Zanele Muholi, Only Half the Picture, Michael Stevenson/STE, 2006
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Zanele Muholi, African Women Photographers #1, Nantes/Paris, Casa Africa/La Fábrica, 2011
Zanele Muholi, Faces and Phases 2006-14, Göttingen, Steidl/The Walther Collection, 2014
Zanele Muholi: Isibonelo/Evidence, Brooklyn Museum, New York, 1 mai – 8 novembre 2015
→Zanele Muholi, Stedelijk Museum, Amsterdam, 8 juillet – 22 octobre 2017
→Zanele Muholi, Tate modern, Londres, 29 avril – 18 octobre 2020
Photographe et activiste sud-africain.e.
Après avoir grandi dans un township à la périphérie de Durban, Zanele Muholi s’installe, à l’âge de 19 ans, à Johannesburg où iel s’inscrit, en 2002, au Market Photo Workshop, école fondée par le mythique photographe sud-africain David Goldblatt. Cette formation avancée de deux ans constitue un tournant majeur pendant lequel l’artiste énonce les principes de sa démarche photographique qu’iel définit en corrélation absolue avec son engagement envers la communauté sud-africaine LGBTI qui, bien que la Constitution lui soit favorable, continue de subir violences, discriminations et inégalités. En tant qu’« activiste visuell.e » – c’est ainsi que Z. Muholi aime à se présenter –, iel développe une importante archive visuelle ouverte, qui prend pour sujet principal les femmes noires lesbiennes.
En 2006, iel initie un ambitieux projet intitulé Faces and Phases, « Faces » désignant les personnes et « Phases » les différentes phases de la construction de leur identité. Emblématique de sa démarche, cette série en constante évolution se compose aujourd’hui d’environ 300 portraits de femmes, rencontrées à travers tout le pays et avec lesquelles Z. Muholi souhaite établir « une relation fondée sur une compréhension mutuelle ». Capturés à différents moments de leur vie, ces modèles sont tous photographiés selon un même principe, imposé par l’artiste : en buste, de face ou de trois quarts, cadrés à distance égale, en intérieur ou en extérieur, en noir et blanc, sans artifice, ni décor, ni costume. Avec cette collection unique, Z. Muholi donne une visibilité aux femmes noires lesbiennes sud-africaines, révèle leur présence et leur offre la possibilité de s’affirmer dans leur différence et leur singularité aux yeux du monde. Mais, au-delà du documentaire social, ces images, à la sincérité manifeste, s’imposent dans un face-à-face d’une rare intensité avec le spectateur.
Commencée en 2012, la série en cours Somnyama Ngonyama [Salut à toi, lionne noire en zoulou] marque une nouvelle étape. Au travers d’autoportraits, réalisés chez l’artiste ou dans des chambres d’hôtel à l’occasion de déplacements à l’étranger, l’artiste interroge l’histoire des représentations photographiques du corps de la femme noire. Grimé.e de façon outrancière, affublé.e de coiffures, de costumes et d’accessoires aussi divers que variés (coquillages, pinces à linge, éponges en Inox, câbles électriques, tabourets, plumes, gants, billets de banque…), l’artiste s’affiche avec fierté dans des mises en scène minimales, pour se jouer avec malice des stéréotypes liés à la féminité africaine. Exécutés en noir et blanc, ces clichés accordent un soin tout particulier à l’éclairage afin d’accentuer à l’extrême la pigmentation du corps noir.
Son engagement sans faille pour la cause LGBTI s’exprime à travers des expositions, des publications et des conférences, tout autant que dans la réalisation de documentaires, dont Difficult Love (2010), la création d’un forum pour l’autonomisation des femmes ou encore d’une plateforme multimédia destinée aux artistes queer (www.inkanyiso.org). Désormais considérée comme une figure majeure en Afrique du Sud, à la fois du militantisme et de la scène artistique, dont iel incarne le premier moment politique de l’art après la fin de l’apartheid, Z. Muholi apparaît aujourd’hui comme chef.fe de file d’une nouvelle génération d’artistes à laquelle iel a indéniablement ouvert la voie.