Bettina Baumgärtel et Annette Wickham, Angelica Kauffman, Londres, Royal Academy, 2024
→Andaleeb Banta, Alexa Greist et Theresa Kutasz Christensen, Making Her Mark. A History of Women Artists in Europe, 1400-1800, Fredericton, Goose Lane Editions, 2023
→Bettina Baumgärtel, Angelica Kauffman, Munich, Hirmer, 2020
→Angela Rosenthal, Angelica Kauffman. Art and Sensibility, New Haven, Yale University Press, 2006
→Wendy Wassyng Roworth (dir.), Angelica Kauffman. A Continental Artist in Georgian England, Londres, Reaktion Books, 1992
Angelica Kauffman, Royal Academy, Londres, 1er mars-30 juin 2024 ; Kunstpalast, Düsseldorf, 30 janvier-24 mai 2020
→Angelica Kauffman. A Woman of Immense Talent, Vorarlberger Landesmuseum, Bregenz, Angelika Kauffmann Museum, Schwarzenberg, 14 juin-5 novembre 2007
→Angelica Kauffman. A Continental Artist in Georgian England, Art Gallery and Museums, Brighton, 14 novembre 1992-3 janvier 1993
Peintre suisse.
Si nombre d’artistes femmes ont connu le succès au XVIIIe siècle, peu ont joui de la réputation internationale, de la reconnaissance professionnelle et de la réussite économique d’Angelica Kauffmann. Renommée pour sa maîtrise des thèmes néoclassiques et pour les portraits intimistes de sa clientèle de haut rang, A. Kauffmann œuvre à travers l’Europe, avec des séjours particulièrement longs et importants à Londres et à Rome. Ses tableaux évoquent l’élite fortunée et le classicisme popularisé par le Grand Tour. Tandis que son esprit d’entreprise lui assure un succès commercial, ses peintures d’histoire de grandes dimensions, avec plusieurs personnages, lui valent l’appréciation des cercles académiques dans lesquels elle expose.
A. Kauffmann naît le 30 octobre 1741 à Coire, en Suisse, et se révèle dès l’enfance prodige en musique et en peinture. Jeune adolescente, elle se fait remarquer comme apprentie de son père, le peintre et fresquiste Joseph Johann Kauffmann (1707-1782), qu’elle rejoint pour travailler sur des commandes et ainsi construire son propre réseau de clientèle en Italie et en Autriche. Vers 1758, A. Kauffman s’installe en Italie, où elle poursuit ses ambitions artistiques. Elle passe du temps à Venise et devient membre de la prestigieuse Académie bolonaise ainsi que de l’Accademia di Belle Arti de Florence et de l’Accademia di San Luca de Rome.
Le fait d’être une femme prive A. Kauffmann de la participation aux cours de dessin d’après modèle vivant et d’autres aspects du développement professionnel ouverts à ses pairs masculins. Mais sa reconnaissance académique lui permet d’avoir accès à des espaces et à des collections où elle peut copier l’œuvre de maîtres de la Renaissance ainsi que des formes antiques. La copie, alors méthode d’apprentissage courante pour les hommes comme pour les femmes, exerce une influence majeure sur le développement de son style néoclassique. Cela façonne son choix de thèmes historiques et sa capacité à peindre des œuvres figurées de grandes dimensions.
Sur les encouragements de connaissances britanniques rencontrées en Italie, l’artiste, polyglotte, emménage à Londres en 1766, où elle participe régulièrement aux expositions et aux salons pendant quinze ans. Sa réputation l’a précédée et ses relations élargissent rapidement sa clientèle, parmi laquelle comptent des figures influentes, comme le peintre Joshua Reynolds (1723-1792) et la princesse Augusta, pour qui elle peint en 1767 des portraits célébrés. En 1768, A. Kauffmann est admise, aux côtés de Mary Moser (1744-1819), comme l’un des deux seuls membres fondateurs féminins de la Royal Academy of Arts.
Entrepreneuse avisée, A. Kauffmann capitalise sur sa réputation, adoptant les avancées technologiques du moment, dont des techniques comme la « peinture mécanique », qui permet à son œuvre d’atteindre un large public par le moyen de la reproduction sur tout type d’objet du quotidien et de surface décorative – tabatières, assiettes, mobilier et même panneaux de plafond. Elle met en œuvre ce commerce tout en maintenant à flot son atelier de portrait et en continuant à exposer de larges toiles historiques. Malgré ses deux mariages, le deuxième avec l’artiste Antonio Zucchi (1726-1795), les hommes de sa vie n’éclipsent jamais son succès personnel et il est à noter qu’elle conserve la gestion autonome de ses finances tout comme son nom de naissance tout au long de sa carrière. En 1781, A. Kauffmann quitte Londres pour retourner en Italie et elle passe le reste de sa vie à Rome. Là, elle continue à accepter des commandes et tient un salon influent parmi l’élite artistique européenne. Elle attire la foule même à sa mort, en 1807, où ses toiles sont portées en procession lors de ses funérailles théâtrales, conçues par son ami l’artiste Antonio Canova (1757-1822).
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Rééclairer le siècle des Lumières : Artistes femmes du XVIIIème siècle »
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