Butcher, Lorena Sun, “I am my art; my paintings are me”: An exploration of the relationship between the art and life of Irene Chou, thèse de doctorat, Griffith University, Queensland (Australie), 2012
→Auyeung, Henry, 嘉圖收藏家系列:周綠雲水墨展 [De la représentation à la révélation : œuvres transitionnelles d’Irène Chou (1950-1990)], cat. expo., Grotto Fine Art, Hong Kong [27 octobre – 13 novembre 2004], Hong Kong, Grotto Fine Art, 2004
→Cheng, Grace, Yeung Kwokfan, Margaret, Chan, Kwanlap et Lee, Chunyi, 宇宙即吾心, 吾心即宇宙:周綠雲作品集 [L’univers est mon cœur, mon cœur est l’univers : l’art d’Irene Chou], cat. expo., Hong Kong Arts Centre, Hong Kong [20 février – 19 mars 2003], Hong Kong, Hong Kong Arts Centre, 2003
萬象之根:周綠雲繪畫藝術展 [Un monde intérieur : œuvre et inspirations d’Irene Chou], Hong Kong Jockey Club, Hong Kong, 25 septembre 2019 – 5 janvier 2020
→游彩人生:周綠雲繪畫回顧展 [Univers de l’esprit : Zhou Luyun (Irene Chou) une exposition rétrospection], University Museum and Art Gallery, University of Hong Kong, Hong Kong, 8 mars – 7 mai 2006
→Irene Chou, Multicultural Community Centre, Brisbane, 2004
Peintre chinoise.
Figure incontournable issue du mouvement New Ink Painting de Hong Kong, Irene Chou invente de nouvelles possibilités pour la peinture à l’encre de Chine grâce à un style dynamique abstrait. Délaissant les paysages métaphoriques traditionnels et les tracés codifiés, elle crée un idiome personnel à partir de lignes calligraphiées et de formes biomorphiques. Son langage visuel singulier explore des thèmes sous-représentés dans la peinture traditionnelle chinoise et liés à l’expérience biologique des femmes, à la complexité de la psychologie humaine ou encore à la sublimité du cosmos. Ces questions qui renvoient à la condition humaine au-delà de tout particularisme culturel consacrent I. Chou comme une voix importante parmi les femmes artistes les plus engagées dans le renouveau par l’abstraction de la peinture à l’encre de Chine au XXe siècle.
Comme nombre de ses compatriotes fuyant l’instabilité politique de la Chine continentale, I. Chou s’exile à Hong Kong en 1949 à l’époque où la ville, alors sous l’autorité de l’empire colonial britannique, est en passe de devenir après-guerre l’épicentre d’un vibrant essor culturel à la croisée de l’Orient et de l’Occident. Elle se forme à la peinture de l’École de Lingnan, un style régional de représentation de la faune et de la flore à l’encre et en couleurs, avant de découvrir le surréalisme, l’expressionnisme abstrait et les théories de l’art occidentales à la lecture de publications étrangères. La convergence des cultures devient une source d’énergie créatrice pour I. Chou qui cherche alors à exprimer son expérience personnelle marquée par son enfance dans les concessions étrangères de Shanghai, les migrations des années de guerre, son mariage et la maternité. Lorsqu’elle découvre dans les années 1960 le potentiel d’abstraction de la peinture à l’encre sous la férule de son mentor, Lui Shou Kwan (1905-1998), pionnier du mouvement New Ink, I. Chou entreprend d’explorer les possibilités qu’offre la ligne pour traduire le rythme et le mouvement. Ses recherches se manifestent dans la création de formes biomorphiques fluides évocatrices des mécanismes du sexe, de la grossesse, de l’accouchement et de l’introspection. I. Chou fait de la sphère un motif de prédilection dans la représentation de son univers psychologique.
En 1991, I. Chou est victime d’un grave accident vasculaire cérébral qui manque de mettre fin à sa carrière mais elle se rétablit grâce à la pratique du qi gong, une gymnastique chinoise ancienne favorisant la circulation de l’énergie corporelle. Les longues périodes de méditation auxquelles elle s’adonne dans le cadre de ces exercices suscitent en elle un nouvel intérêt pour la création cosmique et les philosophies métaphysiques chinoises. Après avoir émigré en Australie, I. Chou renoue avec la peinture et exécute des travaux de grand format à partir de vigoureux tracés circulaires et de jeux d’encre désinhibés tirés d’une technique de son invention, l’impact structural stroke, consistant à projeter l’encre sur son support dans un geste cathartique qui introduit une part de hasard dans son travail. Œuvres de la maturité intrinsèquement liées à la plasticité de l’encre de Chine et du pinceau, les Universe Paintings d’I. Chou embrassent l’abstraction gestuelle, alliant structure et spontanéité dans la recherche de l’harmonie spirituelle entre sa subjectivité et le macrocosme de la vie.
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, musée national d’Art moderne, galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou © Éditions du Centre Pompidou, 2021