Poivert Michel, Le Pictorialisme en France, Paris, Hoêbeke/Bibliothèque nationale de France, 1992.
→Galifot Thomas, Pohlmann Ulrich, Robert Marie (dir.), Qui a peur des femmes photographes ? 1839-1945, cat. exp. (Paris, musée d’Orsay ; musée de l’Orangerie), Paris, Hazan, 2015.
Celine Laguarde, Casino municipal de Nice, 6 – 14 avril 1911
→Qui a peur des femmes photographes Iere partie 1839-1919, musée de l’Orangerie, Paris, 14 octobre 2015 – 24 janvier 2016.
Photographe française.
Récemment redécouverte, l’œuvre de Céline Laguarde s’inscrit dans le premier mouvement artistique de l’histoire de la photographie, dénommé pictorialisme, qui a émergé à la fin du XIXe siècle. Au début du siècle suivant, l’artiste a compté parmi les principales figures au sein du courant français de ce mouvement international.
Basque d’origine et provençale d’adoption, C. Laguarde a majoritairement vécu à Aix-en-Provence. Sa carrière de photographe s’est en partie déroulée dans le sud-est de la France (Marseille et Nice en particulier). En 1901, elle est admise au Salon du Photo-Club de Paris avant d’être, l’année suivante, élue membre de cette association d’amateurs, alors la plus prestigieuse de France. Au contact de ses acteurs, elle développe une prédilection pour les techniques les plus sophistiquées et complexes, au premier rang desquelles la gomme bichromatée. S’imposant par un usage virtuose de ce procédé pigmentaire, elle est louée par la critique tel un pendant féminin et sudiste de Robert Demachy (1859-1936), le chef de file de la photographie artistique en France, qui, le premier, avait donné à ce procédé ses lettres de noblesse.
Parmi les principaux temps forts de la carrière de C. Laguarde, citons son exposition personnelle organisée au casino de Nice en 1911. À cette époque, un tournant est déjà sensible dans son œuvre. Alors que la décennie précédente avait surtout été dominée par les études de figures féminines et, d’une manière générale, par une veine volontiers symboliste, c’est dans le domaine du portrait que la photographe exprime ensuite la part la plus nouvelle de son inspiration. Ses effigies de célébrités masculines des mondes littéraire, artistique, musical et scientifique (Maurice Barrès, Darius Milhaud, Jean-Henri Fabre…) – autant de reflets de ses fréquentations et de la variété de ses centres d’intérêt – sont particulièrement remarquées dans les Salons d’avant-guerre. L’orientation très affirmée dans un tel genre, ajoutée au fait d’être une femme artiste de l’objectif reconnue internationalement, fait de C. Laguarde un cas doublement exceptionnel au sein du pictorialisme français.
Jusqu’à la Première Guerre mondiale, période au-delà de laquelle elle se met presque totalement en retrait du monde de la photographie, les revues internationales spécialisées reproduisent abondamment ses œuvres. Il faut attendre cent ans après les derniers succès de l’artiste pour que le public puisse à nouveau apprécier, dans l’exposition Qui a peur des femmes photographes ? 1839-1919 au musée de l’Orangerie (Paris) en 2015, quelques-unes de ses épreuves originales. L’année suivante, le musée d’Orsay est devenu la seule institution publique détentrice d’un ensemble de photographies de C. Laguarde, provenant pour la plupart de sa collection personnelle. Une exposition consacrée à la redécouverte de cette artiste, de sa vie et de son œuvre encore largement inconnues, est présentée au musée d’Orsay en 2024-2025.
Publication réalisée en partenariat avec le musée d’Orsay.
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