Dávila, Eduardo Sebastián, « Beneath the Second Skin. Mayan textiles and bodies in the art of Manuel Tzoc and Sandra Monterroso, » Special issue Bodies/Fashions in the Américas 2, MIRADAS – Journal for the Arts and Culture of the Américas and the Iberian Peninsula, n° 6, 2022, p. 104–125
→Barbosa, M. Emilia, « Auto-ethnographic Performance and Self-Empowerment in Sandra Monterroso’s Lix cua rahro/Tus tortillas, mi amor (2004), » Otherness: Essays and Studies, vol. 8, n° 3, décembre 2021, pp. 77-103
→Garzón, Sara, « Sandra Monterroso: Cultural Subversions. A Reflection on Indigenous Contemporary Art in Guatemala, » Hemispheres: Visual Cultures of the Americas, vol. 8, 2015, pp. 6-25
Sandra Monterroso: The Healing Paradox, Sicardi | Ayers | Bacino, Houston, 26 janvier – 16 mars 2023
→Altar para Pájaros, Instituto de Visión, New York, 24 mars – 14 mai 2022
→Dyed in the Wool, Cecelia Burnson Projects, London, 19 June–30 August 2020
Artiste multimédia guatémaltèque.
Sandra Monterroso explore son héritage maya q’eqchi’ par une pratique artistique multiple, qui questionne les impacts durables du colonialisme sur la culture sociale et politique guatémalienne. Sa conscience de ses racines autochtones s’est aiguisée dans l’adolescence, à la suite du décès de sa grand-mère maternelle. S. Monterroso travaille divers médiums pour évoluer à travers ce qu’elle appelle une « image incertaine », située au cœur des histoires autochtones et coloniales.
Au cours de sa formation, elle passe par l’Universidad Rafael Landívar (Bachelor of Arts, Guatemala, 2001), l’Universidad Popular Autónoma del Estado de Puebla (Master of Arts, Mexique, 2007) et l’Akademie der bildenden Künste de Vienne (doctorat, Autriche, 2020). Des résidences artistiques en Suède et au Mexique contribuent à enrichir sa perspective ouverte à l’échelle mondiale. Elle commence cependant à véritablement s’intéresser aux savoirs autochtones en réponse aux tentatives d’effacement du langage et des traditions durant la guerre civile guatémalienne (1960-1996) et au génocide subséquent du peuple maya.
L’œuvre de S. Monterroso agit comme un voyage dans le temps, à la recherche d’une compréhension plus profonde de ses guides spirituels, les Aj’guijs, et use souvent du jeu avec le langage comme d’une forme de résistance. Dans la vidéo Lix Cua Rahro / Tus tortillas mi amor [Tes tortillas, mon amour, 2003-2004], l’artiste parle q’eqchi’, mais superpose des sous-titres espagnols et anglais, ce qui souligne le lien entre perte du langage et violence coloniale. En se concentrant sur le processus physique et langagier de la fabrication des tortillas, une technique transmise de mère en fille, elle rend visible le fil intangible qui relie les traditions du passé au présent par le biais des formes incarnées de savoir. Dans l’installation Rokeb’ iq’ / Viento [Vent, 2014], présentée à la Biennale de Venise de 2015, S. Monterroso présente un autoportrait photographique où, parée d’un huipil (vêtement autochtone traditionnel) d’Alta Verapaz, elle a la bouche couverte d’un ruban adhésif sur lequel est inscrit : « Aa’o ink’a’ nokoxik » [Nous ne partirons pas]. L’image est accompagnée d’un enregistrement sonore de l’artiste lisant un poème en q’eqchi’, mettant ainsi en avant l’histoire de la silenciation des voix indigènes tout en affirmant leur résilience.
Les textiles sont un aspect majeur de la pratique performative et sculpturale de S. Monterroso, qui révèle les esthétiques complexes des techniques indigènes, comme les procédés de teinture et de tissage, et aborde les manières dont elles ont été affectées par les histoires coloniales. Des œuvres comme El agua se volvió oro, el río se volvió oro, el oro se volvió azul [L’eau devint or, la rivière devint or, l’or devint bleu, 2019] dénoncent l’exploitation des ressources naturelles – dans ce cas, de l’indigo – causée par la demande européenne comme une autre blessure coloniale.
S. Monterroso jouit d’une reconnaissance internationale, ce qui la conduit à représenter le Guatemala lors de plus de douze biennales et de nombreuses expositions individuelles, dont Dyed in the Wool à la galerie Cecilia Brunson Projects, à Londres (2020), et Threads of Memory à la Sicardi Ayers Bacino, à Houston (2020). Ses œuvres font partie d’importantes collections permanentes à travers le monde, dont la Essex Collection of Art from Latin America (ESCALA) au Royaume-Uni, le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía (MNCARS) en Espagne, le Museo de Arte y Diseño Contemporáneo (MADC) au Costa Rica et la Fundación Ortiz Gurdian au Nicaragua. Elle vit et travaille à Guatemala, où elle continue de contribuer aux débats critiques sur la violence coloniale et sur la résistance à travers l’art.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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