Jonathan Kingdon, Origin Africa : A Natural History, Princeton, Princeton University Press, 2023, p. 201.
→L. Perrin et V. Nantume, « African Modernism in America : Manyolo Betty Estelle », American Federation of Arts, 25 octobre 2022, p. 144.
→Evelyn S. Brown, Africa’s Contemporary Art and Artists, New York, Harmon Foundation, 1966
Contemporary African Printmakers, Smithsonian Institution Traveling Exhibition Service, Smithsonian Institution, Washington, et autres institutions culturelles, 1966-1967.
→Art from Africa of Our Time, Phelps-Stokes Fund Headquarters, New York, 24 décembre 1961-31 janvier 1962
→Africa and Art : Celebrating the Independence of Tanganyika, Tanganyika Museum, Dar es Salaam, 1961.
Peintre et graveuse ougandaise.
C’est dans les années 1960 que les œuvres les plus connues d’Estelle Betty Manyolo sont produites et exposées à l’échelle internationale. L’artiste naît à Kampala en 1934 sous le nom d’Estella Betty Babirye Nakayemba Manyolo. « Babirye » est un nom traditionnellement donné à la première de jumelles dans la culture buganda. Enfant, elle passe ses vacances dans le palais du roi Muteesa II, qui règne alors sur le royaume buganda, car les jumelles et jumeaux sont porteur·se·s d’une signification culturelle particulière et ont des rôles spécifiques à jouer au palais. B. Manyolo est formée à l’école Gayaza puis au lycée Gayaza, dont elle est diplômée en 1953. En 1955, elle obtient un certificat à distance de l’université de Cambridge depuis la même école. En 1956, elle s’inscrit au Makerere College pour étudier l’art à la Margaret Trowell School of Industrial and Fine Art. Elle obtient un certificat de beaux-arts en 1958 et poursuit avec un diplôme de beaux-arts en 1960.
Quelques années après la fin de ses études, B. Manyolo se marie et prend le nom de Sangowawa. Elle s’installe avec sa famille au Nigeria, le pays de son mari, où elle travaille en tant qu’enseignante. La famille déménage ensuite en Côte-d’Ivoire. B. Manyolo apprend le français à Abidjan ainsi que lors de voyages en France. Elle retourne en Ouganda de 1973 à 1977 et travaille comme artiste pour le ministère de la Santé à Entebbe, où elle crée divers outils visuels pour le département de santé publique et d’hygiène. Lorsque la situation politique de l’Ouganda se dégrade, elle retourne au Nigeria. Elle travaille comme directrice artistique pour le groupe audiovisuel Nigerian Television Authority pendant douze ans, jusqu’en 1989. Elle passe la dernière décennie de sa vie en Ouganda. En 1999, à l’âge de soixante-quatre ans, B. Manyolo meurt d’un cancer du sein. Elle laisse derrière elle cinq enfants et dix petits-enfants.
Au début des années 1960, lorsque l’œuvre de B. Manyolo est présentée à la Harmon Foundation, son professeur, Cecil Todd (1912-1986), l’introduit en ces termes : « Ses productions les plus joyeuses sont ses linogravures, dans lesquelles son sens de la théâtralité, ses compositions audacieuses et l’usage saisissant qu’elle fait du motif et de la texture ressortent de manière évidente. » Ce style distinctif est profondément inspiré par les décorations murales noires et blanches créées par le peuple bahima (ou hima) dans l’ouest de l’Ouganda et par les peintures rupestres qui se trouvent à Nyero et à Kakoro, dans l’est du pays. De 1961 à 1968, le travail de B. Manyolo est exposé dans différentes institutions étasuniennes et est-africaines. Ses œuvres sont incluses dans une publication éditée par la Harmon Foundation intitulée Africa’s Contemporary Art and Artists (1966), écrite par Evelyn S. Brown. Elle est la seule femme ougandaise à être incluse dans cette publication et la seule dont les œuvres font partie de l’exposition itinérante Contemporary African Printmakers, organisée par le Smithsonian Institution Traveling Exhibition Service, de 1966 à 1967. B. Manyolo illustre les ouvrages Awo Olwatuuka, un livre pour enfants écrit en luganda par Janet Nsibirwa Mdoe, et Ebikoikyo (1961), de Y. R. K. Mulindwa, un recueil d’histoires, de proverbes et de folklore en langues runyoro et rutooro. Son illustration Dance of Death est reproduite dans Origin Africa : A Natural History par Jonathan Kingdon (2023).
Une notice réalisée dans le cadre du projet Tracer une décennie : artistes femmes des années 1960 en Afrique, en collaboration avec la Njabala Foundation
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024