Céramiste, dessinatrice, orfèvre et écrivaine italienne-vénézuélienne.
Tecla Tofano naît à Naples en 1927 et part vivre à Caracas en 1952. De 1954 à 1956, elle étudie la céramique et l’émaillerie à l’Escuela de Artes Plásticas y Artes Aplicadas de Caracas sous la direction de Miguel Arroyo, céramiste majeur, critique d’art et directeur de musée. En tant que féministe et militante de gauche, T. Tofano cofonde le Centro de Estudios de la Mujer (Centre d’études sur la femme) de l’Universidad Central de Venezuela (UCV) et encadre le parti Movimiento al Socialismo (Mouvement vers le socialisme). Elle travaille comme céramiste du milieu des années 1950 au milieu des années 1970, les critiques Nelly Barbieri et Marta Traba distinguant deux phases dans sa production. La première, qui s’étend de 1955 à 1963, est consacrée à la fabrication de pièces utilitaires, comme on peut le voir dans ses expositions au Museo de Bellas Artes de Caracas en 1959 et 1964. Au cours de la seconde phase, entre 1964 et 1977, elle travaille de manière non traditionnelle, modelant terre et glaise pour créer des formes sculpturales. Ses objets, satiriques et souvent grotesques, portent un discours sur la société de consommation, les valeurs bourgeoises et les stéréotypes de genre.
Le style expressionniste de T. Tofano, associé à la représentation d’objets du quotidien, est qualifié de pop. Au Museo de Bellas Artes de Caracas, elle expose dans Hábitat y Habitantes [Habitat et habitants, 1968] des fleurs, des vases et des animaux, puis, dans Enlatados [En boîte, 1970], des mains, des fleurs et des vulves. Au cours des années 1970, son œuvre devient plus ouvertement critique et se concentre sur les questions féministes et sociales. Toujours à Caracas, au Banco Nacional de Ahorro y Préstamo (Banque nationale d’épargne de prêt), elle montre dans Los Accesorios [Les accessoires, 1971] des chaussures et des sacs « laids » puis, à la Galería Viva México, dans Del Género Femenino [Du genre féminin, 1975], des pénis et des vulves. Mais, après les expositions Las Señoras [Les dames, 1977], à la galerie Conac Provenezuela, et Ella, Él… Ellos [Elle, lui… eux, 1978], à la Galería de Arte Nacional, elle décide de cesser son activité de céramiste. De 1959 à 1980, elle enseigne à la Facultad de Arquitectura y Urbanismo de l’UCV. À partir des années 1960, elle rédige pour le quotidien El Nacional des articles critiques sur la société et la culture, adoptant un point de vue féministe et gauchisant. Elle publie divers ouvrages dans les années 1960 et 1970 : Quién Inventó la Silla (1968), Yo Misma Me Presento (1973) et Ni con el Pétalo de una Rosa (1975).
T. Tofano a reçu plusieurs récompenses prestigieuses : le Premio Oficial de Artes Aplicadas (prix officiel d’arts appliqués) au XIXe Salón Oficial du Museo de Bellas Artes de Caracas (1958), la médaille d’or à l’Exposition internationale de céramique contemporaine de Prague (1961) et la médaille d’argent à l’Exposición Internacional de Cerámica de Buenos Aires (1962). Le Centro de Documentación e Información Tecla Tofano (Centre de documentation et d’information Tecla-Tofano) du Centro de Estudios de la Mujer de l’UCV porte son nom en hommage à son action pionnière et féministe pour promouvoir un nouveau rôle des femmes dans une société dominée par les hommes.
© Radical Women: Latin American Art, 1960-1985
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