Huiskamp, Marloes, “Mijn, Cornelia van der (1709–1772?)”, Digitaal Vrouwenlexicon van Nederland, Huygens Instituut, 2014
→Adolph Staring, « De Van Der Mijns in Engeland II », Nederlands Kunsthistorisch Jaarboek, vol. 19, 1968, p. 171-203.
Female Power, Rijksmuseum Schiphol, Amsterdam, novembre 2021-juillet 2022.
→Dutch Flower Painting, 1600-1750, Dulwich Picture Gallery, Londres, mars-septembre 1996.
Peintre néerlandaise.
Dans un contexte où la demande de natures mortes florales néerlandaises croît sur le marché de l’art londonien, Cornelia van der Mijn, peintre amstellodamoise spécialiste de fleurs et de fruits, est hautement appréciée par la noblesse anglaise de son temps. En représentant des bouquets somptueux et opulents placés devant un arrière-plan uniforme, elle s’inscrit dans la tradition de la peinture de fleurs néerlandaise des XVIIe et XVIIIe siècles, où se sont illustré·e·s des artistes tel·le·s Jan van Huysum (1682-1749) et Rachel Ruysch (1664-1750). Dans Nature morte aux fleurs dans un vase en verre (1762), par exemple, elle crée une composition dynamique en arrangeant savamment les fleurs de manière à produire une courbe serpentine. La perspective est amplifiée par un œillet, représenté au centre du bouquet, qui retombe gracieusement au-dessus du bord de la table en marbre.
Née à Amsterdam, C. van der Mijn connaît une petite enfance marquée par d’importants voyages dans le cadre de la carrière artistique de son père, le portraitiste et peintre d’histoire et de natures mortes Herman van der Mijn (1684-1741). Avec sa mère, Susanna Bloemendael (1681 ou 1682-1724), habile dessinatrice, et ses trois frères, elle emménage à Düsseldorf en 1713. Son père y est peintre à la cour du prince-électeur Jean-Guillaume de Neubourg-Wittelsbach et de son épouse, Anne-Marie-Louise de Médicis, jusqu’en 1716. Après son retour à Amsterdam la même année, la famille entreprend d’autres voyages, à Anvers en 1716 et à Londres en 1723. Étant donné les compétences artistiques de ses parents, il est très probable qu’ils aient tous deux joué un rôle majeur dans la formation de C. van der Mijn.
Au cours de ces années, la peintre contribue activement à l’atelier de sa famille, où elle travaille aux côtés de ses frères Gerard (1706-après 1761), Andreas (vers 1714-après 1777) et Frans (1719-1783), ainsi que Robert (1724-après 1776) et George (1726-1763), nés du deuxième et du troisième mariage de son père. À partir de 1727 au moins, sa tante, la peintre de natures mortes de fleurs et de fruits Agatha van der Mijn (1700-après 1777), rejoint l’atelier familial à Londres.
C. van der Mijn vit à Londres jusqu’à l’âge de soixante-douze ans au moins. Comparé à celui des Pays-Bas, le marché de l’art londonien offre plus d’opportunités d’exposition pour les artistes femmes, en particulier par le biais de la Free Society of Artists. Elle y expose entre 1764 et 1772 seize de ses œuvres, sous le nom de « Mrs. van der Mijn ». Parmi ces tableaux figurent non seulement des natures mortes de fleurs et de fruits, mais aussi des portraits. La tante de l’artiste présente des œuvres sous son nom complet aux mêmes expositions entre 1764 et 1768. Il est probable que, tout au moins pour ces années, ce nom réfère à C. van der Mijn, étant donné qu’elle est la seule autre peintre femme de la famille.
Un autoportrait passé dans la collection du marchand néerlandais Abraham Cortebrandt la représente assise derrière un chevalet sur lequel est placée une peinture de paysage. Cet autoportrait renforce l’hypothèse selon laquelle, même si cela ne s’est pas produit fréquemment, elle a parfois exploré d’autres genres, comme le portrait et le paysage. Cela témoigne non seulement de la diversité de ses compétences artistiques mais aussi de la manière dont elle s’envisageait en tant que peintre.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Rééclairer le siècle des Lumières : Artistes femmes du XVIIIème siècle »
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024