Jennifer Tee, Tampan Tulip, Seasonal Work, Vienne/Rotterdam, Secession/Kunstinstituut Melly, 2022.
→Jennifer Tee, Structures of Recollection and Perseverance, Londres, Kunstraum, 2017.
→Jennifer Tee, The Soul in Limbo, Amsterdam, Roma Publications, 2015.
Still Shifting, Mother Field, Sécession, Vienne, 16 septembre – 6 novembre 2022 ; Kunstinstituut Melly, Rotterdam, 20 janvier – 21 mai 2023.
→Let It Come Down, Camden Art Centre, Londres, 2 juillet – 17 septembre 2017.
→Tulip Palepai, Rijksmuseum, Amsterdam, 17 février – 21 mai 2017.
Artiste multidisciplinaire néerlandaise.
Jennifer Tee est engagée dans une large gamme de médiums – installations haptiques, performances, photographie et sculpture –, toutes ces pratiques artistiques étant enracinées dans les philosophies spirituelles, les savoirs ancestraux, les traditions artisanales et l’héritage précolonial qu’elle puise dans ses origines néerlando-indonésiennes.
J. Tee étudie à la Rijksakademie van beeldende kunsten, au Sandberg Instituut et à la Gerrit Rietveld Academie, à Amsterdam. Elle vit et travaille à Amsterdam. L’histoire de cette ville, centre marchand et impérial qui a pendant des siècles organisé le commerce et les conquêtes à travers l’Océan, joue un rôle important dans la pratique de l’artiste, parallèlement aux histoires de sa propre famille. Le père de J. Tee a en effet voyagé depuis l’Indonésie jusqu’aux Pays-Bas en bateau dans les années 1950 et son grand-père maternel, exportateur de bulbes de tulipes, naviguait régulièrement jusqu’aux États-Unis. Ses œuvres sont une réponse à l’expérience de l’hybridité culturelle, à la mémoire diasporique et à la manière dont les routes commerciales ont déplacé tout autant que relié les peuples, les marchandises et les objets entre différents espaces.
L’artiste médite depuis longtemps sur l’idée de l’âme comme carrefour, ce qui lui permet d’étudier les écologies culturelles et les systèmes de savoir sacré appliqués à la mesure du temps, à l’infini et à la finitude, à la mort et à l’au-delà, à l’individu et au cosmos. Ses œuvres récentes prennent la forme de sculptures et de performances in situ associant l’écopoétique, la vie des arbres, les histoires des migrations et la question des droits liés au sol.
La rencontre de J. Tee avec les textiles tampan et palepai, connus par les Européens pour être ornés de représentations de bateaux, l’a menée à une recherche au long cours. Renouvelant des motifs emblématiques en collant des pétales de tulipes pressées, l’artiste rend hommage à des histoires ancestrales et à la récurrence des voyages. Avec la série Tampan Tulip, qui continue de s’étendre depuis 2016, le bateau devient un lieu de transfiguration qui résonne comme un leitmotiv culturel et comme un principe structurant dont elle redéfinit le rôle dans les sociétés littorales, au-delà de la puissance maritime. Les tissus tampan révèlent la corrélation intrinsèque entre le chargement du bateau et le foyer comme unités sociales indicatives à la fois de leur contenant et de leur contenu. S’agissant de textiles de cérémonie, les illustrations qu’ils portent instaurent aussi un lien avec la sphère du divin. J. Tee se reconnecte à son héritage sino-indonésien par le biais de voyages à Sumatra elle étudie les textiles conservés dans les collections impériales et elle cueille des tulipes lors de la pleine saison aux Pays-Bas.
Les différents projets internationaux de J. Tee ont été présentés aux Biennales de São Paulo, de Gwangju et d’Istanbul ainsi qu’à Manifesta 11, à Zurich. Elle a reçu de nombreux prix pour son œuvre, dont le prix pour les Arts d’Amsterdam (2020), le prix artistique Cobra (2015) et le prix Nouvelles Images (2003). Des expositions individuelles lui ont été consacrées au au Camden Art Centre (Londres, 2017), Bonner Kunstverein (Bonn, 2017-2018), au Rijksmuseum (Amsterdam, 2017), à la Sécession (Vienne, 2022) et au Kunstinstituut Melly (Rotterdam, 2023).
Une notice réalisée dans le cadre du programme +1.
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