Klimašauskas, Valentinas (dir.), Pakui Hardware and Marija Teresė Rožanskaitė : Inflammation, cat. exp., Pavillon de la Lituanie, Biennale de Venise, Venise, (20 avril – 24 novembre 2024), Milan, Mousse Publishing, 2024
→Kreivytė, Laima (dir.), Marija Teresė Rožanskaitė. Rentgenogramos [Marija Teresė Rožanskaitė. Radiographies], cat. exp., Nacionalinė dailės galerija [Galerie nationale des Beaux-Arts], Vilnius (22 mars – 6 mai 2013), Vilnius, Lietuvos dailes muziejus, 2013
→Kreivytė, Laima (dir.), Marija Teresė Rožanskaitė: vaizdai ir tekstai [Marija Teresė Rožanskaitė. Images et textes], Vilnius, Tarptautinės dailės kritikų asociacijos (AICA) / Lietuvos skyrius, 2011
Ekologinė klausa [An ecological ear], Jono Meko vizualiųjų menų centras [Jonas Mekas visual arts center], Vilnius, 1 July–8 September, 2024
→Marija Teresė Rožanskaitė. Rentgenogramos [Marija Teresė Rožanskaitė. Radiographies], Nacionalinė dailės galerija [Galerie nationale des Beaux-Arts], Vilnius, 22 mars – 6 mai 2013
→Marija Teresė Rožanskaitė. Retrospektyva [Marija Teresė Rožanskaitė. Rétrospective], Šiuolaikinio meno centras [Centre d’art contemporain], Vilnius, 7 février – 9 mars 2003
Artiste pluridisciplinaire lituanienne.
Marija Teresė Rožanskaitė naît dans une famille aisée : sa mère est enseignante et son père agriculteur et membre de l’Union des tireurs lituaniens. Après la Seconde Guerre mondiale, ses parents, intellectuels et patriotes, sont considérés comme des « ennemis » du régime soviétique. Elle a sept ans lorsque des soldats armés la font sortir avec sa mère de chez elles par la force et déporter en Sibérie. Son père est exécuté dans un camp de travail forcé en Sibérie. M. T. Rožanskaitė endure le froid extrême et les privations de la déportation dans l’Altaï jusqu’en 1947. Affaiblie par le manque de nourriture, elle attrape la malaria et y aurait succombé si sa mère n’avait pas pris le risque de s’enfuir avec elle. Elles atteignent la Lituanie après un voyage de 5 000 kilomètres, aux prises avec les rigueurs de la nature et la peur d’être rattrapées.
Ce n’est qu’en 1953, après la mort de Staline, que M. T. Rožanskaitė s’inscrit à l’Institut national de l’art de la République socialiste soviétique de Lituanie. Elle y rencontre son futur mari, Igoris Piekuras (1935-2006), avec qui elle a deux enfants, Gediminas (né en 1962) et Marijus (né en 1960), eux aussi artistes reconnus.
M. T. Rožanskaitė et son mari sont proches du photoréalisme, un style qui ne s’est pas encore diffusé en Lituanie, dominée dans les années 1950 par les traditions coloristes d’avant-guerre et l’expressionisme.
La thématique de la maladie habite ses œuvres depuis ses débuts, comme une métaphore de la société soviétique gangrénée, de l’impuissance des individus pris dans les rouages du système. Elle exprime dans ses œuvres sa défiance vis-à-vis des technologies, pourtant, plusieurs parmi celles-ci ont été acquises par le Musée national d’art, et considérées par les idéologues soviétiques comme louant le progrès technologique soviétique et les exploits du prolétariat dans le domaine de la médecine.
Ses collages, assemblages et œuvres abstraites dans lesquelles elle évoque la déportation ne sont pas destinés à être rendus publics. Elle peint par exemple en 1972 un tableau autobiographique, 1941-ieji metai [L’Année 1941], dans laquelle elle représente des silhouettes nues, brisées, devant le wagon d’un train pour la Sibérie.
M. T. Rožanskaitė n’est alors pas populaire et ne recherche pas la reconnaissance. Elle enseigne, comme son mari, pendant 30 ans à l’école d’art Justinas Vienožinskis (Vilnius). Elle s’ occupe beaucoup de sa famille, de son potager et de son verger. Elle est également sensible et attentive aux sujets politiques et sociaux. Elle est l’une des pionnières dans l’organisation d’actions-performances et d’installations dans la nature, en lien à la pensée écologique, auxquelles se joignent ses proches et ses élèves. Même après la restauration de l’Indépendance, son œuvre n’est pas reconnue, car la critique artistique lituanienne demeure en faveur de la peinture expressionniste, et l’intérêt pour la création des femmes de sa génération n’arrive que tardivement.
En 2024, le duo d’artistes contemporains Pakui Hardware intègre des peintures de M. T. Rožanskaitė à son installation présentée sur le pavillon de la Lituanie de la 60e biennale de Venise. Ce choix témoigne de l’actualité de M. T. Rožanskaitė, en particulier dans la cadre de la réflexion sur l’anthropocène. Ses œuvres sont entrées dans les collections du Musée national d’art de Lituanie, du Mo muziejus, et dans des collections privées en Lituanie et à l’étranger.
Une notice produite en partenariat avec Artnews.lt et Echo Gone Wrong dans le cadre de la Saison France-Lituanie 2024.
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