Stern, Yael, “Disrupting Holy Binaries: The Work of Gil and Rona Yefman”, in Imagined Israel(s): Representations of the Jewish State in the Arts, Giansante, Rocco et Goldbergs, Luna (dir.), Leiden, Brill Publishing, 2023
→Tamir, Chen and Seligman, Rachel, Staring Back at the Sun: Video Art from Israel, 1970-2012, New York, The Frances Young Tang Teaching Museum, 2019
→Yefman, Rona, Let it Bleed, Los Angeles, Little Big Man, 2016
Artiste pluridisciplinaire israélienne.
Rona Yefman obtient une licence en beaux-arts spécialité photographie à l’académie d’art et de design Bezalel en 1999 et un master d’art à l’université Columbia de New York en 2009. Elle est active sur la scène artistique israélienne et internationale depuis la fin des années 1990. Elle occupe un poste de tutrice au sein du département de troisième cycle d’études d’art à l’université Columbia depuis 2014 et intervient en tant que maîtresse de conférences à l’académie Bezalel et à la Musrara Naggar School of Art and Society depuis 2018.
R. Yefman se sert de son art pour s’affranchir des conventions et traiter de problématiques sociales et politiques épineuses, qu’elle aborde à travers ses propres expériences et des recherches approfondies et scrupuleuses. Elle est l’une des premières artistes israéliennes à aborder la question de la fluidité de genre et continue de raconter les histoires de personnes à la marge et de défier les idées établies sur la société et les pratiques artistiques. R. Yefman recherche les situations et les personnalités les plus excessives qui incarnent ce vent de liberté, et est fascinée par le fossé qui sépare qui nous sommes de qui nous aimerions être. L’artiste entretient des liens proches avec ses modèles et explore avec eux des manières différentes d’éveiller les corps et de faire ressortir le moi intime à travers la construction de divers personnages.
Sa première collaboration, Let it Bleed (1996-2010), se fait avec son frère cadet Gil Yefman (né en 1979), qu’elle photographie depuis 1998 afin d’illustrer leur relation fusionnelle et leur désir partagé de vivre en dehors des normes. La partie la plus délicate et complexe de ce travail se déroule entre 2001 et 2010. Au cours de cette période, l’artiste documente la transition de Gil d’homme à femme, puis sa transition inverse vers le sexe masculin. Cette œuvre remet non seulement en question les notions de rôles genrés et familiaux, mais raconte également un voyage archéologique de l’intime qui met en lumière la nature symbiotique de leur collaboration artistique.
Dès l’enfance, R. Yefman s’identifie fortement à l’héroïne d’Astrid Lindgren, Fifi Brindacier. Pour sa série Pippi L. (2006-2010), elle collabore avec la musicienne et performeuse danoise Tanja Schlander (née en 1974) afin de transformer le personnage de littérature enfantine en héroïne des temps modernes. En se basant sur l’autoproclamation de Fifi, « Je suis la petite fille la plus forte du monde ! », R. Yefman met en scène les tentatives absurdes de T. Schlander de déplacer l’énorme mur en béton qui sépare Israël et la Cisjordanie.
Son œuvre Martha Bouke (2002-2011) documente sa longue collaboration avec un survivant de l’Holocauste de 80 ans qui a adopté une identité féminine, physiquement et mentalement. Cette série interroge l’image conventionnelle que la société se fait d’un vieil homme et met au défi le mythe du traumatisme juif.
La photographie de R. Yefman met en lumière l’humanité de ses sujets et, ce faisant, façonnent de nouveaux modèles d’identité susceptibles d’engendrer des changements positifs basés sur la reconnaissance et l’acceptation.
R. Yefman a exposé à la SIC Gallery d’Helsinki (2015), à l’Oslo Kunstforening (2019), au musée d’Art de Haïfa (2021), ainsi qu’au CCA Tel Aviv-Yafo (2022). Ses œuvres ont intégré les collections du musée d’Israël de Jérusalem, la Collection Zabludowicz à Londres et celles du Weatherspoon Art Museum de Greensboro.
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