Kreuzer Stefanie, Hannah Wilke 1940-1993, cat. expo, Neue Gesellschaft für Bildende Kunst, Berlin (2 septembre – 8 octobre 2000), Berlin, Vice-Versa, 2000
→Fitzpatrick Tracy (dir.), Hannah Wilke: Gestures, cat. expo, Neuberger Museum of Art, Purchase College, The State University of New York (25 octobre 2008 – 25 janvier 2009), New York, Purchase, 2010
→Pollock Griselda, Hannah Wilke Sculpture, 1960s–80s, cat. expo, Alison Jacques Gallery, Londres (24 avril – 29 mai 2014), Londres, Alison Jacques Gallery, 2014
Hannah Wilke (retrospective), Nikolaj Kunsthal, Copenhague, 31 octobre 1998 – 17 janvier 1999
→Uninterrupted Career: Hannah Wilke 1940–1993, Neue Gesellschaft für bildende Kunst, Berlin, 1er septembre – 8 octobre 2000
→Hannah Wilke. Exchange Values, Artium – Centro Museo Vasco de Arte Contemporaneo, Vitoria-Gasteiz, 4 octobre – 7 janvier 2007
Plasticienne et performeuse états-unienne.
Formée à la Tyler School of Art de Philadelphie, considérée comme une pionnière parmi les artistes féministes conceptuelles, Hannah Wilke compose un œuvre fait de sculptures, dessins, collages, photographies, vidéos, performances et installations. Elle se fait connaître dans les années 1960 par ses représentations de vulves, petites sculptures en terre cuite qu’elle déclinera par la suite, parfois à grande échelle, dans d’autres matériaux tels que gommes mie de pain, gomme, céramique et porcelaine, dans de vastes installations. Elle crée aussi des sculptures murales en latex de grand format. Une grande partie de sa démarche s’appuie sur le retour obsessionnel et exacerbé de sa propre image, en écho aux représentations féminines dans l’art et dans les médias de cette époque. SOS Scarification Object Series (1974-1982) est constitué d’une série de photographies insérées dans une grille, dans lesquelles l’artiste prend des poses glamour, provocantes et artificielles, inspirées par l’imagerie de la mode, qui sont des réponses immédiates à la marchandisation massive des corps des célébrités – souvent féminines – utilisés pour stimuler le désir du consommateur. Sa peau est recouverte de petits bouts de chewing-gum mâchés en forme de vagins puis collés. La structure de la grille rappelle la manière dont Andy Warhol encadrait ses images de stars, reproduites en série comme autant de produits.
Parmi ses réalisations marquantes figurent Hello Boys (1975), la captation d’une performance réalisée à la galerie Gerald Piltzer à Paris : derrière la vitre d’un grand aquarium, l’artiste, nue, se livre à un répertoire de postures érotiques sur fond de musique rock, suggérant la figure mythologique de la sirène, à la fois sexuellement envoûtante et vulnérable. Cette double stratégie de surexposition et de transparence trouve son aboutissement avec Through the Large Glass (1976), où l’artiste se joue des codes – et de l’histoire de l’art et de la mode –, son style vestimentaire rappelant celui des icônes d’Helmut Newton ou d’Yves Saint Laurent dans les années 1970. Filmée à travers Le Grand Verre de Marcel Duchamp au musée de Philadelphie, elle se livre à un strip-tease, adopte des attitudes sexualisées et décline avec une certaine absurdité tous les schémas de la représentation glamour. Atteinte d’un lymphome dans les années 1990, elle transforme activement son vécu souffrant en l’image d’un exosquelette blessé, où des marques réelles ainsi que des signes construits autour de sa douleur sont exhibés sur son corps et par lui. Par cette transformation, H. Wilke parvient à exprimer une position critique face aux préjugés culturels qui sont rattachés à (l’image de) sa maladie. Elle laisse deux œuvres posthumes, Intra-Venus (1994), recueil de photographies prises par un système de « performalist self-portraits », le terme inventé par H. Wilke pour les œuvres où elle a demandé à d’autres de la photographier, et l’installation vidéo Intra-Vénus Tapes (1994), dépeignant toutes deux sa lente dégradation physique.