Householder Johanna (dir.), Loneliness in the boundaries: Melati Suryodarmo, cat. expo, Cemeti Art House, Yogyakarta (2006), Yogyakarta, Cemeti Art House, 2006
Loneliness in the Boundaries, Cemeti Art House Jogiakarta, Indonesia, 2006
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Solitaire, Valentine Willie Fine Arts, Kuala Lumpur, Malaisie, 2008
→I am a ghost in my own house, Lawangwangi Art foundation, Bandung, 2012
Plasticienne et performeuse indonésienne.
Melati Suryodarmo est la figure de proue de la performance de longue durée en Indonésie. Elle naît à Solo, au centre de Java, d’une mère danseuse traditionnelle et d’un père professeur d’Amerta, une forme d’art du mouvement dansé. Dès son plus jeune âge, M. Suryodarmo est plongée dans un monde d’art et de cultures diverses et apprend plusieurs types de méditation, dont le Sumarah, une forme de méditation locale dont l’objectif est de développer les sens et l’acceptation à travers une relaxation profonde du corps, des sensations et de l’esprit. Il n’est donc pas surprenant de retrouver dans ses œuvres contemporaines des traces de ce patrimoine culturel au sein duquel elle est éduquée.
Très tôt, et bien qu’elle n’imagine pas encore devenir une artiste, le théâtre et le cinéma sont ses sources d’inspiration. Elle choisit d’abord d’étudier les sciences politiques et sociales à l’université Padjadjaran de Bandung. En 1994, elle s’installe en Allemagne, où sa vie prend un nouveau tournant lorsqu’elle rencontre par hasard le célèbre danseur de butō et chorégraphe japonais Anzu Furukawa à Braunschweig. En tant que professeur de performance dans la section des arts plastiques de la Hochschule für Bildende Künste de Braunschweig, A. Furukawa nourrit l’intérêt de M. Suryodarmo pour le corps en tant que source et réceptacle de vie et la convainc de poursuivre ses études à l’université. Elle y étudie donc de 1991 à 2002 sous la direction d’A. Furukawa et de l’emblématique performeuse de longue durée Marina Abramović. Elle obtient son diplôme de troisième cycle en 2002.
Les performances de M. Suryodarmo abordent le lien entre le corps humain, sa culture d’origine et son environnement immédiat. Bien que l’influence de ses deux mentors soit évidente dans la durée de ses œuvres, celles-ci s’en distinguent par le fait qu’elles se nourrissent de sa propre expérience. À travers l’usage de signes et d’éléments de sa culture tels que les masques et la danse, elle ouvre de nouvelles perspectives dans l’art de la performance contemporaine. On retrouve également cette tendance lorsqu’elle est nommée directrice artistique de la Biennale de Jakarta de 2017, à l’occasion de laquelle elle apporte un renouveau à l’art contemporain indonésien en faisant appel à des bissu (chamanes) du sud des îles Célèbes. Ses travaux les plus emblématiques de ces deux dernières décennies sont Exergie – Butter Dance (2000), I Love You (2008), Solitaire (2008), I’m a Ghost in My Own House (2012) et Behind the Light (2016).
Fortes d’un réseau de plus en plus étendu internationalement, les bases et la portée des explorations et expérimentations artistiques de M. Suryodarmo s’élargissent, bien que le corps demeure le centre de sa pratique. L’impact et le potentiel transformatif de telles performances deviennent de plus en plus profonds dans la société, et l’objectif de M. Suryodarmo est de partager son expérience, son savoir et son réseau avec les nouvelles générations indonésiennes et internationales. Dans cette perspective, elle collabore avec des artistes multiculturels et institutions artistiques à travers son pays, comme Padepokan Lemah Putih ou l’atelier Plesugan à Solo (Indonésie), où elle organise chaque année depuis 2007 le Performance Art Laboratory Project et la manifestation artistique « Undisclosed Territory ». Grâce à sa démarche, œuvrant à redéfinir le cercle de l’intime tout en y intégrant un monde plus large, M. Suryodarmo répand l’espoir autour d’elle et au-delà.