre. Par la suite, le tissu en nylon, développé à l’origine pour l’habillement thermique, devient son outil de prédilection pour la création d’environnements non conventionnels. L’artiste travaille avec la rigidité de membranes mises en tension et façonne ses espaces de manière sculpturale, sans plans architecturaux préexistants, évitant les angles droits et recherchant des formes organiques, faciles à désassembler. Elle puise son inspiration dans la construction préindustrielle et dans les éléments naturels tels que les cosses de plantes, les coquillages et les créatures sous-marines. En subvertissant le concept de construction traditionnelle, A. Kasuba crée des conjonctures spatiales qui aiguisent les sens. Elle y inclue des stimulus supplémentaires, tels que les lumières, les miroirs, les odeurs, les textures et les sons. Ses expérimentations d’une architecture durable servant d’instrument social, développées de manière constante, n’ont pour la plupart été mise[s] en œuvre que sous forme d’installations dans des musées. La seule exception est sa propre maison (et deux ateliers-résidences adjacents pour des invités), qu’elle a édifiée dans le désert du Nouveau-Mexique entre 2001 et 2005.
Une notice produite en partenariat avec Artnews.lt et Echo Gone Wrong dans le cadre de la Saison France-Lituanie 2024.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024