Karina Bisch et Nicolas Chardon, Modern Lovers, cat. exp., MAC VAL, Vitry-sur-Seine, mars-novembre 2022, Paris et Vitry-sur-Seine, MAC VAL et CONNOISSEUR, 2022
→Karina Bisch, Elle peint, Paris, CONNOISSEURS, 2017
→Karina Bisch, Arlequine, cat. exp., Galerie des Galeries, Galeries Lafayette, Paris, mars-mai 2015, Paris, Bernard Chauveau, 2015
Les Tableaux vivants, Centre d’art de l’Onde, Vélizy-Villacoublay, octobre-décembre 2017
→Arlequine, Galerie des Galeries, Galeries Lafayette, Paris, mars-mai 2015
→Mathematicus Groteske, FRAC Aquitaine, Bordeaux, janvier-mars 2008
Peintre française.
La pratique de Karina Bisch repose sur une expérience de la peinture qui se joue de son autonomie comme de ses limites, traversant d’autres médiums (sculpture, installation, performance, dessin) pour se « recycler » et affirmer une vitalité peu commune. Pour son diplôme aux Beaux-Arts de Paris, en 2000, ses peintures reprennent en grille des motifs architecturaux. Dès 2006, suite à sa résidence à la Rijksakademie, à Amsterdam, sa peinture repose sur une relecture approfondie et personnelle des avant-gardes historiques du XXe siècle et en reprend l’idéal de fusion de l’art et de la vie, notamment par le biais du décoratif, alors délesté de toute connotation péjorative.
Suite à d’importantes recherches iconographiques, la peinture devient le moyen de s’approprier l’histoire par le quotidien. Il importe à l’artiste de « matérialiser les images, de les rendre littéralement concrètes » (cette citation, comme celles qui suivent, reprennent ses termes dans des entretiens, conversations ou écrits). Elle travaille souvent à partir de productions d’artistes femmes trop peu reconnues et/ou jusqu’alors moins considérées – ainsi une mosaïque de Sonia Delaunay (1885-1979) dans une piscine de Vitry-sur-Seine (Sonia Delaunay, 2010) ou les motifs de tissage d’Anni Albers (1899-1994) (Triangles (to Anni), 2014). K. Bisch évite tout formalisme par le recours à des moyens techniques permettant une grande rapidité d’exécution : l’enjeu de sa pratique consiste à « comprendre comment cela fonctionne », notamment par un double geste de reprise et de déplacement.
Loin de toute « relecture nostalgique ou référentielle », l’artiste démultiplie les associations, libère les formes du passé de leurs assignations sémiotiques et symboliques. Simultané (2010) reprend un paravent éponyme de S. Delaunay installé dans la boutique de Jacques Heim pendant l’Exposition internationale de 1925 à Paris, mais cette fois sur des tissus wax, souvenir de l’enfance de K. Bisch en Afrique ; sur l’autre face du paravent, les motifs d’un corps dansant de Rudolf von Laban. Des peintures de grand format, les Tableaux vivants, dans l’exposition du même nom à l’Onde, à Vélizy-Villacoublay, en 2017, ou ses récents Tableaux de tissus recombinent des motifs modernistes de façon toujours nouvelle.
« Toujours comme peintre », K. Bisch orchestre nombre de performances, que ce soit au sein d’une exposition (The Question of Times, 2008) ou d’une sculpture monumentale (Kiosk, commande publique à Lyon, 2013). Elle les reprend simultanément dans l’exposition collective Tableaux organisée par Vincent Honoré au Magasin de Grenoble en 2011. Avec Le Témoin (2013), pièce de théâtre réalisée à partir de sources chorégraphiques et littéraires (Parade des Ballets russes dirigés par Serge de Diaghilev, L’Après-midi d’un faune de Nijinsky, etc.), elle affirme le rôle des spectateur·rice·s comme acteur·rice·s de l’histoire, loin de la passivité qui leur est trop souvent associée. Dans un même désir de suppression des hiérarchies, des robes et tuniques portées par des mannequins transforment l’espace d’exposition en scène, comme dans l’exposition Arlequine à la Galerie des Galeries, Galeries Lafayette de Paris, en 2015. Par le décoratif, l’art « aide à vivre », dans tous les sens du terme : c’est ce que K. Bisch démontre avec le projet PAINTING FOR LIVING (dès 2012), dans le cadre duquel elle réalise foulards en soie, robes, sacs et t-shirts, des « peintures-à-porter ». De même, elle aménage l’intérieur et l’extérieur de la péniche Amours, ouverte à la location en association avec Le Voyage à Nantes en 2019. Avec l’artiste Nicolas Chardon (né en 1974), elle initie une série d’expositions et d’œuvres sous le nom « There Is A Love Affair Between The White Cube And The Black Square » entre 2005 à 2011, puis, depuis 2017, codirige la plateforme éditoriale et curatoriale CONNOISSEURS.
Une notice réalisée dans le cadre du programme +1.
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