Barbara Prézeau Stephenson © Anja Beutler, tous droits réservés, © Photographie prise dans le cadre de Matrimoine afro-américano-caribéen : Legs et transmissions artistiques et culturels au féminin, un projet exposé au Campus de Schoelcher, Université des Antilles, Martinique, et dans les locaux de la Scène Nationale Tropiques Atrium, Fort-de-France, Martinique
Strobel, Michèle-Baj, « Barbara Prézeau à l’Espace Lally », Aica Caraïbe du Sud, 08/12/2021
→Prézeau, Barbara (ed.), Le Cercle Atlantique, Montreal, Les éditions Cidihca, 2020
→Prézeau, Barbara, “Miroirs et fabrication. Pratique autoreprésentative par la performance”, Revue DO-KRE-I-S, no. 2, 2018, p. 26–35
Tresses 2022, Centre des Arts de la Maison d’Haiti, décembre 2022- mars 2023
→1492, Espace Lally, Galerie d’art contemporain, Béziers, décembre 2021 – février 2022
→Archétypes et Exotisme, Casa de Las Americas, La Havane, 1998
Artiste, autrice et commissaire d’exposition d’origine haïtienne.
Barbara Prézeau Stephenson a grandi dans un environnement artistique, influencée par sa mère, la peintre haïtienne Micheline Prézeau (née en 1943). Elle fait partie de la première cohorte de l’École nationale des Arts (ENARTS) à Port-au-Prince en 1983, où elle a été encadrée par plusieurs artistes haïtien·nes de renom, dont Rose-Marie Desruisseau (1933-1988). De 1985 à 1989, elle poursuit ses études supérieures au Canada, où elle obtient son Bachelor en arts visuels tout en étudiant en théorie et histoire de l’art à l’Université d’Ottawa. Elle y participe à ses premières expositions : en 1988 à la Galerie Michel Tétreault de Montréal et en 1989 au sein de Black Wimmin: When and Where We Enter, un événement itinérant organisé par le Diasporic African Women’s Art Collective (DAWA), dont B. Prézeau fait partie. Cette exposition, commissariée par les artistes Buseje Bailey (date de naissance inconnue) et Grace Channer (née en 1959), est la première au Canada, présentant le travail d’artistes noires. B. Prézeau s’installe ensuite à Paris en 1989, où elle fréquente l’École Pratique des Hautes Études à La Sorbonne. En 1993, elle s’installe au Sénégal et entame une collaboration avec l’atelier de sculpture de Gérard Chenet (1927-2022) à Toubab Dialaw. De retour en Haïti en 1995, B. Prézeau participe à la réouverture de l’ENARTS, gravement affecté par les violences ayant suivi le coup d’État militaire du 21 septembre 1991. De 1995 à 2000, elle est consultante en charge de la Francophonie à la Direction culturelle du Ministère des Affaires Étrangères d’Haïti.
B. Prézeau est une artiste multidisciplinaire pratiquant la peinture, la sculpture et le dessin, la performance, l’installation, les créations numériques. Sa démarche se caractérise par une quête constante d’exploration et d’appropriation du monde atlantique, marqué notamment par les violences et les héritages liés à la colonisation européenne des Amériques, au génocide des peuples autochtones et à la déportation et l’esclavisation massive d’Africain·es. Une recherche qui s’incarne notamment dans sa série de peintures au format carré, 1492 : Christophe Colomb (2021). En s’inspirant de ses expériences personnelles et des richesses culturelles rencontrées lors de ses nombreux voyages inter et transatlantiques, B. Prézeau intègre à son travail des références aux cultures afro-caribéennes, taïno et ouest-africaines. Depuis les années 2010, elle a élargi son champ artistique aux performances et aux installations.
B. Prézeau a exposé son travail dans de nombreux musées aux États-Unis, au Canada, en France et en Haïti. En 2014, elle a notamment participé à l’exposition Haïti, deux siècles de création artistique au Grand Palais à Paris, présentant une installation vidéo compte-rendu de sa performance Le Cercle de Freda (2013), réalisée à la Halle Vital de Jacmel en Haïti à l’occasion de l’exposition collective Haïti : royaume de ce monde. B. Prézeau y invite un cercle de femmes, auquel participent notamment la comédienne Paula Clermont Péan et l’artiste Pascale Faublas (née en 1961), à broder un voile rose de fleurs artificielles. Entre 2017 et 2019, son travail fait un tour des États-Unis au sein de l’exposition itinérante Relational Undercurrents: Contemporary Art of the Caribbean Archipelago. Pour l’exposition Oser la liberté – Figures des combats contre l’esclavage au Panthéon en France en 2023, son œuvre L’Arrestation de la reine Anacaona (1991) met en lumière la dernière cheffe taino du Yaguana, actuelle ville de Léogâne en Haïti, qui a gouverné le Caciquat du Xaragua à la mort de son frère, Bohéchio. Anacaona s’est illustrée par sa résistance acharnée contre la colonisation espagnole et l’esclavage imposé à son peuple, avant d’être arrêtée puis pendue sur ordre du gouverneur espagnol Nicolás de Ovando. Par cette œuvre, B. Prézeau rend hommage à cette guerrière et résistante taino, en lui restituant sa place dans le panthéon des figures héroïques de la lutte pour la liberté, tout en rappelant que les autochtones des Amériques ont été les premières victimes de la colonisation espagnole. En 2025, cette œuvre fondatrice est à nouveau célébrée lors de l’exposition Paris noir au Centre Pompidou.
B. Prézeau a également représenté Haïti lors de plusieurs biennales internationales, notamment celles de Dakar (1992, 2010), de La Havane (2000, 2025), de Caracas (2017), et du Mercosur (2018). En 2015, l’artiste représente Haïti au pavillon de l’Amérique Latine lors de la 56e édition de la Biennale de Venise. La même année, elle est invitée comme artiste et conférencière à l’université de Yale aux États-Unis, où elle réalise une performance intitulée The Fabrication of the Creole Women, qui valorise encore une fois, la pratique textile collective de femmes afrodescendantes.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « The Origin of Others. Réécrire l’histoire de l’art des Amériques, du XIXe siècle à nos jours » en partenariat avec le Clark Art Institute.
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025