La remarquable carrière de Siona Shimshi au sein du milieu de l’art et du design israélien, longue de plus de cinq décennies, fait d’elle l’une des peintres, sculptrices, designeuses, enseignantes et historiennes de l’art les plus importantes de son pays. Elle entame ses études à la fin des années 1950 à l’Avni Institute of Art and Design, où elle se perfectionne dans les domaines de la peinture et de la sculpture. Elle étend ensuite ses compétences en étudiant la céramique et le textile à l’Alfred University de New York pendant trois ans (1959-1962). Cette période cimente les bases de sa pratique, nourrissant son intérêt profond pour, d’une part, le domaine de la production de masse et, de l’autre, la création d’œuvres d’art uniques.

À son retour en Israël en 1962, S. Shimshi se fait rapidement un nom dans le monde du design. Dans les années 1960, ses collaborations avec la maison de couture Maskit constituent un tournant pour cette dernière, menant à des innovations dans la conception de tissus et de tapis. Non seulement ces contributions façonnent-elles visiblement l’esthétique emblématique de la marque, mais elles font également de S. Shimshi l’une des figures centrales de l’image collective de Maskit. L’artiste collabore aussi avec des architectes de renom et intègre ses designs, caractérisés par leur alliage de fonctionnalité et de licence artistique, dans des espaces publics tels que des hôtels ou des banques. Son approche des matériaux (dont la céramique, le verre, le textile et les miroirs) témoigne à la fois de son adaptabilité et de ses partenariats synergiques avec les industries et ateliers locaux, comme la maison de couture Rikma ou la célèbre société de céramique Lapid, active jusque dans les années 1990. Ces partenariats asseyent encore davantage sa notoriété dans le milieu du design local.

S. Shimshi avait déjà présenté sa peinture et sa céramique dans les galeries de Tel-Aviv dès 1959, et c’est donc tout naturellement qu’elle fait son retour sur la scène artistique israélienne après ses études aux États-Unis. Au cours de sa longue carrière artistique se distinguent notamment des œuvres telles que Class Photo (1965), dont les portraits en céramique texturée et la composition stricte expriment une fusion des mémoires personnelles et collectives, ou Everyone is Sitting (1986), qui s’illustre par son intensité émotionnelle brute et son usage singulier de la céramique. Dans ces œuvres, l’artiste s’inspire de cultures et de rituels funéraires anciens et associe techniques traditionnelles et art contemporain, reflétant alors son approche pluridisciplinaire de l’art, du design et de l’histoire.

De 1979 à 1987, elle dirige le département de design céramique de l’académie d’art et de design Bezalel de Jérusalem, cimentant ainsi l’importance capitale du médium dans l’histoire de l’art israélien. Les sculptures de S. Shimshi, dont l’échelle se décline du bijou à l’installation publique, se caractérisent par leurs tailles très variées et leurs textures généralement rugueuses, leurs raccords visibles et leurs surfaces brutes. Plus tard, son choix de la peinture polymère ajoute une nouvelle dimension tactile à ses expositions, avec des œuvres représentant des figures humaines enserrées et principalement dépourvues de mains, aux visages expressifs et figés dans diverses poses. À travers ces figures, S. Shimshi traduit une exploration viscérale des fardeaux et émotions qui pèsent sur nos épaules, et offre un commentaire profond sur la condition humaine. Au cours de sa brillante carrière artistique, S. Shimshi bénéficie de 33 expositions individuelles en Israël et à l’étranger et participe à 42 expositions collectives, dont l’exposition inaugurale de l’important groupe d’artistes local 10+. En 2012, elle travaille au commissariat de la seconde biennale israélienne d’art Internet, témoignant ainsi de son investissement sans faille dans la promotion de l’avant-garde.