De Vries, Ellen, Nola Hatterman, Geen kunst zonder kunnen, Amsterdam [Nola Hattermann, pas d’art sans savoir-faire], Amsterdam, Waanders Uitgevers, 2021.
→De Vries, Ellen, Portret van een eigenzinnig Kunstenares [Portrait d’une artiste décalée], Amersfoort, Klapwijk & Keijsers, 2017
Woman’s Palette 1900–1950, Kunsthal, Rotterdam, 24 décembre 2022 – 10 avril 2023
→Surinamese School: Painting from Paramaribo to Amsterdam, Stedelijk Museum, Amsterdam, 12 décembre 2020 – 11 juillet 2021
→Masterly Women: Ten Avant-Garde Artists That Are a Must See, Stedelijk Museum, Schiedam, 15 juin – 8 septembre 2019
Peintre et actrice néerlandaise.
Nola Hatterman n’a jamais étudié dans une école d’art, mais elle prend des cours particuliers, notamment de dessin, en même temps qu’elle étudie le théâtre entre 1915 et 1918 à la Toneel Academie, une école d’art dramatique à Amsterdam. En 1919, active comme comédienne, elle fait aussi ses débuts de peintre en participant à une exposition organisée par le collectif artistique De Onafhankelijken [Les Indépendants]. Au milieu des années 1920, elle décide de mettre un terme à sa carrière d’actrice pour se dévouer entièrement aux beaux-arts.
N. Hatterman est née à Amsterdam, fille unique d’une famille aisée engagée dans des activités coloniales – son père est comptable pour une compagnie d’import-export aux Indes orientales néerlandaises. Dans les années 1930, elle est introduite aux idées de l’activiste anticolonialiste surinamais Anton de Kom, auteur de Wij slaven van Suriname [Nous, esclaves du Suriname, 1934], et du leader communiste Otto Huiswoud. Elle se rapproche aussi de plusieurs jeunes modèles et étudiant·es en art surinamais·es venu·es travailler et étudier aux Pays-Bas.
La discrimination, le colonialisme et les efforts de résistance à ces phénomènes deviennent des thèmes centraux de l’œuvre de N. Hatterman. Ses portraits sont exclusivement ceux de personnes noires, représentées d’une manière digne et non stéréotypée. L’une de ses peintures les plus connues, Op het terras [Sur la terrasse, 1930], conservée dans les collections du Stedelijk Museum à Amsterdam, représente un élégant sujet nommé Louis Richard « Lou » Drenthe, modèle et musicien. Avec lui, N. Hatterman a de nombreuses discussions sur la situation du Suriname colonial – qui ne deviendra pleinement indépendant des Pays-Bas qu’en 1975 – et sur les atrocités qui y sont commises par les Néerlandais.
En 1953, l’artiste emménage au Suriname et devient enseignante d’art au Stichting Cultureel Centrum Suriname [Centre culturel du Suriname] à Paramaribo. Elle développe une profonde relation artistique avec Armand Baag (1941-2001), l’un de ses premiers étudiants. N. Hatterman devient ensuite directrice de la School van Beeldende Kunst [École des beaux-arts] de Paramaribo et demeure dans le pays jusqu’à son décès tragique dans un accident de voiture en 1984. Après sa mort, ses étudiants créent le Nola Hatterman Institute (aujourd’hui Nola Hatterman Art Academy) à Fort Zeelandia (Paramaribo).
L’œuvre et les enseignements de N. Hatterman ont eu un grand impact sur la culture et l’identité visuelles du Suriname. Le fait qu’elle était une femme blanche vivant dans une nation colonisée ne doit cependant pas être ignoré. En effet, son œuvre et sa vision artistique ont fréquemment été questionnées et critiquées tant par les colons néerlandais que par certain·es de ses étudiant·es surinamais·es.
Une notice réalisée dans le cadre du projet “Related” : Pays-Bas – Caraïbes (XIXe siècle – aujourd’hui)
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023