La présente publication fait suite à une journée d’étude qui s’est déroulée le 14 mai 2018 aux Beaux-Arts de Paris. Intitulée « La performance : un espace de visibilité pour les femmes artistes ? », cette journée s’inscrivait dans le cadre du programme de recherche interdisciplinaire « Visibilité et invisibilité des savoirs des femmes : les créations, les savoirs et leur circulation, XVIe-XXIe siècles ». Porté par Caroline Trotot au sein du laboratoire Littératures, Savoirs et Arts (LISAA) de l’université Paris-Est — Marne-la-Vallée en 2017-2018, ce programme a bénéficié, pour cette journée d’étude et pour cette publication, du soutien et de la collaboration active de l’association AWARE : Archives of Women Artists, Research and Exhibitions. Un des objectifs était d’étudier comment l’œuvre créatrice ou encore l’usage du corps pouvaient donner lieu à des stratégies de détournement permettant d’interroger les mécanismes de visibilité et d’invisibilité qui régissent les savoirs des femmes. La performance s’est en conséquence imposée comme un terrain imbriquant conjointement ces aspects du corps et de l’œuvre, d’autant qu’elle a, dans son histoire, été en grande partie investie par les femmes.
La conférence-performance intitulée Les Contre-archives est une forme scénique hybride d’une vingtaine de minutes, créée au Point éphémère, à Paris, en 2016 et reprise en 2018, mêlant contenu théorique et montages incongrus d’éléments hétérogènes (de la culture artistique et de la culture populaire), dans laquelle les liens de la performance à l’archive sont fictionnalisés afin de déconstruire certains mythes relatifs à l’art. Des hôtesses, prétendument missionnées par le Laboratoire de la contre-performance, restituent par le geste une hypothèse de recherche située dans un futur post patriarcal où la performance artistique serait devenue une forme impossible à cerner. Seul un reenactment à partir de « contre-archives », objets pensés comme traces, aussi matérielles que factices, de performances emblématiques, serait à même de restaurer la fluidité rompue, par des siècles d’obscurantisme, entre les gestes du quotidien et ceux de l’art, et de révéler, par là, l’absolue suprématie des femmes dans ce domaine, et ce, dès la Préhistoire.
Le Laboratoire de la contre-performance est un collectif d’artistes et de chercheur·e·s, fondé en 2014. Intervenant tout à la fois dans des structures artistiques (musée Picasso, musée de la Chasse et de la Nature, Point éphémère, musée Cognacq-Jay à Paris, Le Générateur à Gentilly) et dans des espaces de recherche, le Laboratoire de la contreperformance investit des formats hybrides de transmission du savoir tels que la conférence-performance.