Migishi Setsuko ten, botsugō jūnen kinen: Kokoro no tabiji, mankai no sakura no moto ni [Setsuko Migishi, dix ans plus tard. Un voyage du cœur, un cerisier en fleurs], Tokyo, Asahi Shinbunsha, 2010.
→Migishi Setsuko ten, seitan 100-nen kinen: Eien no hana o motomete [Setsuko Migishi, centenaire : à la recherche des fleurs éternelles], cat. exp., Tokyo, Asahi Shinbunsha, 2005.
→Migishi Setsuko sakushinshū [Le travail de Setsuko Migishi], Tokyo, Bijon Kikaku Shuppansha, 1991.
The Shell Trip: Migishi Kotaro and Setsuko, Migishi Kotaro Museum of Art, Hokkaido, 26 juin – 1er septembre 2021
→Setsuko Migishi: 70 Years of Painting, Tokyu Shibuya, Tokyu Sapporo and Mitsukoshi Niigata, 1996-1997
→Setsuko Migishi: A Retrospective, National Museum of Women’s Art, Washington, D.C., 1991
Peintre japonaise.
Setsuko Migishi est non seulement une grande peintre japonaise de style occidental (yoga) mais elle a aussi joué un rôle pionnier en s’imposant comme artiste femme. Elle débute dans le monde de l’art à l’âge de vingt ans et ne cesse de peindre pendant plus de soixante-dix ans, jusqu’à sa mort à quatre-vingt-quatorze ans.
Initialement formée par Saburosuke Okada (1869-1939), elle poursuit ses études à l’École des beaux-arts pour jeunes filles (aujourd’hui Joshibi) à Tokyo. C’est pendant ces années-là qu’elle fait la connaissance d’un jeune peintre, Kotaro Migishi (1903-1934), dont l’esprit indépendant l’attire bien plus que le style académique de ses maîtres. Elle l’épouse à la fin de ses études et aura avec lui trois enfants pendant leurs dix années de vie commune, auxquelles la mort de K. Migishi en 1934 mettra brutalement fin. Le couple vit dans une relative pauvreté : des années difficiles pour S. Migishi, qui a la charge de s’occuper de ses enfants et de sa belle-famille mais qui continue à peindre sans répit. Achevé en 1925, année où elle a son premier enfant, Autoportrait est accepté avec quelques autres toiles au salon Shunyokai, fondé en 1922.
Après la mort de son mari, S. Migishi mûrit progressivement son style, avec des intérieurs ou des natures mortes aux couleurs vives et subtiles où transparaît l’influence d’Henri Matisse (1869-1954) ou de Pierre Bonnard (1867-1947). Pendant la guerre, elle se consacre entièrement à des scènes d’intérieur, qui forment l’essentiel de sa première exposition monographique, organisée en septembre 1945 à la galerie Nichido du quartier de Ginza, à Tokyo, épargnée par les bombes. En 1946, année où le droit de vote est accordée aux femmes au Japon, elle fait partie des fondatrices de l’Association des femmes peintres, organe indépendant qui garantit une participation à ses expositions sans jury, et noue des amitiés avec des écrivaines de renom comme Sakae Tsuboi ou Fumiko Hayashi.
Juste après la guerre, S. Migishi est frappée par les couleurs de P. Bonnard aperçues dans un album de reproductions feuilleté à l’ambassade de France. En quête du « rendu de la vie intérieure », sa peinture évolue alors, délaissant les arabesques et les lignes décoratives pour une expression plus réaliste qui cherche à saisir la vie qui émane de l’intérieur de toute chose. Après sa rencontre avec le peintre Keisuke Sugano (1909-1963), qui devient son deuxième compagnon, la peinture de S. Migishi connaît une nouvelle métamorphose, passant du lyrisme à des compositions dépouillées et à des formes simples. Alors que les couleurs chaudes comme le rouge ou le jaune dominaient ses toiles jusqu’alors, elle se met à privilégier les bruns, noirs, blancs et gris dans une maîtrise renouvelée – un style qui vaut à à l’artiste une véritable reconnaissance. En 1950, Nature morte (Poisson rouge) est primé et acheté par le ministère de l’Éducation. Son champ d’action s’étend alors progressivement à l’étranger : en 1951, elle est choisie pour représenter le Japon à la Ire Biennale de São Paulo ; en 1952, elle participe au Salon de mai à Paris et à la XVIIIe Exposition internationale de Pittsburgh (actuelle exposition d’art contemporain Carnegie International).
S. Migishi ne s’arrête pas en si bon chemin. Son premier voyage en France, en 1954, la convainc de l’importance de se confronter à la peinture moderne en tant que Japonaise. Pour ce faire, elle élit domicile successivement dans un chalet à Karuizawa, dans un autre à Ooiso (département de Kanagawa) avec vue sur la mer, dans le sud de la France à Cagnes, dans le petit village breton de Véron et de nouveau à Oiso, pour reproduire les paysages et les intérieurs de chacun de ces territoires dans un esprit libre et sauvage, avec des couleurs primaires et des traits noirs. Elle se démarque ainsi des tendances du monde de l’art de son temps, suivant son chemin, toujours en quête de plus d’indépendance.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Artistes femmes au Japon : XIXème – XXIème siècle »
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023