Izuwan Musa, Eddy, Abdullah, Sarena, « Iconological Analysis of Peranakan’s Intimate Lifestyle: A Case Study of Sylvia Lee Goh’s « Woman, Oh! Woman” Painting Series », Wacana Seni: Journal of Arts Discourse, vol. 16, 2017, p. 135-162
→Abdullah, Sarena, « Peranakan Imageries in the works of few selected Malaysian and Singaporean artists (1980s-2017) », in Sooi Beng, Tan (dir.), Eclectic Cultures for All: The Development of the Peranakan Performing, Visual and Material Culture Penang, Penerbit, USM Publisher, 2019, p. 241-267
→Sei Hon, Tan, « Painting the only way she knows how: The unique artistry of self-taught painter Sylvia Lee Goh », in Sylvia Lee Goh—Dulu dan kini: Jiwa abadi, Then and Now: The Enduring Heart, cat. exp., National Visual Art Gallery, Kuala Lumpur (28 juillet – 22 décembre 2015), Kuala Lumpur, National Visual Art Gallery, 2015, p. 10-17
Sylvia Lee Goh—Dulu dan Kini: Jiwa Abadi [Hier et aujourd’hui : le cœur indéfectible], The Penang State Art Gallery, Dewan Sri Pinang, 1 – 30 avril 2016
→Sylvia Lee Goh—Dulu dan Kini: Jiwa abadi [Hier et aujourd’hui : le cœur indéfectible], Kuala Lumpur, National Visual Art Gallery, 28 juillet – 22 décembre 2015
→Sylvia Lee Goh: A Malaysian Artist – Two Decades of Art “From the Heart” 1978–1998, National Art Gallery, Kuala Lumpur, 3 – 24 mai 1998
Plasticienne malaisienne.
Sylvia Lee Gogh est issue d’une longue lignée de Peranakan·es – personnes issues de l’immigration chinoise dans l’archipel malaisien, aux origines mixtes, à la fois locales et étrangères. Artiste autodidacte, S. L. Goh est connue pour ses interprétations visuelles singulières de la vie peranakan, en particulier ses natures mortes, ses autoportraits et ses scènes richement détaillées montrant des nyonya – femmes peranakanes – vaquant à leurs activités quotidiennes.
Sa pratique, qui traverse quatre décennies, culmine avec deux importantes expositions individuelles : Two Decades of Art: From the Heart 1978–1998 (1998), à la National Art Gallery of Malaysia, et Dulu dan Kini: Jiwa Abadi/Then and Now: The Enduring Heart (2015), à la National Visual Arts Gallery, à Kuala Lumpur. Elle travaille à sa troisième exposition monographique lorsqu’un cancer lui est diagnostiqué ; elle meurt en 2021.
S. L. Goh développe un style pictural distinctif autour de son identité peranakane. Guidée par l’instinct, la mémoire et un sentiment de fierté culturelle, elle se concentre sur les thèmes de la féminité, de la nostalgie, du rituel et de l’identité culturelle. Ses œuvres, qui mêlent narration intime et élégance décorative, représentent les rituels, la camaraderie et l’étiquette raffinée de la culture des baba et des nyonya – c’est-à-dire des hommes et des femmes peranakan·es. Ses peintures figurent souvent des femmes en kebaya (blouse traditionnelle à manches longues), des autels domestiques au décor foisonnant, des scènes de mariage, comme dans Red Bride (1996), et des moments intimes de la vie de famille des nyonya. Ceux-ci présentent des femmes en kebaya, prenant des poses gracieuses dans des décors de jardins luxuriants ou dans des intérieurs décorés d’objets symboliques, comme les autels des ancêtres, la porcelaine peranakane dans Chinoiserie in Blue (2013-2014), les paniers de mariage (bakul siah) et les nyonya kuehs, des gâteaux sucrés.
Les peintures de S. L. Goh sont principalement autobiographiques – ce sont des souvenirs profondément personnels, à la fois nostalgiques et commémoratifs, de sa vie domestique passée. Par exemple, dans la série Woman Oh! Woman (1988-2014), S. L. Goh rend hommage à son amie Maimun Din, qui a inspiré sa trajectoire artistique. Cette série rend compte des aspects chaleureux et nobles de l’amitié féminine, et évoque en arrière-plan la nature, la tradition et l’impermanence de la vie, tel que l’on peut l’observer dans Woman, Oh! Woman, “My Friend, My Sister!” (2008-2014). Par les multiples strates symboliques des motifs du quotidien – comme les lettres, les aliments, les jardins et les textiles visibles dans cette série –, S. L. Goh exprime une relation philosophique à la mortalité, à la mémoire et à l’héritage.
En s’appliquant, dans ses œuvres, à transmettre l’« esprit » plutôt que la dimension spectaculaire de ses sujets, S. L. Goh résiste à l’exotisation de la culture peranakane et se concentre plutôt sur son expérience vécue et sur les moments d’intimité entre ses personnages. L’œuvre de S. L. Goh constitue une contribution essentielle à la culture visuelle malaisienne. En préservant l’héritage peranakan, elle nous offre avec sa peinture à la fois un document historique, un témoignage sensible et une forme d’expression artistique.
Une notice réalisée dans le cadre du programme The Flow of History. Southeast Asian Women Artists, en collaboration avec Asia Art Archive
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