Ratliff, Jamie, “Border Control: The Intersection of Feminism and Abjection in the Work of Paula Santiago”, SECAC Review XV, n°4, 2009
→Laurel Reuter, “Paula Santiago: Moving into Light”, in Septum, Los Angeles, Iturralde Gallery, 2002
→Zamudio-Taylor, Víctor, Paula Santiago, San Antonio, ArtPace, 1996
Paula Santiago. 1996-2002, Museo Amparo, Puebla, janvier – mai 2008
→Paula Santiago, Museo de Arte Contemporáneo de Monterrey, Monterrey, avril – août 2007
→MOAN, Iturralde Gallery, Los Angeles, 1999
Sculptrice mexicaine.
La pratique sculpturale de Paula Santiago participe d’un discours qui s’ancre dans l’examen des manières dont le corps et la mémoire sont entremêlés. Ses œuvres les plus connues résultent d’une fusion de références précolombiennes et de culture mexicaine moderne. L’artiste propose une réflexion sur le temps et l’émotion en liant l’esprit et le corps à travers l’usage de matériaux organiques, notamment son propre sang et ses cheveux.
P. Santiago étudie initialement l’ingénierie industrielle à l’Universidad Panamericana, mais décide de se rendre à Paris à l’âge de vingt et un ans pour étudier la littérature et l’histoire de l’art à la Sorbonne. Durant son séjour en France, elle suit également des cours privés de français, de dessin et de peinture. Elle vit ensuite quelque temps à Londres avant de retourner au Mexique en 1996 pour poursuivre ses études d’art, à l’occasion desquelles elle se plonge dans l’étude de l’art mésoaméricain. P. Santiago laisse de côté la peinture en 1992 car, dit-elle, « je ne voulais plus travailler sur des concepts ; je voulais travailler sur ma propre vie ». Elle se met donc à faire usage d’objets de famille dans son art, en se servant notamment de mouchoirs brodés par sa grand-tante comme support.
En 1996, P. Santiago participe à une résidence de six semaines à l’Artpace Foundation for Contemporary Art à San Antonio, au Texas, durant laquelle elle expérimente avec des matériaux et formes organiques. Le papier de riz, la cire, les pétales de fleurs, les graines, son sang et ses cheveux deviennent par la suite des matériaux récurrents dans les sculptures vestimentaires qui la font connaître. Ainsi, les sculptures qu’elle produit à cette époque, comme ANAM (1999), issue de la série Para protegerse de la Historia [Pour se protéger de l’Histoire] et faite à base de papier de riz, de sang et cheveux humains, de sequins et de verre, jouent sur le sentiment de présence et d’absence des personnes censées les porter. Outre le fait que leur forme tisse un lien entre la sculpture contemporaine et les objets mésoaméricains, elle évoque également la fragilité des matériaux employés et leur association avec le phénomène de décomposition. Cette œuvre est présentée en 1999 lors de l’exposition individuelle de P. Santiago, MOAN (« hibou » en langue maya), à l’Iturralde Gallery de Los Angeles.
Après 2000, à la suite de son traitement contre le cancer, P. Santiago n’est plus autorisée à extraire son propre sang. Elle utilise donc d’anciens dessins à base de sang sur papier de riz recouvert de cire d’abeille. L’une de ces œuvres, Ch’ulel (2000), évoque les tuniques traditionnelles autochtones. Dans les croyances mayas, ch’ulel symbolise l’âme. La tunique est faite de papier de riz, de cheveux, de sang et de cire – matériaux qui portent en eux ce que l’historienne de l’art Jamie Ratliff décrit comme « l’ADN, l’identité médicale et l’état psychologique de l’artiste elle-même ». Ses réflexions sculpturales poétiques sur le patrimoine mésoaméricain, associées à la délicatesse de son œuvre, sont évocatrices de la peau et, par association, de la présence d’une armure protectrice héritée du passé.
P. Santiago a bénéficié de rétrospectives au Museo de Arte Contemporáneo de Monterrey (2007) et au Museo Amparo (2008) à Mexico. Ses œuvres sont également présentes dans plusieurs musées aux États-Unis, dont le San Francisco Museum of Modern Art, qui intègre De la serie : « Quitapesares 1 » (1999) à sa collection permanente.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022