Schorr, Collier, Neigbors, Göttingen, Steidl/Mack, 2006
→Schorr, Collier, Norman Rockwell, Marinia Ariel (trad.), Paris, La Martinière, 1999
→Bonami Francesco, Truce Echoes of Art in an Age of Endless Conclusions, cat. exp., SITE, Santa Fe [18 juillet – 12 octobre 1997], Santa Fe, Site, 1997
Day for night, Modern Art at KOW, Berlin, 8 mars – 18 avril 2021
→8 Women, 303 Gallery, New York, 27 février – 12 avril 2014
→German Faces. Collier Schorr, musée d’Art moderne Berardo, Lisbonne, 19 février – 20 mars 2010
Photographe états-unienne.
Formée à la School of Visual Arts de New York, Collier Schorr intervient dans les années 1990 à un tournant de l’art, quand la photographie devient le médium dominant et se développe en marge des circuits habituels, tels les magazines, la mode, portée par une nouvelle génération de critiques et d’artistes hantés par la jeunesse.
Elle collabore à de nombreux supports presse (Purple ; Frieze ; Dazed and Confused) et contribue à renouveler l’iconographie usée de l’adolescence, en produisant des séries de portraits qui se situent à la lisière entre le réalisme documentaire et la fiction, entre l’intime et la représentation sociale et historique. Souvent qualifiés de conceptuels, ses travaux renvoient à la culture de la guerre, de la violence, aux fantasmes nationalistes : pour son projet Neue Soldatten en 1998, elle juxtapose de vrais documents de l’armée suédoise à des images de faux soldats, interprétés par des adolescents allemands ; ces jeunes hommes réapparaissent en 2001 dans Forests and Fields, affublés d’uniformes de l’armée israélienne, américaine ou de la Weimar. Ces différents dispositifs de falsifications et de détournements du signe militaire questionnent avant tout la manière dont ils circulent dans les images comme dans la sexualité, et conditionnent les formations identitaires.
Ce qui frappe dans ces images, c’est la relation étrange entre l’artiste et ceux qu’elle photographie ; c’est-à-dire ceux qu’elle imagine. « Je crée l’univers d’un garçon depuis l’esprit d’une fille. Je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire d’être un homme, donc je les montre avec une certaine douceur, une forme d’androgynie », dit-elle, indiquant comment ses images déconstruisent la propriété assumée d’un corps, d’un genre, d’un imaginaire.
Son projet, There I Was (2007-2008), est traversé par l’imaginaire américain, la vraie-fausse biographie d’un jeune garçon, Charlie Snyder, photographié par son propre père en 1967, pour un magazine de voitures, avant que l’adolescent ne meurt au Vietnam. À partir de cette incidence indirectement autobiographique, C. Schorr rassemble divers éléments (dessins, documents sous vitrines, photographies) pour produire une sorte de mémorial néoconceptuel du soldat méconnu et disparu.
À travers cet ensemble minutieusement dramatisé, elle regarde au plus près la culture de la guerre en Amérique, inextricablement liée à celle de la fabrication et de l’industrie des images.