Hammond, Harmony, Harmony Hammond, cat. exp., Alexander Gray Associates, New York [19 mai – 25 juin 2016], New York, Alexander Gray Associates, 2016
→Bryan-Wilson, Julia, Latimer, Tirza True, Harmony Hammond: Against Seamlessness, cat. exp., Galerie Dwight Hackett Projects, Santa Fe [15 octobre – 26 novembre 2011], Santa Fe, Radius Books, 2011
→Ivey, Paul Eli, Dialogues and Meditations: Harmony Hammond, cat. exp., Museum of Contemporary Art, Tucson [20 avril – 1 juin 2002], Tucson, Museum of Contemporary Art, 2002
Harmony Hammond: Crossings, Alexander Gray Associates, New York, 12 novembre 2020 – 30 janvier 2021
→Harmony Hammond: Material Witness, Five Decades of Arts, Sarasota Art Museum, Sarasota, 15 octobre 3- 15 novembre 2020
→Harmony Hammond, White Cube, Londres, 12 septembre – 3 novembre 2019
Plasticienne états-unienne.
Harmony Hammond abandonne dès son arrivée à New York en 1969 les shaped canvases monumentales hard-edge qu’elle crée à Minneapolis à la fin des années 1960, réalisant que son inscription dans une tradition minimale relève d’un mimétisme inquiet : « Comme beaucoup de femmes de mon âge, mes œuvres de jeunesse sont personnelles. Mais nous avons appris à cacher cet aspect des choses par crainte que notre travail ne soit pas reconnu ou pris au sérieux […]. » Elle s’implique alors dans les luttes féministes – rejoignant un groupe de parole d’artistes femmes – et pour les droits civiques, participe à l’activisme gay et lesbien et aux protestations contre la guerre menée au Vietnam.
En 1972, elle cofonde la A.I.R. Gallery (Artists in Residence), première galerie d’art coopérative tenue par des femmes, où elle bénéficie d’une exposition personnelle un an plus tard. Les réflexions auxquelles elle prend part pendant la seconde vague féministe nourrissent son œuvre, lui insufflant un contenu politique. Elle affirme en 1970 : « Le féminisme a brisé le silence, le soutien intellectuel et créatif qu’il m’a offert […] m’a aidée à développer un travail enraciné dans mon expérience de femme. »
En 1974, trois Floorpieces, œuvres textiles constituées de bandes de tissus colorés partiellement recouvertes de peinture acrylique, sont disposées sur le sol dans l’exposition A Woman’s Group à la Nancy Hoffman Gallery.
Le statut de ces œuvres est indéterminé, flottant entre sculpture et peinture, entre arts « noble » et « populaire ». Si elles prennent la forme de tapis, l’artiste leur confère la dignité d’une œuvre picturale en les présentant groupées aux côtés de murs vides. H. Hammond fait le choix d’un matériau pauvre, délaissé par les artistes dominant la scène artistique et riche de significations. Ces « chiffons » provenant de ballots de tissus rejetés par les usines textiles renvoient à un univers dévolu aux femmes : celui de la décoration des espaces domestiques et des tâches ménagères. Intéressée par l’art et l’artisanat de cultures anciennes exclus du discours prévalant en histoire de l’art, elle use de la méthode de tressage traditionnelle du rag rug.
L’artiste lie également les Floorpieces à sa pratique du tai-chi-chuan puis de l’aïkido selon lesquels « en tant que femme forte, vous êtes le centre, et de là vous entrez en contact avec d’autres femmes fortes ». Pour les réaliser, elle s’assied au centre de son œuvre, tressant les bandes de tissu autour d’elle, métaphore des femmes liées les unes aux autres. Ce processus de travail semble anticiper le recueil d’essais féministe From the Center (1976) de Lucy Lippard, qui voyait dans les Floorpieces une réponse ironique aux plaques métalliques de Carl Andre. En 1977, H. Hammond publie « Feminist Abstract Art: A Political Viewpoint » dans la revue Heresies: A Feminist Publication on Art and Politics, dont elle est l’une des cofondatrices. S’opposant à l’idée d’une spécificité féminine soutenue notamment par Judy Chicago (née en 1939), elle y défend au contraire la possibilité d’une abstraction féministe au contenu politique.
Publication en partenariat avec le Centre Pompidou, dans le cadre de l’exposition Elles font l’abstraction présentée au Centre Pompidou, musée national d’Art moderne, galerie 1, Paris, du 5 mai au 23 août 2021, sous le commissariat de Christine Macel et de Karolina Ziebinska-Lewandowska (pour la photographie), assistées de Laure Chauvelot. Notice tirée du catalogue de l’exposition publié par les éditions du Centre Pompidou © Éditions du Centre Pompidou, 2021