Guarneri, María, “El pedimento 2009-2015”, in Venezia Art Magazine, Venise, 2015
→Baeza, Federico, “Escrituras de la vida cotidiana”, in caiana. Revista electrónica de Historia del Arte y Cultura Visual del Centro Argentino de Investigadores de Arte (CAIA), nº 2, 2013
Un lugar para vivir cuando seamos viejos, Parasol Unit Foundation for Contemporary Art, Londres, Royaume-Uni, 2012
→La hiedra, Galería Alberto Sendrós, Buenos Aires, Argentine, 2006
→Material descartable, Juana de Arco, Buenos Aires, Argentine, 1999
Plasticienne politique argentine.
Ana Gallardo se définit comme artiste politique. Depuis qu’elle se considère comme une créatrice, affirme-t-elle, elle s’efforce de produire une pratique de résistance et de transformation, fondée sur la croyance au possible comme moteur du changement.
Elle n’a pas reçu de formation artistique formelle et est donc avant tout autodidacte. Née d’une mère peintre et d’un père poète, elle revendique en héritage la capacité de traverser les pratiques artistiques. Elle commence à peindre à la fin des années 1980, intègre le groupe de la X et se forme dans plusieurs ateliers d’artistes. Elle se définit comme féministe, préoccupation découverte au cours de sa pratique artistique, et fait du genre le thème de nombre de ses œuvres.
Dans les années 1990, elle travaille, dans ses peintures, sur la notion de violence domestique ; l’art de cette époque étant, d’après elle, tourné vers d’autres thèmes, sa production ne circule pas, ce qui suscite en elle une grande frustration.
Elle choisit la peinture pour médium à ses débuts, mais s’en éloigne peu à peu au profit de l’installation et de la performance, dans lesquelles cohabitent plusieurs techniques. Les œuvres d’A. Gallardo témoignent d’un intérêt pour les thèmes liés au genre, comme dans la série de peintures des années 1990 où elle représente diverses techniques contraceptives féminines – sujet beaucoup moins présent dans le débat public à cette époque qu’aujourd’hui. L’une de ces peintures s’intitule Condón femenino [Préservatif féminin, 1995]. Elle réalise également trois installations : Manifiesto escéptico [Manifeste sceptique, 1999], Material descartable [Matériau jetable, 2000] et Políticas corporales [Politiques corporelles, 2002], où elle développe une réflexion sur l’avortement, illégal en Argentine et donc pratiqué dans la clandestinité et des conditions d’hygiène médiocres ou nulles. Elle expose ainsi des objets utilisés pour les avortements clandestins : brins de persil, aiguilles à coudre, et de nombreux autres ustensiles de l’environnement domestique quotidien qui acquièrent, dans ce contexte, un pouvoir nouveau. De cette manière, A. Gallardo rend visible une réalité souvent confinée à l’espace privé. Dans La hiedra [Le Lierre, 2006], elle mène l’enquête à partir des histoires de vie de cinq femmes, dont les histoires d’amour lui servent de fil conducteur – à nouveau, des réalités généralement considérées comme intimes sont mises en évidence, conformément au principe qui veut que ce qui est personnel est politique.
La critique du système académique de l’art élitiste constitue un autre axe de son travail. On peut citer dans ce domaine des œuvres comme CV Laboral [CV de travailleuse, 2009], durant laquelle l’artiste récite son curriculum vitæ, qui comprend des emplois sans rapport avec sa pratique artistique, mais nécessaires à assurer un revenu.
Ses derniers projets, Escuela de envejecer [École de vieillissement] et Un lugar para vivir cuando seamos viejos [Un endroit où vivre quand nous serons vieux], sur lesquels elle travaille depuis 2015, associent toutes ces formes de critique, tant sur le genre que contre le système, en imaginant le lieu où elle pourrait aimer vieillir. L’œuvre est sociologique non moins qu’artistique : pour la mener à bien, l’artiste réalise des enquêtes et des entretiens, et travaille avec des résident·e·s d’établissements pour personnes âgées. Selon A. Gallardo, une artiste politique est quelqu’un qui cherche constamment à modifier des systèmes donnés, ce qui ne va pas, ce qui lui déplaît – qui dispose d’un sens critique et cherche comment changer les choses. Quelqu’un pour qui l’art est un outil qui permet de perturber l’ordre du monde : tel est en effet, en définitive, l’ambition de toute son œuvre.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring