Scotton Flavia, Miracco Renato, Crispolti Enrico, Bice Lazzari: l’emozione astratta [Bice Lazzari : l’émotion abstraite], cat. d’exp., Galleria intrenazionale d’arte moderna Ca’Pesaro, Venise [août – septembre 2005], Edizioni Mazzotta, Venise, 2005
→Cortesini Sergio, Bice Lazzari, l’arte misura : ritratto di una pittrice tra Venezia e Roma [Bice Lazzari : l’art comme mesure: portrait d’un peintre entre Venise et Rome], Rome, Gangemi editore, 2002
→Montana Guido, Bice Lazzari : moderna, Galleria Civica, Modène, 1980
Bice Lazzari : la poetica del segno, Museo Novecento, Florence, octobre 2019 – février 2020
→Bice Lazzari, Sotheby’s, Londres, février – mars 2018
→Bice Lazzari, l’equilibrio dello spazio, Museo d’arte contemporanea Roma, Rome, juin – octobre 2011
Peintre italienne.
Figure isolée et solitaire, Bice Lazzari est issue d’une famille d’entrepreneurs et d’architectes de la bonne bourgeoisie vénitienne. En 1916, elle s’inscrit à l’École des beaux-arts de Venise où elle suit les cours de décoration et non ceux de peinture, considérés comme inconvenants pour « une demoiselle de bonne famille » à cause des leçons de nu. À partir de 1925, elle travaille, en tant qu’artiste, dans le domaine des arts appliqués, à l’époque l’un des rares débouchés professionnels à la portée d’une artiste femme désirant être libre de vivre de son travail sans avoir à dépendre économiquement d’un mari. « Seul notre effort laissera demain une trace dans le cours du temps », dit-elle. Ce champ des arts appliqués – regorgeant d’innovations et ouvert aux expérimentations stylistiques – lui offre la liberté de pouvoir mettre en œuvre et étudier les tendances et orientations non-figuratives des arts décoratifs modernes. Pour Lazzari, jusqu’à la fin des années 1930, l’abstraction n’est pas encore un choix intellectuel et programmatique conscient, capable de déterminer une rupture avec la tradition, mais plutôt le produit, résolument avant-gardiste, d’un style de décoration intérieure moderne et fonctionnel, recherché mais toujours ornemental.
En 1935, Lazzari déménage à Rome où elle poursuit sa fructueuse collaboration avec les plus grands architectes et décorateurs de l’époque. Ce n’est qu’après-guerre, en 1949, qu’elle se concentre à nouveau sur sa pratique picturale, indépendamment de toute commande. Ses œuvres des années 1950 sont « l’un des exemples les plus précieux de peinture informelle italienne ».
À partir de 1959, la peinture de Lazzari devient totalement matiériste via l’emploi de matériaux nouveaux comme la colle, le sable et la gouache. Nero e viola est un excellent exemple de cette période heureuse, une œuvre où l’artiste combine la légèreté du signe et la consistance pâteuse des gouaches travaillées au couteau directement sur la toile. Entre 1970 et 1971, l’artiste change complètement de registre pictural et commence à travailler exclusivement avec des peintures acryliques, plus fluides et brillantes. Les œuvres abstraites les plus abouties de cette recherche qui remonte à la moitié des années 1920, datent de cette dernière décennie. Le signe est répété de façon obsessive et rythmée sur la toile monochrome et la composition, malgré sa simplicité géométrique dépouillée, conserve un souffle lyrique unique et original. Ces œuvres de maturité sont d’impeccables équilibres formels où le signe scande rythmiquement l’espace de la toile, capturant l’œil du spectateur dans cette équation parfaite entre espace, temps et mesure.
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou ©Éditions du Centre Pompidou, 2021