Amanda Herold-Marme, « Roberta González : un parcours artistique forgé par la guerre », Art&Sociétés, n°73, 2014
→Amanda Herold-Marme, Roberta González : une artiste de l’entre-deux, mémoire de master 2 sous la direction d’Arnaud Pierre, Sorbonne Université, 2010
→Vicente Aguilera Cerni, Julio, Joan, Roberta González. Itinerario de una dinastía, Barcelone, Polígrafa, 1973
→Catherine Valogne, Roberta González, Paris, Le Musée de Poche, 1971
Roberta González, Musée national d’art moderne-Centre Pompidou, Paris, avril 2024-mars 2025
→Roberta González, una pequeña colección madrileña, Museo de Arte Contemporáneo Conde Duque, Madrid, octobre 2023-septembre 2024
→Roberta González, l’art de voler de ses propres ailes, galerie Espace des Femmes, Paris, sept. 2022, dans le cadre des Journées du Matrimoine 2022, dont R. González a été élue la figure phare
→Roberta y Julio González, IVAM Centre Julio González, mars-juin 2012
Peintre et dessinatrice franco-espagnole.
Active sur la scène parisienne puis internationale à partir des années 1930, Roberta González baigne dans l’art dès son plus jeune âge. Abandonnée par sa mère, elle grandit à Paris dans une enclave catalane à Montparnasse avec son père, le sculpteur Julio González (1876-1942), et ses tantes, qui travaillent dans la mode et l’artisanat. Elle commence sa formation à l’Académie Colarossi à la fin des années 1920. Son œuvre de jeunesse s’inspire de celle de son père. Puis, d’une œuvre réaliste, elle s’aventure vers l’avant-garde au milieu des années 1930 ; ses angles tranchants et ses déformations surréalistes expriment son désarroi face à l’injustice de la guerre d’Espagne.
Sa première exposition se tient en 1939 à la galerie Henriette, à Paris, avec le peintre allemand Hans Hartung (1904-1989), qui sera son époux pendant plus de dix ans. La Seconde Guerre mondiale entraîne le couple en exil dans le Lot, H. Hartung étant considéré comme un traître par les Allemands. La pire épreuve de la guerre pour la jeune femme est le décès inattendu de son père, en 1942.
En 1945, de retour à la capitale, R. González replonge dans une scène parisienne transformée avec l’objectif de s’affirmer comme créatrice indépendante. Avec H. Hartung, devenu chef de fil de l’abstraction lyrique, elle fréquente les Soulages, les Schneider, les Klein, les Zervos. Les portraits de femmes contemplatives qu’elle réalise alors sont à l’image de l’artiste, en quête d’un style qui fasse la synthèse entre la figuration et l’abstraction. Elle élabore un vocabulaire plastique composé de signes figuratifs – profils, nus féminins, flèches, yeux, soleils, oiseaux – mais aussi géométriques qui coexistent dans un espace indéfini, souvent sur fond de plages de peinture appliqués en coups expressifs, à la manière de Chant sombre (1960). Elle réalise aussi une série de masques dont le regard perçant contraste avec les couleurs vives employées, par exemple dans Masque (1965).
R. González fait l’objet d’expositions personnelles dans des galeries parisiennes, entre autres chez Jeanne Bucher, chez Nina Dausset et à la Galerie de France. L’État français acquiert ses œuvres, qui sont également reconnues par la critique, notamment par une mention au prix Hallmark de peinture en 1949. À partir des années 1960, elle vit entre la région parisienne et sa maison-atelier à Bormes-les-Mimosas (Var), une villa moderniste construite à partir de ses propres plans. Ses recherches aboutissent à de grands tableaux dynamiques et colorés, régis par la dualité, par exemple Portraits de famille no2 (1969). Qu’il s’agisse de peinture, de dessin, de sculpture ou de livre illustré, son œuvre se nourrit de la synergie des contrastes : figuration/abstraction, immobilité/mouvement, mélancolie/joie, ombre/lumière, humain/animal.
Ses œuvres sont conservées dans des collections particulières et institutionnelles internationales, notamment en France (MNAM, Fondation Maeght, González Administration), en Espagne (IVAM, MNAC), en Allemagne (Sammlung Domnick) et aux États-Unis (Davis Museum at Wellesley College).
Une notice réalisée avec le concours de la González Administration.