Mikami, Yutaka (dir.), Tabihisa Sakurai (photographe), Tatsuno Toeko atorie [Toeko Tatsuno, atelier], Tokyo, Serika Shobō, 2018.
→Tatsuno Toeko zuroku [Toeko Tatsuno catalogue], Séoul, Jean Art Gallery, 2007.
→Toeko Tatsuno: Paintings, 1984–87, Londres, Fabian Carlsson Gallery, 1987.
Toeko Tatsuno, ON PAPERS: A Retrospective, 1969–2012, The Museum of Modern Art, Saitama, 14 novembre – 20 janvier 2018
→Given Forms: Toeko Tatsuno / Toshio Shibata, The National Art Center, Tokyo, août-octobre 2012
→Toeko Tatsuno, 1986–1995, National Museum of Modern Art, Tokyo, 1995
Peintre abstraite et graveuse japonaise.
La carrière de Toeko Tatsuno débute dans les années 1970, après l’obtention d’un diplôme à l’université des Beaux-Arts de Tokyo, où elle fait de la peinture à l’huile sa spécialité, elle poursuit ses études en un troisième cycle dans le même établissement.
Dans les années 1970, attirée par l’art minimal et l’art conceptuel, elle se met à réaliser des dessins et des gravures construites autour de trames et de rayures. Mais ses essais ne se limitent pas à une simple composition géométrique, puisqu’en superposant des lignes tracées partiellement à la main par-dessus les trames et les rayures, elle parvient à créer des discontinuités et des variations dans ses motifs successifs et répétitifs.
En 1979, l’œuvre de T. Tatsuno change subitement de direction : s’inspirant des peintres expressionnistes abstraits, et notamment de Clyfford Still (1904-1980), elle se met à travailler sur toile. Plus tard, elle explique cette évolution en ces mots : « Un tableau qui n’existe que pour exister n’a pas de réalité. Cela n’avait pas de sens. Je voulais créer un espace pictural qui avait une singularité. Pour y parvenir, je n’avais qu’une seule option : peindre et peindre encore. Peindre sans cesse en me laissant guider par mes envies pour créer des différences de couleur et de matière entre ce qui serait peint et ce qui ne le serait pas. J’arrêtais de partir d’un prérequis ou d’une idée, comme cela avait été le cas jusqu’ici, pour réinventer fondamentalement la peinture uniquement comme un acte. » C’est ainsi que T. Tatsuno superpose les couleurs vives sur la toile pour créer un espace qui ne peut exister qu’en peinture.
À partir des années 1980, des figures spontanées apparaissent sur ses toiles : des formes végétales de lierre s’enlaçant autour de lignes en S, des motifs floraux inspirés de cages d’escaliers en fer forgé vues à New York, des losanges associés à des rectangles ou encore des dessins arrondis… En combinant avec ingéniosité ces éléments linéaires et divers traits de pinceaux avec différentes teintes et couleurs claires, l’art de T. Tatsuno opère un glissement discret d’un espace pictural complexe où se mêlent aplats et reliefs vers un rendu qui laisse transparaître la matière substantielle.
Dans les années 1990 jaillit sur la toile un relief presque virtuel, conférant encore plus de solidité et de poids à son style. De nouveaux motifs, comme la combinaison de deux formes ressemblant à des « C » dominant le centre de la toile, ou encore ces colonnes légèrement déformées ou des rectangles superposés aux angles arrondis suggèrent plus la force de gravité que le sentiment de flottement. Tout en s’apparentant à première vue à une expression en 3D de l’espace, les formes et la disposition des motifs alliées à un subtil traitement des couleurs et de la matière créaient discontinuités et transitions.
Dans les années 2000, T. Tatsuno poursuit dans cette voie, explorant sans cesse les possibilités de construction qu’offrent la peinture en superposant les traits de pinceau sur la toile plutôt que de chercher à reproduire des éléments qui en sont extérieurs.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Artistes femmes au Japon : XIXème – XXIème siècle »
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023