Caplan, Yudit (dir.), Woman with a Camera: Liselotte Grschebina, Germany 1908 – Israel 1994, cat. exp., Ticho House, Jérusalem, (15 octobre 2008 – 6 février 2009) ; Martin-Gropius-Bau, Berlin (5 avril – 28 juin 2009), Jérusalem, The Israel Museum, 2008
Woman with a Camera: Liselotte Grschebina, Germany 1908 – Israel 1994, Ticho House, Jérusalem, 15 octobre 2008 – 6 février 2009 ; Martin-Gropius-Bau, Berlin, 5 avril – 28 juin 2009
Photographe israélienne.
Liselotte Grschebina (également orthographié « Grjebina ») étudie la peinture et le graphisme à l’Académie des beaux-arts de Karlsruhe (BLK, Badische Landeskunstschule Karlsruhe, aujourd’hui Staatliche Akademie der bildenden Künste Karlsruhe). En 1929, elle devient la première professeure de photographie commerciale de l’académie, poste qu’elle occupe jusqu’à son licenciement en 1931, dû à l’absence de demande pour ce cours. En 1932, l’artiste ouvre son propre studio qu’elle baptise Bilfoto, spécialisé dans la photographie d’enfants, mais elle est contrainte de le fermer à l’arrivée des nazis au pouvoir. Ses réalisations de l’époque relèvent, considère-t-on, de la tradition de la République de Weimar, dite de la Nouvelle Objectivité. Le style de L. Grschebina se caractérise par une composition claire et bien définie, portant une attention particulière aux formes et aux structures. Ces photos montrent des angles uniques et des diagonales fortes, recourent à des miroirs et à des reflets, et expérimentent avec l’ombre et la lumière. On observe ce style dans Masken [Masques, vers 1930], où L. Grschebina représente un masque et son reflet dans le miroir, pris depuis un angle inhabituel.
En 1934, la jeune femme épouse le docteur Jacob Grschebin. La même année, les époux émigrent en Palestine et s’installent à Tel Aviv, où L. Grschebina ouvre le studio Ishon [Pupille] avec sa consœur Ellen Rosenberg Auerbach (1906-2004), qui faisait naguère partie du studio photographique berlinois ringl + pit. À la suite du départ d’E. Rosenberg pour Londres en 1936, L. Grschebina lance un studio indépendant. Elle y réalise essentiellement des portraits, dans le style de l’avant-garde allemande, où le sujet est détaché du décor. Elle pratique également la photographie commerciale, dans le style du photomontage alors en vogue. En 1934, elle est nommée photographe officielle de l’Organisation internationale des femmes sionistes (WIZO) et le demeure jusqu’en 1937. En 1939, elle cofonde la Palestine Professional Photographers Association (PPPA, Association des photographes professionnel·les de Palestine), la première organisation de photographes indépendant·e·s du pays. Conformément à l’usage de l’époque, elle expose son œuvre dans un présentoir à côté de son studio ainsi que dans quelques expositions collectives.
Les photographies de L. Grschebina témoignent de l’influence de l’art moderniste sur la photographie palestinienne des années 1930-1940 et constituent un portrait sensible de la société de l’époque. L’artiste prend parfois pour sujet l’architecture et les paysages urbains, mais elle réalise avant tout des portraits, qui vont des représentations délicates de nouveaux et nouvelles immigré·e·s, d’enfants et de gens en train de travailler jusqu’à de puissants portraits d’athlètes, comme ceux figurant dans sa série de 1937 Sports in Israel [Sports en Israël]. Des années 1930 à 1950, elle travaille comme photographe pour différentes organisations, comme les chemins de fer palestiniens, la laiterie Tnuva et des kibboutz.
Sa carrière photographique se poursuit jusqu’à la fin des années 1950. Les raisons de son abandon de la photographie ne sont pas claires, mais nous savons qu’en 1957 elle commence à travailler dans la clinique de son mari, gynécologue. L. Grschebina décède à l’âge de quatre-vingt-six ans. Sa famille a fait don de ses archives au musée d’Israël de Jérusalem, qui a organisé la première exposition institutionnelle de son œuvre en 2008.
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