Wismer, Maja (dir.), Charmion von Wiegand. Expanding Modernism, cat. exp., Kunstmuseum Basel, Bâle [2013], Munich / Bâle, Prestel, 2021.
→Hersh, Jennifer Newton, Abstraction, Spiritualism and Social Justice. The Art and Writing of Charmion von Wiegand, thèse de doctorat, City University of New York, New York, 1998.
→Charmion von Wiegand. Her Art and Life, cat. exp., Bass Museum of Art, Miami Beach [février-mars 1982], Miami Beach, Bass Museum, 1982.
Charmion von Wiegand: Spirit and form. Collages, 1946-1963, Michael Rosenfeld Gallery, New York, 10 septembre – 31 octobre 1998.
→Charmion von Wiegand. Her Art and Life, Bass Museum of Art, Miami Beach, février-mars 1982.
→Charmion von Wiegand. Retrospective, Annely Juda Fine Art, Londres 28 mai – 29 juin 1974.
Peintre états-unienne.
Née à Chicago en 1896, Charmion von Wiegand grandit à Berlin avant de vivre à New York, dans le Connecticut et à Moscou. Elle a été journaliste, critique d’art, conservatrice et peintre abstraite. Pendant ses études de journalisme, durant lesquelles elle suit également des cours en histoire de l’art, à Barnard College et à Columbia University à New York, elle se prend d’intérêt pour les cultures et les arts de Chine, d’Inde et de Perse. Si l’essentiel de son œuvre est réalisé entre les années 1940 et 1970, C. von Wiegand a néanmoins exposé ses premiers tableaux dès 1928. Cependant, dans les années 1930, son métier de journaliste et de critique prend le pas sur son activité d’artiste. Son travail autour des théories esthétiques et de l’abstraction pour des magazines d’art comme Art Front et bien d’autres la conduit à rencontrer des artistes, des conservateurs et des conservatrices qui viennent nourrir et façonner son développement artistique. Ses opinions politiques, influencées par ses lectures socialistes, se manifestent dans sa vision de l’art à l’époque : elle est convaincue que celui-ci doit être révolutionnaire et non plus élitiste ou exclusif.
Dans les années 1940, C. von Wiegand reprend progressivement ses activités artistiques. Son intérêt pour le dessin automatique et le biomorphisme se manifeste dans des tableaux tels qu’Ominous Form (1946). À la même époque, elle élabore un langage formel plus géométrique, par exemple dans City Lights (1947), qui évoque l’œuvre de Piet Mondrian (1872-1944) et témoigne de leur intérêt commun pour l’espace urbain. Proche du peintre néerlandais, elle écrit des articles sur son travail et, à partir de 1942, traduit et corrige ses textes jusqu’à sa mort en 1944.
À compter de 1947, C. von Wiegand se plonge dans l’étude de l’art non occidental et de la spiritualité, et correspond avec l’artiste Mark Tobey (1890-1976) autour de leur intérêt pour les cultures et les religions de l’Asie de l’Est. Il s’ensuit une réorientation de son œuvre, visible dès la fin des années 1940. Les tableaux The Great Field of Action or The 64 Hexagrams (1953) ou The Chakras (1958-1959), qui, sans être des objets proprement religieux, témoignent des pratiques spirituelles de l’artiste, dérivent de son étude du taoïsme et du tantra. Dans les années 1960, et plus encore après sa rencontre avec son futur professeur bouddhiste Khyongla Rato Rinpoche en 1967, son œuvre s’éloigne de l’expression tantrique spectrale pour s’emparer des symboles du bouddhisme tibétain, par exemple l’autel dans To the Adi Buddha (1968-1970).
Dans ses œuvres ultérieures, C. von Wiegand réunit les diverses influences de sa pratique ; ainsi, Triptych, Number 700 (1961) peut être considéré comme le sommet de son art. Les multiples facettes de cette artiste, combinées à sa carrière d’autrice et de conservatrice, la rendent inclassable tout en la démarquant. Avant son décès en 1983, C. von Wiegand participe à plusieurs expositions collectives et personnelles, ainsi qu’à des rétrospectives en Europe et aux États-Unis. En 1982, elle reçoit le Lifetime Achievement Award, qui récompense l’ensemble de sa carrière, du Women’s Caucus for Art.